Le FEQ se défile en anglais!

Le Festival d'été perd-il son âme?

Chansons québécoise et anglobalisation

Le groupe Arcade Fire

Photothèque La Presse
***
Le Festival d'été de Québec (FEQ) nous a mis au parfum de son virage anglophone, en nous présentant sa programmation, cette semaine. Encore une fois, nous aurons droit à de grands spectacles rassembleurs. Mais pour que le menu soit rassembleur, il doit indubitablement être anglophone, avec des artistes d'envergures (sic). Parce que, on dirait, des artistes rassembleurs et d'envergures, il n'y en a plus du côté de la francophonie et surtout pas du côté des artistes du Québec. Mais d'abord et avant tout, les gros noms anglo, ça sera payant et rentable. On a compris le message.
À part l'hommage (mérité) que l'on rendra à Gilles Vigneault et un spectacle franco-québécois en début de festival, on aura droit à des prestations de l'ex-académicien Maxime Landry et de Damien Robitaille. Bonjour la visite, c'est tout! En agissant ainsi, ce festival se défile et s'en lave les mains. Entre autres, en nous démontrant qu'avec son spectacle Les chansons d'abord, on rejoindra un vaste auditoire francophone parce que le tout sera retransmis sur France 3. Bien oui, c'est ça!

Donc, pas de gros noms du côté de la France cette année, à part peut-être Enricos Macias. Certains diront que c'est la faute des FrancoFolie de Montréal, qui attireront tout un lot d'artistes francophones en juin prochain, juste avant la FEQ. Comme s'il n'y avait pas assez d'artistes de la chanson francophone pour compléter équitablement un autre événement musical au Québec, en été. Mon oeil!

En nous présentant avec éclat ses gros noms de la scène anglophone tels les Iron Maiden, Arcade Fire, Black Eyed Peas, et en s'en pétant les bretelles, les organisateurs du Festival d'été manquent cruellement à leur engagement de diffuser équitablement de la chanson d'expression française, manquent cruellement de respect pour les francophone du Québec et nous démontrent que leur festival est avant tout une business, qui doit se rentabiliser avec des shows en anglais. C'est presque gênant à constater. Je demande donc au directeur général de l'événement, Daniel Gélinas, et à son équipe, de se raviser. D'ailleurs, comme la programmation n'est pas encore complétée et que le 10 juillet semble encore disponible, je leur propose de nous annoncer la venue d'un artiste francophone d'envergure. Ainsi, je pardonnerai le FEQ pour sa fixation anglo-saxonne.
***
Yvan Giguère, Saguenay
Fondateur de la Journée de l'Hymne au printemps et concepteur du Concours national de paroliers de langue française
----
Le Festival d'été perd-il son âme?
Olivier Tremblay et Claire Murati
Au début, nous avons cru à une blague ou à un oubli. Ensuite, nous nous sommes demandé si M. Daniel Gélinas — que nous avons adoré pour son apport au 400e et qui nous semble en temps normal crédible et honnête — croyait réellement à ce qu'il disait en affirmant, au sujet du volet francophone de l'événement: «[...] qu'on a voulu jouer des trucs plus forts au lieu de saupoudrer l'offre dans la programmation».
Finalement, nous avons dû conclure que le résultat était bel et bien là: le Festival d'été de Québec (FEQ), dans sa programmation 2010, a (presque) complètement laissé tomber les artistes québécois, d'une part, et francophones, d'autre part. M. Gélinas aura beau prétendre qu'il y a deux gros spectacles sur les Plaines entrant dans cette catégorie (Vigneault et celui célébrant la chanson), la réalité est limpide: sur les autres scènes, on peut compter les artistes québécois ou francophones sur les doigts d'une seule main!
Historiquement, le FEQ a joué un rôle important dans la promotion de la chanson francophone ainsi que dans l'ouverture à de nouveaux genres musicaux et à la musique du monde pour les gens de Québec. Le virage des dernières années, avec hausse du prix du macaron à la clé et un plus grand nombre de «gros noms», ne nous avait pas en soi déplu, car l'équilibre demeurait: chaque année, un lot d'artistes québécois et de toute la Francophonie, de petite à grande envergure, électrisaient toutes les scènes du Festival. De plus, la variété des styles musicaux, bien qu'en décroissance, demeurait. Cette année, hors de Vigneault et d'Arcade Fire, point de salut. Nous adorons le patriarche de la chanson québécoise et le groupe montréalais, mais où sont tous les autres jeunes artistes reconnus et appréciés de la scène musicale québécoise (les Leloup, Moffatt, Vallières, Desjardins, Cowboys Fringants, Patrick Watson, etc.)?
On cherche encore des explications. Est-ce la nouvelle directrice de la programmation qui n'a d'yeux que pour les «gros noms»? Est-ce la mystérieuse entente avec les FrancoFolies qui a eu pour effet, littéralement, de marginaliser le volet francophone du FEQ? Est-ce le désir, incessant, du FEQ de toujours grossir au détriment de ses racines et de l'âme même du Festival (qui a toujours compris une composante importante de musique québécoise et francophone)? Peut-on vraiment en espérer plus des quelques annonces qui restent à faire? Mesdames et messieurs du FEQ, pouvez-vous nous répondre? Ou formulé autrement, do you still care about our culture?
***
Olivier Tremblay et Claire Murati - Québec, le 29 avril 2010


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé