Crise au PQ

L’horreur du vide

2 issues possibles : le PQ perdure sans changement réel jusqu’aux prochaines élections et les gagne de justesse, condamnant tout le monde à tourner en rond pendant encore 5 ou 10 ans ; ou alors il perd les élections et risque un balayage brutal.

Tribune libre

Le PQ craque en deux, le PQ et les militants, on le voit ici sur Vigile. Il y a eu les démissions, ensuite la tentative de faire taire M. Parizeau, comme si ce qui se passe était de sa faute. La suite s’annonce houleuse. Je viens de lire le commentaire de M. Haché au texte de Mme Hébert. Je suis triste parce que notre entêtement à tous risque de provoquer beaucoup d’agressivité dans ces pages. Gardons à l’esprit que nous sommes tous animés par le désir noble de la liberté, ne présumons pas du mauvais chez le militant qui pense le contraire, tâchons de nous respecter, de préserver la dignité de chacun. Pour la suite des choses.
Ceux qui souhaitaient comme moi que le PQ se réveille enfin de sa torpeur ne pouvaient pas imaginer les choses autrement : dans ce parti politique les dissidences formelles s’expriment forcément par des démissions. Il y a maintenant 2 camps bien clairs chez les militants, ceux qui veulent empêcher le changement, les majoritaires, ceux qui veulent sauver les meubles, et il y a ceux qui souhaitent que le parti change réellement. Chez les militants nous sommes minoritaires dans ce camp, mais pas dans la population. Elle le crie depuis 2 mois.
2 camps : ceux du statu quo, qui nous accusent d’être trop pressés à vouloir faire l’indépendance alors que ce sont eux qui sont trop pressés à vouloir prendre le pouvoir. Et ceux qui sont écoeurés de cette fausse représentation, écoeurés de se faire niaiser. Qui acceptent le risque d’échapper le pouvoir la prochaine fois si ça permet l’avènement d’un parti résolument déterminé à faire avancer les choses. Ce qui se passe actuellement est encourageant pour nous. Petite note pour l’autre camp : pas besoin pour le PQ de promettre un référendum, juste agir, construire, prendre position, parler vrai, parler avec cœur et détermination, montrer l’exemple, acquérir un minimum d’esprit nationaliste et cesser de niaiser comme il le fait depuis tant d’années, et cesser d’encourager notre amenuisement national avec des positions absurdes sur la langue, l’immigration, l’éducation, la santé, etc.
Pour les militants comme moi, Mme Marois manque terriblement de jugement, ayant systématiquement fait le contraire du bon sens (quand on est indépendantiste) à pratiquement toutes les occasions qui se sont présentées depuis 4 ans. On en a parlé souvent. Je veux souligner un autre fait récent : Mme Josée Legault, qui sait voir les choses fines, observait qu’en se plaignant que Charest n’impose pas le baillon pour faire passer la loi P204, Mme Marois se trouvait à continuer son emprise sur son parti, c’est-à-dire qu’elle n’est pas sérieuse quand elle nous disait en même temps qu’elle changerait son attitude, au lendemain des démissions. Toutes ces petites choses qui trahissent le personnage.
Je disais le 2 février dernier, dans un commentaire au texte de Nic Payne, « Est-ce qu’on nous prend pour des valises » :
« Devant l’horreur du vide les gens se font des accroires et répètent les mêmes actions. On connait la chanson et on sait qu’elle se termine mal, mais ils vont la chanter en choeur et avec conviction quand même. Et ils vont me mépriser parce que je leur montre le vide qu’ils entretiennent. Et ils vont célébrer les victoires, et ils verront avant le temps des preuves que les choses avancent.
Puis, quand il sera trop tard, quand le party sera terminé, ils verront qu’on n’est pas plus avancé, juste un peu plus désillusionné. Nous n’aurons pas avancé d’un pas, on en sera au même point qu’aujourd’hui, et d’autres se lèveront pour jouer le jeu, mépriser les lucides et entretenir la machine. »
M. Aussant a bien raison de signaler que les « jeunes députés » se sont trompés de destinataire avec leur lettre. Si leurs idées ne sont pas connues du grand public est-ce parce qu’ils ne les expriment pas, est-ce parce que la ligne de parti est trop rigide (ce qui laisse entendre que la ligne du parti est de ne pas parler d’indépendance), est-ce parce que ce qu’ils ont à dire est insignifiant et n’intéresse personne ?
Il me semble n’y avoir que 2 issues possibles : le PQ perdure sans changement réel jusqu’aux prochaines élections et les gagne de justesse, condamnant tout le monde à tourner en rond pendant encore 5 ou 10 ans ; ou alors il perd les élections et risque un balayage brutal. L’autre issue est un renouvellement réel du parti dans les prochains mois, un changement des membres de la direction du parti (j’aimerais bien avoir les noms de ces dirigeants rigides qui se préoccupent plus de la gestion du parti que du sort du pays).


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    13 juin 2011

    Bonne analyse, comme tant d'autres... OUI le vide fait peur à tout le monde... J'ai aussi fait parti de ceux-ci (ces révolutionnaires) à la démission de Jacques Parizeau en 1984, et des autres députés, quand René Lévesque avait proposé de mettre au placard pour 4 ans, l'option souveraineté. Mais j'ai tiré une leçon, Jacques est parti pour mieux revenir, pour revenir plus fort, et nous conduire au référendum qu'on nous a volé en 1995.
    Alors je ne m'emballe pas, je reste patient, j'observe, et je laisse la chance aux coureurs... Le passé est garant de l'avenir.. n'est-ce pas..? Et l'été sera long et bien des choses peuvent survenir. Mais laissons les arriver, sans nous mettre les pieds dans les plats. Mon coeur a tendance à suivre votre courant de pensée, mais ma tête me dit : Attention, n'agissons pas prématurément !
    Nous réactions et jugements extérieurs négatifs et destructifs n'arrangeront rien, il faut du concret, venant de l'interne, du noyau même... et cela discute encore fort...
    Selon moi, cet été en sera un très actif sur le plan politique.
    Michel DION (iiibooo sur twitter)