L'école en otage

Investir en éducation, oui mais...plus tard

Tribune libre

J’écoutais récemment le ministre de l’Éducation, François Blais, déplorer à outrance le vieil argument que nous ont servis ses prédécesseurs à l’effet que les élèves étaient pris en otages dans le conflit qui opposent le gouvernement aux enseignants. Un argumentaire qui sent la manipulation à plein nez et qui démontre encore une fois la carence des arguments du ministre, particulièrement lorsqu’il déclare que les coupures dans le système scolaire n’affecteront pas la qualité des services.

Pourtant, si on ne tient compte que de l’augmentation du nombre d’élèves par groupe, ajoutée aux élèves en difficulté d’apprentissage, une mesure soit dit en passant essentiellement économique, jumelée à un nombre d’heures de présence à l’école accru et ce, à salaire égal, nous obtenons la recette idéale d’un cocktail explosif qui aboutira nécessairement à une démobilisation dramatique du personnel enseignant.

Si nous ajoutons à ces faits l’appui des parents au personnel enseignant [un appui qui était souvent absent lors des derniers conflits] et du personnel de direction des écoles, il m’apparaît évident que c’est toute l’école qui est prise en otage, M. Blais, et je crois que vous devriez ranger votre vieille cassette dans le tiroir et faire preuve d’ouverture devant vos responsabilités qui consistent, entre autres et surtout, à assurer le plein développement des jeunes Québécois.

Investir dans l’éducation, oui mais…plus tard

La nomination de François Blais à titre de ministre de l’Éducation, compte tenu qu’il provenait du monde de l’éducation, m’avait permis de croire qu’enfin, le Québec aurait un ministre sensible à ce merveilleux monde qu’est l’éducation. Toutefois, il faut bien l’admettre, le nouveau ministre, soumis aux contraintes de ses confrères de la haute finance, est vite passé dans le broyeur des coupures, sans coup férir.

Si bien qu’aujourd’hui, malgré les doléances de « tous » les agents de l’éducation, des directions d’écoles au personnel spécialisé en passant par les enseignants et les parents, François Blais ose déclarer qu’il serait «maladroit» de réinvestir dès maintenant dans le soutien aux élèves en difficulté, compte tenu du contexte budgétaire actuel. Le moment serait mal choisi pour refinancer le réseau. L'équilibre budgétaire doit avoir la priorité.

Et plus tard…le gouvernement pourra se permettre de réinvestir dans le réseau de l’éducation. Mais qu’arrive-t-il avec les élèves en difficultés actuels? Question sans réponse… Avouons qu’avec une telle « défense » du ministère que M. Blais représente, ce n’est pas pour demain la veille que les jeunes Québécois pourront compter sur un ministre digne de défendre leurs intérêts.

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Henri Marineau2037 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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1 commentaire

  • Pierre Gouin Répondre

    5 octobre 2015

    Les mensonges d’une propagande
    Les ministres libéraux ne peuvent dire que des bêtises lorsqu’ils ont à justifier leurs coupures, que ce soit dans l’éducation, la présence internationale du Québec, la culture ou ailleurs. Nos derniers gouvernements libéraux sont embarrassés dans leurs mensonges. Ils ont vraiment exploité le thème du déficit à l’extrême. On a admis facilement que les finances publiques devaient être équilibrées. On a accepté sans broncher qu’il fallait donc couper dans les dépenses. Jusqu’à récemment les gouvernements prétendaient même le faire sans affecter les services publics, une fable qui n’a jamais été proche de la réalité.
    Ce qui est bien réel c’est que les déficits sont apparus avec la crise de 2008 parce que pendant dix ans les gouvernements, incluant le fédéral, avaient miné leurs revenus en diminuant les impôts sur le revenu et en multipliant les échappatoires fiscales.
    Le gouvernement du Québec triche aussi ouvertement avec la comptabilité en incluant dans les dépenses annuelles le milliard de dollars en placements qui sont destinés au remboursement de la dette et, aux dires du Vérificateur général, en inventant au besoin quelques milliards de dollars de dépenses. Le gouvernement est tellement convaincu d’avoir les coudées franches qu’il annonce en même temps pour l’an prochain des coupures additionnelles de dépenses publiques et des baisses d’impôt.
    Le virage idéologique libéral qui consiste à assurer que les citoyens qui ont réussi à s’enrichir n’aient pas à financer par leurs impôts des services publics de qualité pour les citoyens moins prospères n’a jamais été débattu en campagne électorale ni approuvé par l’électorat. L’idéologie du chacun pour soi a été introduite sournoisement.
    Cependant, tout Québécois le moindrement informé comprend que la lutte au déficit est un prétexte, une fraude intellectuelle. Pour un citoyen qui mise sur son bon sens, la froideur du Premier ministre lorsqu’il a admis que les coupures affectent les Québécois les plus démunis est suffisamment éclairante. Les ministres libéraux ont toujours coupé sans peine, leur sourire nous dit : mission accomplie.
    Comment expliquer le succès des libéraux, l’élection de Couillard après Charest? Il semble qu’en général les Québécois les plus prospères, qui ont l’écoute des médias et une forte influence sur le citoyen moyen, aient comme priorité leurs baisses d’impôt.
    Si la propagande libérale vise à opérer un transfert de richesse vers les mieux nantis, le choix des coupures et les changements structurels envisagés indiquent qu’elle vise tout autant à affaiblir l’État québécois. Cela explique sans doute la puissance des appuis aux gouvernements libéraux et la hargne qui les anime.