Le Coin du Maso

Kay Bec Kiss Tan

Quebecistan


Des multiples réactions du ROC à la manifestation de Montréal «Pour la paix et la justice au Moyen-Orient», celles de Brigitte Pellerin et de Barbara Kay, se démarquent par le côté mange-Québécois teintant leur venimeuse prose. A n'en point douter, elles sont dignes héritières de Diane Francis, laquelle suite à un référendum qui a failli briser son Canada, avait préconisé de régler la question du Québec par une solution de type israélien de découpage de territoires.
Dans sa chronique [The Rise of Quebecistan->1510], (The National Post, 9 août),* Barbara Kay affirme que la société québécoise mérite cette nouvelle appellation en raison du fait 1- qu'elle possède un lourd passé antisémite; 2 - qu'au temps du FLQ, elle frayait avec le terrorisme; 3 - que c'est devenu à nouveau respectable au Québec d'exprimer de l'appui aux terrorismes; 4 - considération suprême, bientôt, tous les potentiels terroristes de la terre se pointeront vers Montréal et chercheront à intégrer cette société à la fois antisémite et anti-étasunienne.
Mais, est-ce un si vilain mot que ce KayBecKisstan? En son centre, ses deux syllabes ne font-elles pas référence à cette importante manifestation d'amour qu'est le tendre toucher de deux épidermes? Dans les deux langues officielles, s'il-vous-plaît! Dans un presque pays où tant de poètes ont chanté l'amour, la paix, l'ouverture au monde, l'apothéose étant ce magnifique «Quand les hommes vivront d'amour»?
On fredonne ici allégrement cet air, et pourtant Brigitte Pellerin (The Ottawa Citizen, 24 et 31 août) et Barbara Kay martèlent en chœur que le Québec tire un long passé antisémite. Comme bien d'autres dans cette enclave étasunienne qu'a tendance à devenir le ROC par les temps qui courent, elles prennent soin d'occulter le fait que, dès 1832, vingt-sept ans avant le Parlement de Londres, la Chambre d'assemblée reconnaissait la pleine citoyenneté aux Juifs du Bas-Canada.
Kay et Pellerin font leurs les élucubrations d'une Esther Delisle répétant jusqu'à plus-soif que la société québécoise aurait été plus antisémite que les autres dans les décennies trente et quarante. En 1996, l'affaire Jean-Louis Roux donne l'occasion à Irving Abella de détruire le mythe entretenue par la demoiselle. «Dans les années trente, écrivait ce très crédible prof de l'Université York, l'antisémitisme avait atteint les plus hauts échelons de la société canadienne et c'est l'élite du Canada anglais, et non Jean-Louis Roux et ses collègues, qui ont eu plus à y répondre. Après tout, n'est-ce pas les Mackenzie King, Frederick Blair et Vincent Massey qui ont fermé les portes du Canada aux réfugiés juifs, plaçant ainsi le Canada en haut de la liste des pays occidentaux en ce qui concerne le refus de répondre aux appels des réfugiés juifs européens persécutés...» (The Globe and Mail, 21 novembre 1996)
Et Abella d'insister: «...ce n'est pas les défilés dans les rues de Montréal, à l'époque, qui constituaient le véritable crime». Une époque où la SSJB louait le Monument national pour qu'on y joue des pièces en yiddish. Et comment croire que la société québécoise soit si antisémite quand les Louise Harel et André Boisclair sont politiquement incapables de réparer le tort fait à Yves Michaud quand le PQ s'est allié au PLQ et à l'ADQ pour voter à l'Assemblée nationale l'infâme résolution condamnant une anodine conversation tenue dans un salon de coiffure? Et que dire d'un Jean Charest qui a eu l'audace d'exiger que l'État paie cent pour cent des frais d'école privée aux petits enfants juifs alors que nulle part ailleurs qu'en Israël et... au Québec, les parents de ces mêmes enfants ont le privilège de profiter d'écoles confessionnelles quasi-gratuites? Pas mal pour un peuple antisémite!
A la fin de son texte, Kay devient hystérique: «Pensez à ce qui adviendra si le Québec devient un jour indépendant et se détache de politiciens qui connaissent la différence entre la démocratie «and a gang of fanatical exterminationists». Jour 2, il sort le Hezbollah de la liste des groupes terroristes. Jour 3, le monde prendra conscience que l'Islamosphère se sera déplacée et que le Québec est devenu le nouvel Londonistan.»
Avec l'arrêt des hostilités, le monde prend conscience que cette guerre a fait d'Israël le laquais de l'Amérique de George W. Les néo-cons washingtoniens se sont servis d'Olmert pour donner une leçon à l'Iran d'Ahmadinejad. Mal leur en prit. La société israélienne est maintenant et pour longtemps en pleine crise existentielle.
Quant au peuple québécois, il n'aura peut-être maintenant plus à forcer la note sur le brumeux nationalisme civique pour se faire entendre. Et, parce que dans deux grandes manifs contre deux guerres injustifiables et injustifiées, il a su se montrer plus près des damnés de la terre que des puissances oppressives, il pourra dorénavant compter sur «les votes ethniques» à son prochain référendum. Un gros merci ici à mesdames Kay et Pellerin pour leurs précieuses interventions.


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