Hausse des droits de scolarité: une large foule manifeste à Montréal

Grève étudiante - automne 2011



Les organisateurs estiment que plus de 20 000 manifestants sont présents.
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir


La Presse canadienne - Des milliers d’étudiants ont manifesté aujourd'hui après-midi au centre-ville de Montréal pour dénoncer la hausse des droits de scolarité universitaires annoncée par le gouvernement Charest.
Selon la Fédération étudiante universitaire du Québec, il s’agit de l’une des plus importantes manifestations étudiantes jamais vue dans la province. On évalue la foule à environ 12 000 personnes.
Lorsque les étudiants sont arrivés sur la rue McGill College devant les bureaux montréalais du premier ministre Jean Charest, la police n’a pu les empêcher d’envahir la rue Sherbrooke, qu’ils bloquent désormais à la circulation automobile, ce qui rend les policiers plus nerveux.
Vers 17 h, les manifestants commençaient à se disperser ou à rejoindre leur autobus pour regagner leur région. Tout au long de l’après-midi, les étudiants ont dansé et scandé des slogans sans répit, dont plusieurs directement adressés au premier ministre Jean Charest — «Charest salaud, on aura ta peau!». Des haut-parleurs placés sur un camion qui ouvrait la marche faisaient retentir des chansons de protestation dont «Libérez-nous des libéraux» de Loco Locass.
Les milliers de manifestants s’étaient d’abord rassemblés à la place Émilie-Gamelin, alors que les parapluies se mêlaient aux pancartes qui dénonçaient la décision du gouvernement Charest. Malgré la pluie, les jeunes débordaient d’enthousiasme et ont accueilli sous les applaudissements — et faisant retentir leurs instruments de musique — le début des discours des représentants étudiants, qui ont précédé le début de la marche.
Les étudiants ont entrepris leur défilé vers 14 h 45 sur la rue Berri, alors que les policiers de l’unité antiémeute les escortaient, tout en demeurant discrets.
En matinée, des dizaines d’autobus avaient convergé vers la métropole. Les organisateurs espéraient que des dizaines de milliers d’étudiants des universités et des cégeps de partout au Québec répondraient à l’appel.
Plus de 200 000 étudiants sont en grève ou en «levée de cours» aujourd'hui pour participer à la grande marche, ont rappelé les organisateurs. Il s’agit de près de la moitié des étudiants de niveau post-secondaire dans la province.
Les centrales syndicales québécoises ont déjà indiqué qu’elles appuieront les étudiants. Des membres de la Centrale des syndicats du Québec, notamment, devaient d’ailleurs marcher à leurs côtés.
La hausse prévue pour l’inscription à l’université est de 1625 $ sur cinq ans — ou 325 $ par année —, portant la facture à 3793 $ en 2016. Il s’agit d’une croissance de 75 pour cent en cinq ans.
Cette augmentation aura des conséquences négatives sur l’accès aux études, dénoncent les étudiants. «L’accès à l’éducation est un droit et, à ce titre, il ne devrait pas être réservé à ceux et celles qui pourront payer», a dénoncé Keena Grégoire, de la faculté des arts de l’UQAM, dans un communiqué.
Les étudiants espèrent toujours que Jean Charest fera marche arrière. Mais celui-ci a fermement indiqué, hier, qu’il entendait maintenir le cap. Le gouvernement soutient que les droits de scolarité au Québec sont les plus bas au pays. La hausse est nécessaire, selon le gouvernement, pour assurer un enseignement de qualité.
Le Parti québécois s’est opposé à la décision du gouvernement libéral, en soutenant que l’augmentation découragera les étudiants à poursuivre leurs études et alourdira le fardeau financier des parents.
Des députés péquistes devaient d’ailleurs prendre part à la marche, tout comme Françoise David et Amir Khadir, les deux coporte-parole de Québec solidaire.
Quant à la Conférence des recteurs et principaux des universités du Québec (CREPUQ), elle estime que tous ceux qui bénéficient de l’éducation devraient y contribuer — la société, mais aussi les étudiants.
«On considère que cette hausse annoncée est raisonnable, et on a toujours soutenu qu’il fallait qu’il y ait une bonification des programmes de prêts et bourses au même moment qu’une hausse, et cela a également été annoncé», a indiqué jeudi matin le président-directeur général de la CREPUQ, Daniel Zizian.
Il affirme que tous les étudiants boursiers actuels ne seront pas touchés par la hausse, parce que leur bourse sera augmentée en conséquence. Selon lui, sans cette augmentation des droits, le financement des universités sera à risque. Cette position est partagée par plusieurs associations patronales.
Mais les étudiants pourront compter sur l’appui des professeurs de l’UQAM. Réunis en conseil syndical, ils ont voté hier une résolution à l’unanimité contre la hausse des droits de scolarité, et ont incité les professeurs de l’UQAM à participer massivement à la manifestation.


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