À la mémoire de Michel Legrand 

Félix Leclerc et Michel Legrand : Des disparus plus vrais que vrais

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Tribune libre

 



Paris, Le Monde du 26 janvier 2019 

 



« Croyez-le ou non, c’est l’audition du premier long jeu de Félix Leclerc [un « 78 tours » de 1950] qui m’a orienté vers la chanson définitivement. » // Jacques Brel


 

Admirateur de l’oeuvre musicale de Michel Legrand depuis l’enfance, et l’adolescence (j’ai l’âge de ses premiers enfants), j’ai été impressionné par la qualité (et la richesse) de ce texte paru, ce jour-même, dans Le Monde

Mais quelle ne fut pas ma surprise — à la lumière des innombrables grands noms du milieu auxquels le quotidien de feu Hubert Beuve-Méry fait référence, et qui auront croisé la route du grand Legrand pendant quelque soixante-dix ans (Nadia Boulanger comprise !), et souvent, très souvent, pour générer rien moins que des collaborations mémorables, sinon parfois quasi-géniales (plusieurs de ses musiques de film, en particulier, resteront sans doute à tout jamais dans les mémoires) — de constater l’absence de la mention de l’association, que je qualifierais de mythique, avec un autre « monstre sacré » de la chanson d’expression française. 

À une époque où le compositeur des Moulins de mon coeur à venir n’était pas, ou très peu, connu — alors que l’auteur de Notre sentier (chanson bien dissimulée dans ses tiroirs dès 1937 !) et de Moi, mes souliers (Grand Prix du Disque de l’Académie Charles-Cros en 1951) connaissait un succès phénoménal dans la France de la « défunte » 4e République —, le Québécois Félix Leclerc (1914-1988), puisque c’est de lui dont je parle (bien que « les moins de vingt ans… »), demanda à son (déjà) ami Michel Legrand de l’accompagner au piano (et tout ceci, on s’en souviendra, sous la haute vigilance de Jacques Canetti) à la faveur de représentations publiques en sol français. 

La collaboration entre les deux hommes connut son sommet dans l’album Le roi heureux * (1962), alors que Michel Legrand y dirigeait l’orchestre d’accompagnement après avoir conçu les arrangements musicaux des compositions de Félix. 

Gens du Monde, vous m’accorderez que ce n’est pas rien. 

Cela dit, pour votre défense je préciserai que les médias d’ici, au Québec, Patrie de Gilles Vigneault toujours orpheline du Pays déjà naguère farouchement espéré par Félix, n’auront pas fait mieux à cet égard. 

En terminant, une douloureuse mais sincère pensée s’envole par delà les Atlantique vers les quatre enfants de l’Artiste. Mais également pour dame Macha Méril, son ultime compagne - comédienne dont j’ai toujours grandement apprécié le jeu. Et l’attachante personnalité. 

 

Jean-Luc Gouin / depuis Québec, ce 26 janvier 2019 

Oeuvre qui incidemment donna plus tard le titre à l’ouvrage de l’auteur-compositeur-interprète-instrumentiste nantais (et de talent) Jacques Bertin - captivante biographie de Félix Leclerc parue dans les octantines. 

 

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Jean-Luc Gouin94 articles

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Chambrelan du verbe et indocile citoyen de la Cité (les dossiers de la Francité et de la « Question » nationale du Québec l’occupent – et le préoccupent – tout particulièrement), mais également docteur en philosophie diplômé de l'Université Laval et spécialiste nord-américain du penseur allemand Hegel, JLG a publié ouvrages et maint article portant pour la plupart sur celui-ci.



Hegel. De la Logophonie comme chant du signe, son dernier opus, fruit de trente ans de recherche, a été publié simultanément, en 2018, et aux PUL, à Québec, et chez Hermann à Paris.

 

Textes « citoyens » choisis de Jean-Luc GOUIN ( 1995-2018 )

( parmi quelques centaines, qui hélas ne vieillissent pas )

 

•• Les Bilinguistes. Grands sorciers des langues phagocytaires

•• Débat sur la langue dans le quotidien Le Devoir (Été de 1998)

•• Qui sort, digne ! Franchir le miroir de notre schizophrénie collective

•• Le Franc Pays. Québécois ou Québec coi ? (+ de 20 ans plus tard, rien n’a changé...)

•• Le Lys dans le lisier (Ou pourquoi l’Indépendance du Québec, en quelques mots)

•• Aux larmes citoyens ! (anthropoème en hommage à Gaston Miron)

•• Philippe Couillard : Le Philippe Pétain de notre temps (Lettre à mon premier sous - ministre)

•• Autres espaces de réflexion (Société, Culture, Politique... dont : Ouvrez le Feu ! , Liquider pour argent liquide , Halloween. Plaie ou plaisir de l’enfance ? , Interdit de ne pas fumer ! ...) 

•• De l’humain travesti en divin (modeste contribution au projet d’une Charte de la laïcité)

•• Précis sur la malhonnêteté intellectuelle (aussi nommée mauvaise foi)

•• L’Homme Prométhée (une forme de « CQFD » irrésistible aux textes qui précèdent...?)

 

 





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