Effondrement du viaduc du Souvenir

Une enquête qui suscite des questions

Béton-tombe...

Le 18 juin 2000, à 10 h 45, une voiture est écrasée par une poutre de 65 tonnes. Bilan de la tragédie : 1 mort et 2 blessés graves. Deux heures après le drame, l'enquête est confiée à la police municipale de Laval et non pas à la Sûreté du Québec (SQ) qui avait pourtant juridiction sur l'autoroute.

L'une des raisons avancées pour expliquer ce transfert est que, à ce moment-là, les policiers de la SQ avaient lancé des moyens de pression.

Le sergent à la retraite Neil Major, qui était à l'époque l'un des responsables des autoroutes à la SQ, déclare aujourd'hui que la décision de transférer l'enquête à la police de Laval était injustifiée.

« Ça [les moyens de pression] n'affectait aucunement l'efficacité des policiers, puisqu'ils ne boycottaient pas les enquêtes, ne refusaient pas de faire du temps supplémentaire », a-t-il déclaré à l'équipe d'Enquête.

Un porte-parole actuel de la SQ, Michel Brunet, ne contredit pas Neil Major. « En aucun temps, ça pouvait empêcher la tenue d'une enquête », a-t-il expliqué à Radio-Canada.

Neil Major va plus loin, puisqu'il affirme aussi que la police de Laval était mal placée pour enquêter sur cette tragédie.

« Étant donné que c'était des travaux qui étaient effectués par la ville de Laval comme maître d'oeuvre, moi en tout cas, je vois difficilement qu'ils n'auraient pas pu donner ça, question d'être en toute transparence, à un autre corps de police », estime-t-il.

Ces interrogations surviennent peu de temps après qu'un ex-enquêteur de la Commission de la construction du Québec (CCQ) a déclaré à Radio-Canada qu'il avait découvert des milliers d'heures de travail au noir et des travailleurs sans carte de compétence sur le chantier. Il a aussi déclaré que la CCQ lui avait demandé de ne pas sévir.

L'ex-lieutenant détective qui a dirigé l'enquête pour la police de Laval, Marc Demers, se dit indigné par les déclarations de cet ancien enquêteur de la CCQ.

« Que des citoyens ne transmettent pas des informations qui peuvent être déterminantes lorsqu'une personne est décédée et des gens gravement blessés, je trouve ça grave. Mais quand c'est une organisation en autorité paragouvernementale, je trouve ça encore plus grave », a expliqué M. Demers à Radio-Canada.

Officiellement, c'est d'un commun accord que l'enquête a été transférée à la police de Laval.

Cela n'a pas empêché Laval de poursuivre la SQ pour 1 million de dollars afin de se faire rembourser les frais de son enquête. Une entente aurait permis, selon les sources consultées par les journalistes de l'émission Enquête, de couper la facture en deux.

Le directeur de la police de Laval assure que l'enquête a été faite selon les règles de l'art, mais n'a pas voulu faire de commentaires devant la caméra.

D'après un reportage d'Alain Gravel


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