Un référendum, s.v.p.

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Le Canada est un État pétrolier

La politique est l’art du possible. Quand vient le temps de trancher sur un dossier polarisant, faire consensus est toutefois impossible. En nationalisant le projet controversé d’expansion de l’oléoduc Trans Mountain, de la firme américaine Kinder Morgan, Justin Trudeau a tranché.


Au risque de perdre son auréole de premier ministre « vert », il choisit d’accélérer la production de l’or noir albertain issu des très polluants sables bitumineux. Ça lui coûtera des appuis. L’opinion publique étant divisée, la seule inconnue est : combien.


Nouveaux marchés


Le fédéral injectera 4,5 milliards $ en fonds publics dans un projet contesté devant les tribunaux par la Colombie-Britannique. Un projet dont le coût final pourrait dépasser les 7 milliards. Ce faisant, M. Trudeau sauvera des milliers d’emplois. L’Alberta soufflera sur le plan financier. De nouveaux marchés s’ouvriront au pétrole canadien.


Le Canada, qu’on le veuille ou non, est un État pétrolier. M. Trudeau le comprend fort bien. Le puissant lobby pétrolier peut dormir tranquille.


Sur le plan politique, la leçon est claire. Justin Trudeau pratique le fédéralisme à sens unique. Dès que l’« intérêt national » est en jeu, les provinces ne sont plus que de vulgaires obstacles à neutraliser. Philippe Couillard, on s’en doutait, n’y trouve rien à redire.


Unilatéral


Si notre fédéralisme était aussi décentralisé qu’on nous le chante, un projet de cette ampleur et dont les effets négatifs sur l’environnement sont prévisibles mériterait un référendum pancanadien. Or, il n’y aura pas de référendum.


À l’opposé, en 1962, le premier ministre du Québec, Jean Lesage, déclenchait carrément une élection pour solliciter le mandat de nationaliser l’électricité, une énergie pourtant propre. Autres temps, autres mœurs, autre palier de gouvernement, autre vision de la démocratie.


Comme sous son père, le réflexe unilatéral domine le processus décisionnel de Justin Trudeau. Du père au fils, le Québec y goûte depuis longtemps. C’est au tour de la Colombie-Britannique d’en prendre pour son rhume. Nos plus sincères sympathies...