Stratégie problématique : entre désarroi et dispersion

Un processus transparent

PQ - gouvernance nationale<br>Conseil national 14-15 et 16 mars

Pour être prête à toute éventualité électorale, la nouvelle chef du Parti québécois est déjà en train de préparer son prochain programme électoral. Il sera débattu en conseil national à la mi-mars. Sera alors abordée l'idée d'un référendum d'initiative populaire sur la souveraineté que promeut le groupe SPQ libre. Un projet qui mérite d'être examiné.

Le passage hier au Devoir pour une rencontre éditoriale, Pauline Marois n'a pas rejeté cette idée de laisser aux électeurs le pouvoir d'appeler un référendum sur la souveraineté au moyen d'une pétition appuyée par un pourcentage significatif de Québécois. Elle s'y rallierait si son parti adoptait cette voie, mais elle préfère de beaucoup se garder le privilège de déclencher un référendum.
Dans le système politique qui est le nôtre, faire appel au peuple, que ce soit pour des élections ou pour un référendum, est la prérogative du gouvernement qui garde ainsi un certain contrôle sur des événements où se joue potentiellement son avenir. Ce n'est pas sans raison que, lorsqu'ils sont au pouvoir, les partis politiques sont si peu réceptifs à l'idée d'élections à dates fixes.
Tiède à l'idée de s'embarquer dans un débat sur le référendum par initiative populaire, la chef péquiste rappelle que, d'entrée de jeu, en accédant à la direction de son parti, elle a voulu mettre de côté le sempiternel débat sur la mécanique référendaire pour se consacrer au travail de conviction des Québécois. Elle craint de le rouvrir. Elle doit toutefois savoir que si ce ne sont pas ses militants, ce sont ses adversaires qui la forceront à y revenir, car «sa» mécanique référendaire est mal définie et sera l'objet de critiques incessantes.
Que nous dit à cet égard la chef péquiste? Tout d'abord, qu'il n'y a pas de la part des Québécois d'appétit en ce moment pour la tenue d'un référendum sur la souveraineté, ce qui l'amène à proposer une gouvernance souverainiste qui a tous les attributs d'un programme d'affirmation nationale. Puis elle précise qu'elle ne «ferme pas la porte» à un référendum si la conjoncture le permettait. Autrement dit, un référendum si sont réunies les «conditions gagnantes» selon la formule désormais honnie du vocabulaire péquiste. Bref, plutôt qu'un référendum «le plus tôt possible» au cours d'un prochain mandat, comme le stipule le programme actuellement, ce sera un référendum peut-être. Même si Mme Marois assure qu'elle ne prendra personne au dépourvu, cela nous éloigne de l'exigence de clarté à laquelle le Parti québécois avait accepté de se plier en exprimant sans détour la démarche qui conduirait à la souveraineté.
La mécanique référendaire peut paraître un sujet oiseux. Les débats des dernières années entre factions souverainistes ont conduit le Parti québécois dans des chemins de traverse où Mme Marois ne veut plus aller se perdre. Le fait de constater les effets négatifs de ces débats sur l'esprit des électeurs ne la dispense pas pour autant d'adopter une position bien définie.
L'avantage de la formule d'un référendum d'initiative populaire est de poser clairement les balises. Devenue première ministre, Pauline Marois ne pourrait prendre personne de court, car elle aurait l'obligation de démontrer que la tenue d'un référendum répond à une volonté populaire. Réunir 500 000 ou 750 000 signatures, selon le seuil qui serait fixé, le démontrerait. Personne ne pourrait alors contester la légitimité de l'exercice, d'autant que les opposants à un référendum auraient l'occasion de faire connaître leur point de vue.
Cette idée d'un référendum d'initiative populaire a déjà été rejetée par le Parti québécois il y a quelques années. Elle vaut la peine d'être réactualisée. Certes, la démarche à suivre serait exigeante. Certains souverainistes pressés y verront probablement un obstacle de plus sur la voie de la souveraineté. D'autres, une occasion de mobilisation préparatoire au référendum. Chose certaine, elle aurait par ailleurs le mérite de la transparence.
bdescoteaux@ledevoir.com


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