Rencontre déterminante entre Obama et Nétanyahou à la Maison-Blanche

« La question palestinienne est au centre de l'instabilité au Moyen-Orient »

Netanyahu aux USA - mai 2011



Le président américain Barack Obama croit que le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou ne sera jamais disposé à faire les concessions nécessaires pour parvenir à un accord de paix israélo-palestinienne, affirme vendredi le New York Times.

Le président Obama lors d'une rencontre avec le premier ministre israélien Nétanyahou l'année passée.
Photo: AFP/Saul Loeb


Le quotidien américain soutient que le président a fait part de cette conclusion à des assistants et à des alliés.
Ces propos sont rapportés au lendemain du discours du président Obama sur la politique étrangère américaine au Moyen-Orient, dans lequel il a annoncé que son administration soutenait un accord de paix israélo-palestinien fondé sur les frontières en vigueur dans la région en 1967.
Ils sont publiés à quelques heures de la visite de M. Nétanyahou à la Maison-Blanche. Le premier ministre israélien doit y être reçu vers 11 h par le président Obama. Les deux hommes doivent donner un point de presse à 12 h 05, avant de dîner ensemble.
Les relations entre MM. Obama et Nétanyahou sont réputées mauvaises. Au printemps 2010, la Maison-Blanche avait réagi avec colère après que M. Nétanyahou, alors en sol américain, eut affirmé : « Jérusalem n'est pas une colonie, c'est notre capitale ».
La déclaration avait été faite alors même que l'administration lui demandait de geler tout projet de construction dans les territoires palestiniens occupés.
Reçu à la Maison-Blanche peu après, le premier ministre Nétanyahou n'avait pas eu droit aux égards habituels. La Maison-Blanche avait refusé que les deux hommes soient photographiés ensemble dans le Bureau ovale. Il a même été rapporté que le président Obama y avait laissé réfléchir le premier ministre israélien pendant qu'il allait manger avec sa famille.
Une course pour parler en premier
Selon le New York Times, le discours du président Obama a été programmé pour jeudi pour que le président puisse annoncer ses couleurs avant M. Nétanyahou.
Ce dernier entreprend vendredi une journée de cinq jours aux États-Unis. Il doit parler au principal congrès juif, l'AIPAC, lundi, et s'adresser au Congrès américain mardi. M. Obama devancera aussi M. Nétanyahou à l'AIPAC, où il prendra la parole dimanche.
Le quotidien rapporte que M. Nétanyahou a requis la permission de s'adresser au Congrès, où il a de fidèles alliés au sein de la majorité républicaine, dès qu'il a su que le président Obama allait prononcer un discours dans lequel il allait faire de nouvelles propositions pour le processus de paix.
Craignant de se faire coincer, la Maison-Blanche s'est assurée que le président Obama parlera en premier, admettent des responsables de l'administration.
Toujours selon le Times, le premier ministre israélien a appelé la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, jeudi matin, avant le discours du président pour lui faire part de sa colère au sujet de la proposition américaine. Le quotidien soutient que le premier ministre était furieux au bout du fil.
Une nouvelle approche américaine
Le respect des frontières en vigueur avant la guerre des Six Jours, en 1967, obligerait Israël à rétrocéder la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est aux Palestiniens, et le plateau du Golan à la Syrie. Le président n'a cependant pas exclu que les deux parties s'entendent sur des échanges de territoire.
L'ambassadeur israélien à Washington Michael B. Oren admet que la nouvelle approche du président s'éloigne de la position traditionnelle défendue par le gouvernement américain depuis 1967. « Le premier ministre israélien en discutera avec le président », a-t-il dit.
La proposition du président Obama a été rejetée d'emblée par M. Nétanyahou. Dans un communiqué publié quelques minutes à peine après que le président Obama eut terminé son discours au département d'État, le premier ministre israélien a déclaré par voie de communiqué que les frontières de 1967 étaient « indéfendables ».
M. Nétanyahu a aussi exprimé l'espoir qu'Obama « réaffirme des engagements » américains de 2004, lorsque les deux chambres du Congrès avaient appuyé l'idée qu'Israël « n'aurait pas à se retirer aux lignes indéfendables de juin 1967 ».
Les dernières négociations directes entre Palestiniens et Israéliens se sont retrouvées au point mort en septembre 2010, lorsqu'Israël a refusé de prolonger un moratoire sur la construction de logements dans les territoires palestiniens occupés, et notamment à Jérusalem-Est.
Ce moratoire était une condition non négociable pour la poursuite des discussions fixée par l'Autorité palestinienne qui revendique ces terres.
Ironie du sort, une commission de planification israélienne a autorisé jeudi la construction de 1550 logements à Pisgat Zeev et à Har Homa, deux quartiers de Jérusalem qu'Israël a annexés après la guerre des Six Jours en 1967. Le projet doit encore recevoir d'autres approbations.
Saëb Erekat, proche collaborateur du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, conclut que « le gouvernement israélien est résolu à saper et saboter » le processus de paix.
Le Quartette pour la paix appuie Obama
Le Quartette pour la paix au Proche-Orient, composé des États-Unis, de la Russie, de l'Union européenne et des Nations unies, a pour sa part fait savoir qu'il se range derrière Barack Obama. Il dit soutenir « énergiquement » les opinions exprimées la veille par le président américain.
« Le Quartette convient que des progrès sur les questions de territoire et de sécurité fourniront un socle à partir duquel Israéliens et Palestiniens parviendront à un règlement final du conflit via des négociations sérieuses et substantielles et un accord réciproque sur toutes les questions essentielles », écrit le groupe dans un communiqué.
Le secrétaire général sortant de la Ligue arabe, Amr Moussa, a quant à lui « appelé les Etats-Unis à construire sur le discours d'Obama et à s'efforcer dans les semaines et mois à venir de s'activer pour la création d'un Etat palestinien indépendant sur les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale », selon un communiqué de l'organisation panarabe.
« La question palestinienne est au centre de l'instabilité au Moyen-Orient », a-t-il ajouté.
Radio-Canada.ca avec Agence France Presse et Reuters


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