Contrairement à nombre de mes confrères, j’estime qu’il faut remercier des gens comme Arjun Singh, 22 ans, lui-même fraîchement diplômé en sciences politiques de l’Université de Toronto, qui prône l’abolition du concept des deux peuples fondateurs du Canada.
Merci au Toronto Sun d’avoir publié le texte de ce Néo-Canadien d’origine indienne qui, à l’évidence, a un grand avenir devant lui. Car en expliquant que le concept exclut les minorités ethniques incapables d’apprendre « l’autre langue officielle », il prétend qu’elles sont de facto prises dans une logique colonialiste. Ces minorités seraient ainsi privées des postes dans les secteurs public et privé.
Si nous, les Québécois de souche, avions un minimum de lucidité face à l’ignorance réelle des Néo-Canadiens qui débarquent chez nous sans aucune idée de l’histoire du Canada, ce qui explique leur incompréhension de notre existence en tant que francophones en terre d’Amérique, nous cesserions de crier au scandale.
CARENCÉS AFFECTIFS
Nous mettrions également fin au complexe plus émotionnel que rationnel qui nous empoisonne la vie, à savoir cette intolérance à supporter toute critique de notre affirmation comme peuple distinct. Pour parler brutalement, cessons d’être des carencés affectifs à la recherche d’amour chez nos adversaires canadiens-anglais qui nous empêchent de profiter de leur merveilleuse culture « coast to coast ».
Ne jouons plus aux naïfs lorsque tombent des dépêches comme celle de cette semaine qui nous informait de l’absence de francophones au nouveau conseil d’administration du CN. Précisons que ce n’est pas d’hier que le CN, aujourd’hui dirigé par une unilingue américaine, néanmoins charmante et compétente, oublie de nommer des francophones. Au début des années soixante, le président du CN avait dit que l’absence de francophones au sein du conseil était due au fait qu’aucun Tremblay ni aucun Bouchard n’avaient la compétence requise pour y siéger.
Bien sûr, cette fois-ci, en moins de quarante-huit heures, on aura déniché deux francos dont on connaîtra les noms. Et bien évidemment, la PDG est en train d’apprendre le français. Comme si l’apprentissage de cette langue difficile, si l’on veut user de nuances, se faisait en criant ciseaux !
Il faut cesser de se laisser définir par les autres. Surtout si ces derniers tiennent un discours de circonstance.
LA PEUR SÉCULAIRE
Les Québécois francophones pratiquent un type de naïveté qui s’apparente davantage à la peur de déplaire ou au risque de perdre en ignorant à vrai dire ce que cette perte impliquerait.
Historiquement, nous avons dit deux fois non par peur, faut-il le rappeler.
L’appui actuel des francophones à la CAQ s’explique aussi par le double jeu de François Legault, si canadien-français au sens ancien du terme. Il a tiré les conséquences du non, mais il tente avec habileté de tirer le maximum d’avantages dans le Canada de Trudeau, l’acteur doué pour les rôles de composition.
Rassurons-nous et gardons en tête et dans le cœur que nos racines font encore vibrer le sol de notre terre ancestrale.