Lettre au premier ministre Jean Charest

Manifeste pour la sauvegarde du patrimoine religieux du Québec

Patrimoine Québec


Collectif d'auteurs - Nous, citoyens du Québec de divers horizons, vous écrivons et prenons la parole aujourd'hui afin de demander votre intervention immédiate relativement à la sauvegarde du patrimoine religieux du Québec.
En effet, la situation est des plus urgentes. Il est minuit et quart. Le cas de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus de Montréal en est l'illustration la plus éloquente, et il est désormais certain que plusieurs autres suivront à brève échéance. Il est vrai que le gouvernement du Québec a investi, depuis les vingt dernières années, plusieurs centaines de millions de dollars des contribuables dans la préservation de ce patrimoine bâti. Cependant, ces interventions, ponctuelles et à la carte, ne sont pas inscrites dans le cadre d'une véritable politique d'ensemble qui soit cohérente.
Et c'est là tout le problème, car à quoi bon continuer d'investir de la sorte, si cinq ans après l'octroi d'une subvention, l'Église peut unilatéralement décider de se réapproprier ce patrimoine et d'en disposer à sa guise!
Des gestes nécessaires
Considérant la valeur historique et culturelle que représente notre patrimoine religieux pour la nation québécoise, nous vous demandons, Monsieur le Premier Ministre, ainsi qu'au gouvernement du Québec, de poser les gestes suivants:
- imposer un moratoire sur la vente, le changement de vocation ou toute autre disposition des lieux de culte du Québec pour une période d'un an;
- former un comité d'experts chargé de compléter l'inventaire de ce patrimoine religieux, y compris le patrimoine organistique, afin d'identifier les églises qu'il faudrait impérativement conserver; faire des recommandations à ce sujet, afin de séparer le bon grain de l'ivraie, d'ici la fin de l'année 2010;
- parmi les critères devant présider à l'établissement des lieux à conserver, que l'orgue et la riche tradition musicale qu'il représente soit un critère prépondérant;
- qu'aux fins d'un classement patrimonial, l'époque de construction des églises et des instruments ne soit pas limitée dans le temps et à la seule facture d'ici. Par exemple, les trois orgues construites par le facteur allemand Rudolf von Beckerath, installées à Montréal à la Queen Mary United Church, à l'oratoire Saint-Joseph et à l'église de l'Immaculée-Conception, de 1959 à 1961, ont une importance historique indéniable dans l'évolution de notre facture et de notre école d'orgue et, à ce titre, méritent tout autant d'être conservées que des instruments plus anciens, fabriqués par des facteurs d'ici;
- décréter, à la suite des recommandations du comité d'experts, que seuls les plus beaux lieux soient nationalisés par le gouvernement du Québec à titre de patrimoine collectif de tous les Québécois;
- circonscrire les subventions gouvernementales aux lieux patrimoniaux nationalisés;
- demander aux Églises des diverses confessions présentes sur le territoire du Québec de privilégier l'exercice du culte dans ces plus beaux lieux patrimoniaux et de vendre les autres, moins importants, afin de financer l'entretien du patrimoine nationalisé, le produit de cette vente devant être versé à un fonds du Conseil du patrimoine religieux administré par l'État québécois;
- doter le Québec d'une véritable politique du patrimoine culturel, y compris du patrimoine religieux, afin d'en assurer la pérennité, la constante évolution et la mise en valeur, en s'assurant notamment que les artisans et musiciens, dont les organistes, soient associés à l'élaboration de cette politique;
- enfin, pourvoir immédiatement aux besoins urgents que nécessitent la préservation et la réouverture de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus de Montréal.
Monsieur le Premier Ministre, dans l'intérêt supérieur des Québécois, nous vous demandons d'avoir le courage visionnaire de poser ces gestes. Vous serez alors l'auteur d'un legs d'une valeur inestimable pour vos concitoyens et pour les générations futures. C'est une page d'histoire qu'il vous appartient d'écrire et qui s'inscrit fort bien dans le sens de notre devise, «Je me souviens», a fortiori à la veille de célébrer la Fête nationale de tous les Québécois.
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Ont signé ce texte: Antoine Leduc, Daniel Turp, Gaston Arel, Hubert Bolduc-Cloutier, Denis Bonenfant, Olivier Brault, Jean-François Cailhier, Sylvain Caron, Marc Chevrier, Marcel Collet, Paul-André Crépeau, Michelle Cumyn, Raymond Daveluy, Marc-André Doran, Hélène Dorion, Élise Fournier, Jean Gagné, Élisabeth Gallat-Morin, Christophe Gauthier, Réal Gauthier, Marc Hervieux, Daniel Jacques, Denis Juget, Suzanne Joubert, Bartha Maria Knoppers, Éric Lagacé, Jean-Paul L'Allier, Jean-Louis Lalonde, Christiane Lampron, Rachel Laurin, Guy Lefebvre, Lucienne L'Heureux-Arel, Danièle Letocha, Denyse Marc-Aurèle, Guy Marchand, Paul Meunier, Jacques-Yvan Morin, Francine Nguyen-Savaria, Hélène Panneton, Andrée Parent, Isabelle Peretz, Réjean Poirier, Marc Renault, Jean-Simon Robert-Ouimet, Camille Rondeau, Monique Rondeau, Stéphane Rousseau, Mathieu Robert-Sauvé, Robert Saint-Jean, André Simoneau, Geneviève Soly, Guy Soucie, Madeleine Sauvé, Nicole Thomas-Crépeau, Hellmuth Wolff.
Le texte du manifeste et la liste des 55 premiers signataires sont disponibles à l'adresse [www.danielturpqc.org->www.danielturpqc.org].


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