Le PLQ talonné par ses rivaux

Québec 2007 - Sondages



À deux semaines des élections, la partie se corse pour les libéraux de Jean Charest alors que l'ADQ poursuit la remontée spectaculaire qu'il a amorcée le mois dernier.
Le Parti québécois reste deuxième mais perd des plumes dans cette course à trois, «la plus serrée de mémoire de sondeur», dont il devient de plus en plus difficile de prédire l'issue.
C'est la photo étonnante de la position des trois principaux partis que présente la maison CROP dans sa dernière enquête, réalisée pour La Presse du 1er au 8 mars. Mené auprès de 1000 répondants, le coup de sonde est précis à plus ou moins trois points de pourcentage, 19 fois sur 20.
Selon l'enquête, si des élections avaient eu lieu cette semaine, les libéraux auraient obtenu 33 % des voix, le Parti québécois 29 % et l'ADQ 26 %, une fois les 11 % d'indécis répartis selon leur choix à la question référendaire (répartition CROP). Québec solidaire et le Parti vert récoltent chacun 6 %.
Par rapport à la mi-février, les libéraux perdent ainsi deux points et le PQ, trois. Mais pour l'ADQ, il s'agit d'une montée vertigineuse de huit points. Tous les voyants sont d'ailleurs au vert sur le tableau de bord de Mario Dumont; son parti passe de 22 à 31 % d'appuis chez les francophones et de 21 à 35 % en région. Sa campagne électorale est clairement perçue comme la meilleure, et Mario Dumont talonne même désormais Jean Charest comme le chef le plus apte à gouverner le Québec. Seul bémol pour l'adéquiste : son équipe de candidats, encore perçue comme la plus faible, est toujours son talon d'Achille.
Seulement 10 % des répondants estiment qu'il est le chef le mieux entouré - c'est tout de même deux fois plus qu'en février. Devant lui, les équipes libérale et péquiste font grosso modo le même score qu'il y a un mois : 38 % et 22 %.
Prudence
Pour Claude Gauthier, l'expert de CROP, bien que 69 % des Québécois pensent que les libéraux seront reportés au pouvoir (une hausse de huit points sur le mois passé), l'écart qui s'est subitement rétréci entre les partis invite à beaucoup de prudence.
Entre le PLQ, qui mène, et l'ADQ, qui ferme la marche, l'écart est passé de 17 à 7 % en moins d'un mois - et le PQ est toujours deuxième, à la limite de la marge d'erreur! Une telle photo interdit de prédire qui l'emportera le 26 mars. «Mais si cette tendance se maintient, il est clair que l'Action démocratique deviendra un acteur important à l'Assemblée nationale», tranche Claude Gauthier.
Avec des résultats si serrés, une pression incroyable va s'abattre sur les trois chefs mardi soir, alors qu'ils croiseront le fer au débat télévisé. Personne ne pourra se contenter d'une stratégie défensive, viser simplement le parcours sans erreur.
Bien que toujours en avance, «le PLQ n'est pas assuré d'être réélu, avec de tels résultats», dit Claude Gauthier. Chez les francophones, le PLQ a baissé de trois points, à 24 %. Les 32 % d'électeurs francophones acquis au PQ représentent une chute de 7 %, tandis que l'ADQ grimpe de neuf points à 31 %.
Stabilité à Montréal
«Il n'y a que dans l'île de Montréal que le PLQ fait bonne figure avec 45% d'appui», observe le sondeur. Dans l'ensemble de la région métropolitaine, les libéraux ont 38 %, suivis du PQ à 29 % et de l'ADQ à 18 %. Le portrait change vite dès qu'on traverse un pont. Dans la couronne Nord et la Rive-Sud, l'ADQ grimpe à 27 %, pas si loin des libéraux (30 %) et du PQ (31 %). En région, le PQ dégringole, passant de 37 à 29 %, les libéraux glissent de trois points à 26 %, mais l'ADQ s'envole en passant de 21 à 35 % - un échantillon de 442 répondants frappé nécessairement d'une marge d'erreur supérieure à celle de l'ensemble de l'enquête.
Bien des voyants rouges devraient clignoter dans la cabine de pilotage du PLQ. L'insatisfaction à l'endroit du gouvernement monte de quatre points, à 57 %, un constat bien dérangeant pour un chef qui, depuis deux semaines, rappelle quotidiennement le bilan de son gouvernement. «Cela ne convainc pas les Québécois.» Les «satisfaits» sont à 39 %, une chute de 3 points.
Jean Charest est toujours perçu comme le chef «le plus apte à diriger le prochain gouvernement» - le choix de 31 % des répondants, comme au précédent sondage. À ce titre, André Boisclair a clairement glissé en troisième place en perdant trois points, à 19 %. Mario Dumont l'a distancé et talonne désormais le chef libéral : 29 % des électeurs voient en lui le meilleur premier ministre, une montée de cinq points sur la mi-février.
Le chef adéquiste a jusqu'ici fait la meilleure campagne - le sondage était à mi-chemin quand a éclaté la controverse autour des candidats adéquistes. Ainsi, 35 % des gens donnent la palme à l'ADQ pour la meilleure campagne contre 25 % au PLQ et seulement 10 % au Parti québécois.
Le vote de Mario Dumont est aussi un peu plus friable que celui de ses adversaires; 47 % des partisans adéquistes sont convaincus qu'ils ne changeron pas d'idée d'ici le 26, contre 58 % des libéraux et 54 % des péquistes. Les supporters de Québec solidaire et du Parti vert sont les plus hésitants - plus des deux tiers reconnaissent pouvoir changer d'idée. Le deuxième choix des partisans de Québec solidaire est clairement le PQ avec 44 % - seulement 8 % sont libéraux. Les verts se distribuent quasi également entre les trois partis quand on leur demande quel est leur deuxième choix.


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