La division

17. Actualité archives 2007


Lorsque l'on s'arrête aux récents épisodes qui ont caractérisé la vie politique libanaise, on observe la montée en force d'un refus. Lequel? Celui du dialogue, de la négociation. À l'encerclement du palais gouvernemental par les partisans du Hezbollah et des maronites qui épousent les volte-face du général Michel Aoun, le premier ministre Fouad Siniora a répondu par le déploiement de l'armée à Beyrouth. On l'aura compris, le pays est au bord de l'affrontement.
Tout a commencé lorsque le Hezbollah, sous l'impulsion évidemment de la Syrie et de l'Iran, s'est lancé dans une opération dont l'objectif, bien qu'il s'en défende, est le renversement de Siniora. Parmi les raisons ayant convaincu la mouvance chiite de mener un coup de force, deux sont à retenir. Un, le Hezbollah n'a pas digéré que la gestion de toutes les aides financières et autres décidées par la communauté internationale, dans la foulée de l'offensive militaire d'Israël, soit confiée à Siniora. Deux, le Hezbollah ainsi que la Syrie craignent comme la peste que les conclusions de la commission chargée de faire la lumière sur les circonstances entourant l'assassinat de l'ex-premier ministre Rafic Hariri n'hypothèquent durablement leur crédit auprès de leurs partisans.
On se souviendra que, dans un premier temps, le Hezbollah avait exigé la formation d'un cabinet d'union (sic) nationale. Le gouvernement de Siniora, porté au pouvoir lors des élections tenues il y a un an et demi à peine, ayant refusé, les ministres membres du Hezbollah et de l'autre milice chiite, soit Amal, ont claqué la porte. Passons sur certains gestes commis par les uns et les autres pour mieux souligner que, depuis quatre jours maintenant, le Hezbollah fait le siège du centre de pouvoir. Et ce, en permanence.
La réponse de Siniora n'a évidemment pas tardé. Il a ordonné la concentration des troupes autour de toutes les institutions. Le hic, c'est que cette concentration s'est traduite par le rapatriement des soldats rassemblés dans le sud afin de maintenir l'ordre, avec le soutien de la force internationale (Finul), dans les environs. En conséquence, le sud étant le fief par excellence du Hezbollah, celui-ci vient de gagner une liberté d'action pouvant déboucher sur une remontée de la tension avec Israël.
À ce remue-ménage les chrétiens et les sunnites ne sont pas restés indifférents. À la suite de l'assassinat de Pierre Gemayel, un leader maronite, l'exacerbation des liens déjà tendus entre les communautés est montée en flèche. À telle enseigne que les fidèles de Gemayel et d'Hariri ont répondu au siège organisé par le Hezbollah par le siège du siège. Eux aussi ont convergé vers le centre-ville de Beyrouth. Bref, tous les ingrédients pouvant résulter en un affrontement d'envergure entre les deux camps sont réunis.
D'autant que, dans cette histoire, on ne doit pas oublier que l'Égypte, la Jordanie et l'Arabie saoudite n'entendent pas rester les bras croisés. En juillet dernier, inquiétées par la montée en puissance des chiites libanais que l'Iran a instrumentalisés afin de consolider l'emprise de ces mêmes chiites, ces trois nations où les sunnites sont majoritaires ont clairement signalé qu'elles ne permettraient pas la formation d'un croissant chiite. En un mot, le conflit qui sommeille au Liban pourrait bien déborder ses frontières.


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