Double jeu

rien n'oblige le gouvernement à emprunter cette voie

Un gouvernement Harper qui dilapide les revenus de l'État (baisses d'impôts), mais qui, en plus et sans vergogne, "pelte" des dépenses sociales majeures (santé, SV) dans le champ des provinces, de façon à maximiser les fonds destinés à la "Défense", se conduit en bon petit roquet impérialiste et stupide qu'il est. - Heureusement pour nous, Québécois, ces extravagances vont à l'encontre de nos valeurs pacifistes et de solidarité sociale; les Québécois finiront bien par comprendre qu'on les pille de 50 milliards par année pour satisfaire un impérialisme suffocant et nuisible à l'Humanité. - Vigile



Depuis que le premier ministre Stephen Harper a ouvert la boîte de Pandore d'une possible réforme du programme de la Sécurité de la vieillesse (SV), c'est le tollé, et son gouvernement multiplie les déclarations pour calmer les esprits. Sans pour autant reculer.
Les personnes retraitées qui reçoivent actuellement cette prestation d'un peu moins de 600 $ par mois ne seront pas touchées, ni celles qui sont sur le point d'atteindre l'âge de 65 ans, ont répété en choeur M. Harper et ses ministres au cours des derniers jours. Mais cette assurance, bien floue, est toujours accompagnée d'un sérieux bémol.
«Le coût de la SV triplera d'ici 20 ans à cause des changements démographiques. Si on ne fait rien pour le rendre viable à long terme, il ne restera rien», a affirmé le leader parlementaire conservateur Peter Van Loan lundi. «Nous allons protéger le revenu de nos aînés. C'est un engagement clair envers la population canadienne et nous le garderons. En même temps, nous avons des responsabilités envers les générations futures et nous allons agir pour assurer leur avenir en même temps», a dit le premier ministre hier. La ministre des Ressources humaines, Diane Finley, a renchéri pour ajouter, peu après, que le programme de la SV ne reposait pas sur des «bases solides».
Mais de quoi parle-t-on? Le programme de la Sécurité de la vieillesse n'est pas financé à partir d'un compte ou d'une caisse autonome, comme l'assurance-emploi, le Régime de pensions du Canada ou la Régie des rentes du Québec, caisses auxquelles les travailleurs contribuent. Le programme de la SV, qui comprend la pension universelle pour les 65 ans et plus et le Supplément de revenu garanti, est financé à même les revenus généraux du gouvernement fédéral.
Contrairement à ce que dit le ministre Van Loan, on ne peut donc pas en arriver au point où il n'y aura plus rien pour les générations futures.
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On ignore pour l'instant ce que le gouvernement a en tête et il ne fait rien pour nous éclairer. Veut-il hausser l'âge de la retraite? Veut-il abaisser le seuil à partir duquel les retraités ne reçoivent plus de prestations de la SV? Veut-il ralentir la croissance des prestations? Et à partir de quelle année voudrait-il modifier le régime? On ne le sait pas et toutes les conjectures sont permises.
Mais peu importe ce qu'il envisage, rien n'oblige le gouvernement à emprunter cette voie. Et il le sait puisque des études préparées pour une réunion des ministres des Finances en 2009 en ont fait la démonstration. Dans l'une d'elles, Edward Whitehouse, un expert auquel l'OCDE et la Banque mondiale font appel, écrit noir sur blanc que «le Canada ne fait pas face à des défis majeurs de viabilité financière avec ses systèmes publics de pension». Et il inclut la SV dans son analyse.
Les coûts vont augmenter, personne ne le nie, à cause du vieillissement de la population et de la pression exercée par la retraite des baby-boomers. Selon un rapport actuariel récent que le gouvernement aime citer, le coût de la SV passera de 36,5 milliards de dollars en 2010 à 108 milliards en 2030. C'est énorme, mais on peut regarder la chose sous un autre angle, celui du poids de ce programme par rapport à notre richesse collective.
Le programme de SV ne représente que 2,41 % de notre produit intérieur brut (PIB). Très peu de pays de l'OCDE ont des taux aussi bas. Au sommet de la vague, en 2031, la part du PIB consacrée à la SV ne sera que de 3,14 % au Canada. Rien de catastrophique donc, et il faut garder en tête que l'économie devrait croître elle aussi durant cette période.
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Mais encore faut-il que le gouvernement manoeuvre de façon à ne pas vider ses coffres. En ce moment, le gouvernement Harper persiste à vouloir alléger les impôts, ceux des entreprises en particulier, malgré la position déficitaire du Canada. Il renonce à des revenus alors qu'il doit encore emprunter pour payer ses factures. Cela veut dire qu'il s'endette plus qu'il ne le devrait, alourdissant du même coup la dette que devront assumer ces générations futures dont il dit se soucier. Cela veut dire aussi qu'il réduit la capacité d'agir des prochains gouvernements.
M. Harper insiste sur les changements démographiques à venir, mais si l'idée de son gouvernement est de se prémunir contre le choc du baby-boom, on comprend mal qu'il veuille épargner ceux sur le point de prendre leur retraite. Et si les changements envisagés ne sont pas pour demain, il n'y aura alors que les dernières cohortes de baby-boomers et les générations suivantes qui encaisseront le coup.
Tout cela est donc bien confus et on arrive mal à comprendre l'objectif réel du gouvernement. À moins qu'il veuille regagner ainsi sa marge de manoeuvre pour faire autre chose. Mais quoi? On ne le sait pas non plus. Comme pour les pensions, on ne nous l'a pas dit durant la dernière campagne électorale. À moins, bien sûr, de prendre pour un engagement clair celui de «jeter les fondations de la prospérité et de la croissance économique à long terme», une formule passe-partout qu'on retrouve dans le programme conservateur et que M. Harper a reprise à Davos et aux Communes.
C'est grâce au programme de la SV que le Canada a fini par être un des pays riches où le taux de pauvreté des personnes âgées est le plus bas. Il est trop important pour qu'on jongle à l'aveuglette. La transparence s'impose et vite.


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