FRANCE

Bal tragique à Crépol : un mort

Thomas Perotto, 16 ans, victime de l'immigration

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Chronique de Rémi Hugues

L’assassinat de Thomas dans la nuit du 18 au 19 novembre 2023 dans le village drômois de Crépol, lors d’une fête réunissant près de 400 personnes, n’est pas un simple « fais divers » tragique.


L’énorme émotion qu’elle a suscitée dans l’ensemble du pays montre bien que c’est devenu une affaire nationale. Ce meurtre ignoble correspond à ce que le sociologue Marcel Mauss appelait un « fait social total », autrement dit un événement qui amène la société à s’interroger sur elle-même, sur son fonctionnement, et sur son devenir.


D’ordinaire l’évocation d’un tel fait ne suscite aucune réaction collective. Car, en dépit de sa gravité, il est un impondérable de la condition humaine, la suite d’une glaçante série inaugurée par Caïn, qui, jaloux de son frère Abel, fut pris d’un élan homicide.


Habituellement, l’opinion publique, se disant qu’elle n’a aucune raison de supposer l’homme bon, pour paraphraser Fichte, vaque à ses occupations, ne se mobilise pas, laissant à l’institution judiciaire le soin de remplir sa fonction de la protéger des brebis galeuses, de ceux qui sont incapables de réprimer leur instinct de violence.


Un fait divers se mue en « fait social total » lorsque la question de la responsabilité change de dimension : l’on ne considère alors plus uniquement la responsabilité individuelle, celle du meurtrier, qui, sauf en cas de pathologie mentale ou de minorité, doit rendre compte de ses actes, mais l’on pose le problème d’une responsabilité collective, l’on implique les gouvernants dans l’affaire.


 


C’est ce qui est arrivé cet été, après le décès de Nahel. Une génération entière s’est soulevée, s’en prenant aux bâtiments publics et pillant les commerces, avec la bénédiction de l’inénarrable Jean-Luc Mélenchon, qui a conseillé de surtout viser les commissariats, symboles de l’« État policier », et de faire de la redistribution directe des richesses, justifiant le vol au nom de la lutte contre le capitalisme.


Le 4 août 2021, à Marseille, dans le quartier populaire de la Belle-de-Mai, il est arrivé exactement la même chose qu’à Nanterre avec Nahel : un certain Souheil a été abattu par un policier lors d’un contrôle routier. Pourquoi sa mort n’a-t-elle pas déclenché des émeutes d’envergure nationale ? Parce que sa mort n’a pas eu le même retentissement médiatique. Souheil n’était pas connu du rappeur Jul, à la différence de Nahel, qui l’avait rencontré à Nanterre pour le tournage du clip de son morceau Ragnar.


Le vrai responsable des émeutes de 2023, c’est Jul. Ce n’est pas une accusation, il n’est coupable de rien, c’est un constat. Froid. Clinique. Scientifique. Comme le faisait remarquer le sociologue Vilfredo Pareto, les masses ne constituent une force politique qu’en tant qu’elles sont mues par des leaders. À la lutte des classes comme moteur de l’Histoire de l’école marxiste il substitua une autre théorie, celle de la « lutte entre des élites ».


 


Force est de constater que Jul, ce trentenaire marseillais devenu l’idole des jeunes, est aujourd’hui doté de plus de pouvoirs que le président Macron lui-même. Et son nom de réapparaître dans l’affaire de Crépol. La rixe aurait été causée par le fait que, pendant un son de Jul, un rugbyman du groupe de Thomas aurait tiré les cheveux longs d’un jeune maghrébin, le traitant de « chikita », a-t-on dit çà et là.


La colère qu’a provoquée chez de très nombreux Français cet abominable meurtre s’explique pour beaucoup par l’irruption des émeutes cet été, qui a considérablement aggravé le « stress ethnique »1. La mort de Thomas vient alimenter le ressentiment des Français contre la politique d’immigration que conduisent indistinctement gouvernements de droite, de gauche et du centre depuis des décennies.


Le peuple historique se rend de plus en plus compte que le régime qui le gouverne – la République – a pour dessein de le détruire par le truchement de l’arrivée régulière d’une masse d’étrangers extra-européens sur son sol.


 


Comme Satan fut homicide dès le commencement, nous dit l’Évangile selon saint Jean (chapitre VIII : verset 44), aussi la République est « francocide » depuis sa naissance.


Après son avènement, en septembre 1792, Louis XVI a été exécuté – le 21 janvier 1793 –, ensuite ce fut le tour de son épouse Marie-Antoinette – le 16 octobre 1793 – puis en mars 1793 ont débuté les guerres de Vendée ; Gracchus Babeuf dut inventer un vocable pour les décrire : populicide.


Le populicide vendéen fut en quelque sorte un prélude au populicide actuel commis par l’État républicain contre ses propres ressortissants. La manière dont il le mène est bien plus sournoise, et donc redoutablement efficace. Ce n’est pas lui qui fait directement couler le sang. Il délègue, tacitement. Tout en se parant de toutes les vertus.


« Droits de l’homme », « Liberté, Égalité, Fraternité », « France terre d’asile » : ces syntagmes sont leurs armes, bien moins terrifiantes que canons, fusils, etc., mais pas moins efficientes pour accomplir son abject forfait d’anéantissement du plus noble des peuples2.


 


Ainsi notre salut passe par le retour de la Frontière. Davantage de moyens doivent être alloués à la surveillance des flux de migrants arrivant par la mer. Le regroupement familial doit être suspendu, et les clandestins être systématiquement expulsés.


Il est bon qu’il y ait des frontières, comme le soulignait Bossuet : « Il ne faut donc pas penser que les bornes qui séparent les terres des particuliers, et les États, soient faites pour mettre la division dans le genre humain ; mais pour faire seulement qu’on n’attente rien les uns sur les autres, et que chacun respecte le repos d’autrui. »3


Que Thomas repose en paix.


 


NOTES




2« Sans doute je n’ai pas été honoré d’une telle mission, mais un catholique français qui met la France au-dessus de tout et qui donnerait sa vie pour elle très volontiers, a certainement le droit, sinon le devoir, de regarder cette mère en face et de lui parler amoureusement. Après Israël qui fut, par privilège insigne, nommé le Peuple de Dieu, il n’y en a pas un sur la terre qu’il ait autant aimé que la France. L’expliquera qui pourra. Dire qu’elle est la plus belle ou la plus généreuse des nations – ce qui, d’ailleurs, est incontestable – ne sert de rien puisque cette chevance divine doit être précisément l’apanage de la Préférée. Les prédilections de Dieu ne peuvent se justifier que par son bon plaisir qui est parfaitement et adorablement inscrutable. « La France », ai-je dit ailleurs, « est tellement le premier des peuples que tous les autres, quels qu’ils soient, doivent s’estimer honorablement partagés quand ils sont admis à manger le pain de ses chiens. » Il en est ainsi, voilà tout, et telle fut, au quinzième siècle, l’unique raison d’être et d’apparaître de la Pucelle. Jésus-Christ, unique monarque légitime et suzerain de tous les monarques de boue et de cendre, ne pouvait avoir d’autre royaume terrestre que celui de France. On ne l’imagine pas roi d’Espagne ou d’Angleterre et le dernier étage de la démence ou du ridicule serait, par exemple, de le supposer régnant sur la Prusse ou la Bulgarie. Le monde est comme une vaste demeure où ne se trouverait qu’une seule chambre royale et une seule couche voluptueuse pour le Roi de France crucifié, les autres prétendus rois étant désignés pour coucher par terre dans la poussière des antichambres ou l’ordure des écuries. », Léon Bloy, Jeanne d’Arc et l’Allemagne, Marseille, Belle-de-Mai Éditions, 2021, p. 9.




3Jacques-Bénigne Bossuet, Politique tirée de l'Écriture sainte, Paris, Librairie monarchique de N. Pichard, 1821, p. 32.



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