André Juneau vers la potence

1759-2009: 250e de la bataille des Plaines d'Abraham



(Ottawa) André Juneau a répété plus d'une fois hier devant un comité parlementaire, à Ottawa, que la bataille des Plaines, «ça ne se fête pas, on n'a jamais eu cette intention-là». Parole de président de la Commission des champs de bataille nationaux.
Alors, pourquoi peut-on lire qu'il a planifié pour organiser «les festivités prévues dans le cadre du 400e anniversaire de la ville de Québec, du 100e anniversaire de la CCBN et en 2009, du 250e des batailles historiques», dans le tout récent rapport sur le rendement de la Commission pour l'année 2008?
Qui plus est, M. Juneau assure dans sa présentation officielle du document que ce dernier «présente une information cohérente, complète, équilibrée et fiable» de son mandat.
Si j'ouvre mon dictionnaire Robert, dans mon édition de 1993 ? avis à mon patron, la demande de mise à jour approche ?, le mot festivités utilisé par le rapport se définit par «réjouissances».
Vous voulez vraiment vous réjouir de la bataille du 13 septembre 1759? Libre à vous, même Jean Chrétien aurait souhaité un verdict différent. On a perdu. Bon. Fallait-il fêter?
Poser la question, c'est y répondre. Avant même que M. Juneau, promoteur de cette énormité, comparaisse devant un comité parlementaire, hier, son patron, le ministre du Patrimoine, James Moore, l'avait laissé tomber.
Arrangez-vous avec lui, avait dit M. Moore aux députés lors de la période des interpellations. Je croyais son sort réglé, mais j'oubliais le sursis provoqué par le retour en force du vieux fond réformiste au Parti conservateur depuis les dernières élections.
Alors, le méchant est sorti par la bouche d'un redneck patenté comme Pierre Poilievre, un élu d'Ottawa dont la spécialité est de déblatérer contre les francophones qui veulent travailler dans leur langue au gouvernement fédéral.
La ligne d'attaque était simpliste : la reconstitution a été annulée parce que des éléments violents payés par le Bloc et le Parti québécois sont montés aux barricades.
Même le pauvre M. Juneau était gêné de ces inepties. Il a reçu 150 menaces, a-t-il dit, les a toutes présentées à la police, qui en a retenu très exactement deux pour enquête.
Les policiers ont de plus précisé que les deux cas ne venaient pas nécessairement des personnes citées partout dans les médias, c'est-à-dire les exaltés Falardeau et Bourgeois.
Ils ont plutôt expliqué à M. Juneau que la situation leur rappelait plus les émeutes de Montréal lors de la dernière coupe Stanley : aucun des participants n'avait assisté à la partie de hockey, ce soir-là.
La vraie raison de l'annulation, a dit M. Juneau, est que les pouvoirs politiques, Jean Charest en tête, l'ont laissé tomber, ce qui n'a pas empêché les conservateurs, hier, de tenter de faire pleurer la foule sur le triste sort des gens de Québec menacés par je ne sais pas trop quoi de terrible.
La candeur de M. Juneau, par moments, me le rendait sympathique. À la fin, quand je lui ai demandé s'il remettrait sa démission comme le Bloc le lui demandait, il m'a dit non.
Mais si le ministre lui demande de partir, il partira retrouver sa chaise berçante l'âme en paix. Qu'il ne s'inquiète pas, l'appel arrivera bientôt.
Le débat emmerdait visiblement les libéraux, qui se demandent pourquoi perdre du temps avec de telles futilités en pleine période de crise, comme me le disait l'un d'entre eux à l'heure du lunch.
Bon, loyauté oblige, ils doivent bien défendre un conseil d'administration qu'ils ont eux-mêmes nommé et qui a contribué à sa manière à la «visibilité» du gouvernement fédéral aux portes de l'Assemblée nationale.
À mon avis, ils devraient sauter un tour et se faire oublier, là-dessus.


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