VÉRIFIÉ: Les affirmations de Zuckerberg ne sont pas entièrement exactes

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Facebook espionne même les gens qui n'ont pas de compte !

Le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, y est allé de plusieurs affirmations concernant la manière dont son entreprise collige les données et protège la vie privée, pendant ses deux journées de témoignage devant les élus américains.


Il a notamment déclaré que Facebook vous permet de télécharger vos données pour les transférer ailleurs; que les utilisateurs peuvent mettre fin à la récolte de données à des fins publicitaires; et que Facebook traque ses utilisateurs même quand ils ne sont pas sur son site, mais uniquement pour des «raisons de sécurité».


Dans tous ces cas, la situation n'est pas aussi claire que le prétend le jeune milliardaire. Voici ce qu'il a dit:


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ZUCKERBERG: «Les gens peuvent voir tout ce qu'ils ont sur Facebook, extraire ces données, fermer ce compte et emporter ça où ils veulent.»


LES FAITS: Ce n'est que partiellement vrai.


Il est effectivement possible de télécharger un sous-ensemble de l'information que Facebook a récoltée à votre sujet. Mais le fichier que cela génère contient un méli-mélo de contacts, de messages et d'annonceurs qui ont pu vous cibler sur Facebook.


Cela veut dire que cette information est essentiellement inutile si vous voulez rejoindre un autre réseau social. Les données sont incomplètes et elles ne sont pas organisées de manière à être importables par un autre service.


Les experts affirment que Facebook a rendu l'exportation de ces données techniquement infaisable. Des chercheurs qui ont essayé de comprendre comment ils pourraient emporter leurs données ont échoué parce que Facebook change constamment le logiciel nécessaire.


D'autres questions compliquent la chose, et M. Zuckerberg en a évoqué une mercredi: qui est propriétaire de ce qui est partagé sur un réseau social? «Disons que je prends une photo et que je la partage avec vous. Est-ce que c'est ma photo ou la vôtre?», a-t-il demandé.


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ZUCKERBERG: «Il y a un réglage qui vous permet de mettre fin à la collecte de données à des fins publicitaires.»


LES FAITS: Aucun réglage unique du genre n'existe sur Facebook.


On peut limiter les annonces publicitaires ciblées, mais cela nécessite plusieurs étapes qu'il faudra possiblement répéter de temps en temps. Par défaut, Facebook vous présente des annonces inspirées par vos intérêts et les compagnies avec qui vous avez interagi — par exemple, en visitant leur site web ou en leur donnant votre numéro de téléphone.


On peut mettre fin à ces annonces ciblées en modifiant une seule option dans les réglages de Facebook. Cela voudra dire, par exemple, que Facebook ne vous présentera plus d'annonces pour cette paire de chaussures à laquelle vous vous êtes intéressé en ligne, mais vous continuerez à recevoir des annonces génériques.


Cela n'aura aucun impact sur la cueillette de données. Facebook vous cible aussi en fonction de vos informations démographiques, que vous les ayez ou non partagées explicitement sur le site.


Désactiver ces catégories est pénible, puisqu'il faut les sélectionner une après l'autre dans les réglages. Et si vous aimez une nouvelle page, cliquez sur une nouvelle annonce ou ajoutez votre courriel à une nouvelle liste d'envoi, tout sera à recommencer.


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ZUCKERBERG: «Il y a possiblement des choses spécifiques concernant votre utilisation de Facebook, même si vous n'êtes pas connecté, que nous (...) suivons, pour nous assurer que personne n'abuse de nos systèmes.» Il a plus tard ajouté: «En général, nous récoltons à des fins de sécurité des données concernant des gens qui ne sont pas membres de Facebook».


LES FAITS: Facebook collige des données concernant vos habitudes en ligne partout où il réussit à vous trouver, mais cela ne semble pas vraiment être fait à des fins de sécurité.


Facebook paye d'autres sites web et des applications pour qu'ils placent des codes de suivi sur internet et sur les appareils mobiles. Ces codes peuvent être cachés dans des témoins (les «cookies»), des pixels invisibles à l'écran, ou dans les «aimer» et «partager» bien connus sur Facebook.


Ces codes informent ensuite Facebook de vos habitudes en ligne pour lui permettre de mieux cibler les annonces. En compagnie de Google, Facebook compte systématiquement parmi les trois principaux collecteurs de données, a indiqué le chercheur Reuben Binns, de l'université Oxford.


En février, un tribunal belge a estimé que Facebook a contrevenu à la loi européenne sur la vie privée avec un tel suivi parce qu'il n'avait pas obtenu de consentement pour récolter ou entreposer ces données.