Un gouvernement sourd ou dépassé?

Le manque d'imagination, la médiocrité au pouvoir!

Conflit étudiant - grève illimitée - printemps 2012

Quand on est en situation de pouvoir et de force, on respecte les plus faibles. Tenter d'écraser ceux qui s'opposent à coup de positions radicales et inflexibles, à coups de lois spéciales de matraque et de poivre de Cayenne, bref, pratiquer le jusqu'au-boutisme ne fait que démontrer le manque d'imagination ambiant et prouve que ceux qui dirigent n'ont pas l'étoffe de leur fonction.
Être capable de prendre des décisions, être un homme ou une femme de décisions, c'est d'abord être un leader en mesure de créer un consensus social fort et aller chercher l'appui des masses.
Le gouvernement Charest est incapable de cela. Pour toutes sortes de raisons, il n'a plus de légitimité. Corrompu, usé jusqu'à l'os, il n'est plus capable de la moindre action brillante.
Le gouvernement prétend agir avec détermination. Foutaise. Il manque plutôt cruellement d'imagination pour régler les conflits qu'il a lui-même provoqués. Il ne fait qu'attiser la grogne populaire parce que depuis le début de ses mandats en 2003, il n'écoute que les puissants et se fiche des Québécois ordinaires qu'il taxe sans arrêt après avoir laissé s’installer un coûteux système de corruption à grande échelle pour favoriser les amis du régime. Ne soyons pas dupes. C’est nous qui nourrissons la bête.
Un tel comportement renforce le sentiment d'amertume et d’impuissance. Ce sentiment est conforté par des sondages patentés et des médias à quatre pattes au service du pouvoir. Les opposants n’ont pas voix au chapitre. Pire! Ils sont écrasés médiatiquement par la droite partisane de la loi et l’ordre et de la ligne dure. Ne rien céder et tenter d’avoir l’autre à l’usure… Des solutions d’imbéciles prônées par des éditorialistes de grands quotidiens. Mais bon Dieu qu’est-ce qui ne va pas chez nous pour que des cons comme ça aient un tel pouvoir?
La droite et ses médias ramènent le monde au moyen âge. Doté d’une vision manichéenne de la société, le simplisme du bon et du méchant se répand comme du poison dans la sphère sociale. « Moi je travaille et je ferme ma gueule. Pourquoi n’en font-ils pas autant et surtout pourquoi emmerdent-ils les gens avec leur conflit auquel nous n’avons rien à y voir ». La phrase classique!
Cette façon de voir réduit la société à un concept individualiste et nous rassure quant à notre innocence face à la situation délétère qui prévaut. La démission est à la mode. « À quoi bon tenter quoi que ce soit? De toute façon on ne peut rien y changer », entend-on régulièrement çà et là. « Des esclaves qui parlent en mal de la liberté ».
Le gouvernement est très bien servi par cette mentalité primaire qui rejette bêtement l’intellectualisme et la réflexion sensée. Ce gouvernement reste sourd parce que cela fait son affaire. Fort d’une société profondément divisée, il instrumentalise à fond cette division qui permet aux uns de s’emparer de la richesse et force les autres à payer. C’est là le fruit de la chicane. Ironiquement, le gouvernement Charest, qui prétend que la question nationale est un nid à conflit, règne depuis 2003. Or, jamais dans l’histoire, les Québécois n’ont été aussi profondément divisés. Le résultat c’est un État livré pieds et poings liés à une clique de peddlers. Plan Nord, gaz de schiste, pétrole valeurs minières, etc. Mais bien entendu, les étudiants eux, doivent passer à la caisse…
Ce n’est pas aux étudiants à payer. C’est logique. Bien sûr, il y en aura toujours quelques-uns pour relever des arguments anecdotiques pour convaincre la cohorte des satisfaits. « Ils ont des Iphones, ils voyagent dans le sud et gnan gnan gnan ». Quel raisonnement au premier degré et idiot! Qui parmi nous tous, n’a pas un cellulaire et un budget pour des loisirs? Ce n’est pas parce que l’on vit sur les prêts et bourses qu’on n’a pas besoin de s’épivarder de temps à autres bon sang!
Autre argument fallacieux que celui de prétendre que les étudiants québécois sont ceux qui paient le moins cher au pays et que du coup, il faille se rapprocher de la moyenne canadienne. Peut-être que je ne suis pas assez intelligent. Dans ce cas pourriez-vous m’expliquer ce qu’il y a de mauvais dans le fait d’être ceux qui paient le moins. Si tous ceux qui sont en bas de la moyenne augmentent les tarifs pour se rapprocher de cette dernière, si mes calculs sont bons, la moyenne va augmenter. Il faudra donc encore hausser les tarifs pour s’en rapprocher. Où cela s’arrêtera-t-il?
Le milieu universitaire regorge de gros salariés à commencer par des recteurs qui gagnent davantage que des premiers ministres. Les universités sont des monstres de bureaucratie à l’instar de tout le système d’éducation qui est d’une lourdeur administrative gargantuesque. Avant de piger dans les poches des étudiants, ne serait-il pas bon de faire un peu de ménage? Si l’exemple venait de haut, peut-être que d’autres seraient prêts à collaborer.
Dans les faits, les étudiants sont parmi les moins fortunés de la société. Et il est connu que ce sont les parents, donc la classe moyenne, qui devront une fois de plus assumer les coûts de la facture. Or, une fiscalité juste et progressive permettrait même de financer entièrement les études de A à Z comme cela se fait dans certains pays d’Europe qui sont des modèles d’avancement sociaux et dont les taux de diplômés sont très supérieurs aux nôtres. Mais ici, on préfère une culture de pique-assiette à une culture du savoir.
Frais pour le fonds des soins de santé, frais pour l’assurance-médicament, hausse des tarifs pour les garderies, hausse du coût de l’électricité, augmentation de la taxe de vente, hausse de 100% des permis de conduire, hausse des frais de scolarité, etc., etc., etc.
Pendant que s’installent graduellement ces multiples formes de taxation régressives, de l’autre côté s’opère une défiscalisation au profit des mieux nantis. Pas question de taxer les profits bien entendu. Ainsi, des entreprises millionnaires ne paient rien en impôt depuis des années en plus d’encaisser des subventions l’une après l’autre. Et le phénomène de concentration de la richesse va en s’accroissant. C’est également documenté que la fuite de capitaux à la brouette vers des paradis fiscaux est maintenant la norme pour se déresponsabiliser fiscalement. Pas étonnant alors que tout le fardeau soit sur les épaules de la classe moyenne. Chacun doit faire sa part dit-on. Ne soyons pas naïfs. Il y a longtemps que ce sont toujours les mêmes qui paient.
Mais cela aura une fin qui risque de ne pas être très heureuse si un virage n’est pas effectué au plus tôt. La frustration et la colère s'accroissent au fil des semaines et des mois. La société québécoise est sur une pente descendante et la vitesse s’accélère. Parallèlement, s’installe insidieusement un dangereux germe d’instabilité. « On est six millions, faut se parler » disait la pub. Il est maintenant temps d’écouter. Ça presse.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    24 mars 2012

    Monsieur Lévesque
    Très bon texte! Je peux vous assurer que ce gouvernement pourri va m'avoir dans ses pattes tant qu'il n'aura pas foutu le camp. La dernière manifestation des étudiants est le prélude à de grands changements sociaux au Québec qui nous apporteront une meilleure répartition de la richesse et une justice plus équitable et enfin, le pays du Québec!
    LE PEUPLE VAINCRA !!!
    André Gignac 24/3/12