Un déficit budgétaire de 19 milliards $ pour le gouvernement fédéral

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Le gouvernement libéral de Justin Trudeau a affiché un déficit budgétaire de 19 milliards $ pour l'exercice terminé le 31 mars 2018, soit pratiquement le même que l'année précédente, indique le Rapport financier annuel, publié vendredi.


Ce déficit est légèrement inférieur à la prévision de 19,4 milliards $ avancée par le ministre des Finances, Bill Morneau, dans son budget de l'hiver. En mai dernier, le ministère des Finances estimait toutefois que le gouvernement afficherait un déficit moins élevé — 16,2 milliards $ — pour l'exercice 2017-2018.


Pour embrouiller les choses, le gouvernement libéral indique qu'il a finalement modifié la façon dont Ottawa évalue ses obligations au titre des prestations de retraite non capitalisées des fonctionnaires — ce que le Vérificateur général recommandait depuis des années, selon un responsable aux Finances.


Ce changement dans la méthode comptable, appliqué rétroactivement, a donné lieu «à un redressement des résultats financiers» pour les 10 exercices précédents. Ainsi, le mince surplus dégagé en grande pompe par les conservateurs sortants en 2014-2015 est maintenant comptabilisé comme un léger déficit.


Le Rapport financier annuel de 2017-2018 nous apprend aussi que les recettes fiscales ont augmenté d'une année sur l'autre en 2017-2018. Mais cette hausse représente moins une surprise qu'une «nouvelle norme», selon les hauts fonctionnaires, depuis la création par les libéraux d'une tranche d'imposition supplémentaire, pour les Canadiens à revenu élevé. Le ministère des Finances soutient que le gouvernement a ainsi tiré de l'impôt sur le revenu des particuliers 9,9 milliards $ de plus en 2017-2018.


Au-delà de cet exercice, le budget Morneau prévoyait en février dernier un déficit de 18,1 milliards $ pour l'exercice actuel — un chiffre qui devait diminuer progressivement pour atteindre 12,3 milliards $ en 2022-2023, en prenant compte des réserves annuelles de 3 milliards $ pour les imprévus.


Déficit zéro?


À la suite du scrutin d'octobre 2015, le gouvernement Trudeau avait renoncé à ses promesses électorales qui prévoyaient des déficits annuels ne dépassant pas 10 milliards $, jusqu'à un budget équilibré d'ici quatre ans — en 2019, année électorale.


Au lieu de cela, le ministre Morneau s'est concentré chaque année sur la réduction du ratio de la dette au produit intérieur brut (PIB) — le «fardeau de la dette». Une fois prises en compte les révisions liées aux régimes de retraite, ce ratio est tombé à 31,3 pour cent en 2017-2018, contre 32,0 pour cent un an auparavant. Les derniers chiffres pour 2017-2018 ont porté la dette nationale globale à 671,3 milliards $.


Le Rapport financier annuel ne fournit pas de perspectives à long terme pour le fardeau de la dette, mais les responsables ont soutenu que selon les projections internes du ministère des Finances, cet indice poursuit sa pente descendante, même si les chiffres ont légèrement changé en raison des modifications comptables.


Le ministre Morneau avait invoqué une économie plus faible que prévu pour expliquer les déficits, ainsi que la nécessité d'investir pour relancer la croissance à long terme au Canada. Mais l'économie affiche une solide performance depuis plus d'un an, et l'absence de feuille de route libérale pour atteindre l'équilibre budgétaire suscite des critiques dans certains milieux, en particulier au sein de l'opposition conservatrice. En cette période d'expansion économique, certains craignent que le gouvernement fédéral ne s'enfonce davantage dans les déficits en cas de récession.


Le Rapport financier annuel nous apprend par ailleurs que les revenus du gouvernement fédéral ont augmenté de 20,1 milliards $, ou 6,9 pour cent, par rapport à l'exercice précédent. Les dépenses de programmes ont quant à elles augmenté de 19,5 milliards $ (6,7 pour cent), «sous l'effet de la croissance de toutes les principales catégories de charges».


Le PIB réel a augmenté de 3,0 pour cent, après avoir affiché de faibles taux de croissance en 2015 (1,0 pour cent) et en 2016 (1,4 pour cent), indique le ministère des Finances.