Souffrance collective et réactions intempestives

À quoi reconnaît-on la maturité d’une nation sinon à l’aune de sa culture et de sa capacité à prendre conscience d’elle-même?

Tribune libre


Le plus navrant dans toute la saga du Moulin à Paroles, c’est l’incroyable immaturité dont ont fait montre les politiciens fédéralistes autant à Québec qu’a Ottawa. Aucun de leurs arguments n’est justifiable aux yeux de l’histoire et seuls leurs intérêts partisans ont compté dans les fins de non-recevoir qu’ils ont affichées à grands coups de déclarations démagogiques et d’affirmations gratuites. La presse fédéraliste n’a pas fait montre de plus de maturité et les Pratte de ce monde se sont empressés de dénaturer les faits et de jeter leur fiel dans le plus absolu manque de respect envers leurs lecteurs.
À quoi reconnaît-on la maturité d’une nation sinon à l’aune de sa culture et de sa capacité à prendre conscience d’elle-même? Or, cette capacité de prendre conscience d’elle-même est de la même nature que celle des individus à prendre conscience d’eux-mêmes en connaissant leur histoire personnelle, en reconnaissant leurs erreurs ou leurs errances, leurs réussites ou leurs échecs, bref, en se reconnaissant. Toute nation qui se respecte répond à son devoir de mémoire et refuse de mettre sous le tapis les aspects moins reluisants de son histoire.
Il est clair que le refus de certains d’accepter ce que représentent les événements d’octobre 70 dans l’histoire du Québec en tentant de discréditer ceux qui honnêtement et courageusement nous le rappelleront en lisant un texte qui contient, caché dans ses lignes maladroites, toute la souffrance refoulée de plusieurs générations d’hommes et de femmes injustement traités, toute la rancœur et tout le dégoût que leur inspirait un système politique qui ne leur rendait pas justice, est une démonstration de leur manque de vision et de leurs seuls intérêts pour le pouvoir qu’ils exercent et dont ils tirent profit pour mieux continuer leur travail de sape à l’encontre de la naissance de la nation québécoise. En lisant le manifeste du FLQ, on ne peut s’empêcher de ressentir un malaise quant à la réalité de la souffrance qui s’y dissimule et qu’une écoute honnête ne peut nous empêcher de ressentir.
Qui mieux que Falardeau nous la fait ressentir, cette souffrance, dans son film sur lesdits événements. Que René Lévesque se soit porté en faux face à l’assassinat de Pierre Laporte est tout à fait compréhensible, les militants péquistes n’ayant jamais prôné la violence et ne désirant pas être associés de quelque façon aux actions terroristes du FLQ. Mais qu’est-ce que ça change à l’ampleur de l’événement ? Je ne cautionnerai jamais la violence, mais ça ne m’empêche pas d’en comprendre les raisons et le sens. Les tenants et aboutissants des événements d’octobre 70 ont été suffisamment analysés et expliqués pour que nous ne réalisions pas combien l’hypocrisie des fédéralistes anti-Québec est grotesque et ne parle que d’eux, de leur petitesse et de leur manque de respect envers l’intelligence de la nation québécoise et de sa capacité à se souvenir d’elle- même sans parti-pris, sans violence, sans fanatisme, avec ouverture d’esprit, tolérance et équanimité.
Voilà pourquoi nous devons être présents en grand nombre au Moulin à Paroles.
Claude G. Thompson


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4 commentaires

  • Michel Guay Répondre

    12 septembre 2009

    Nous ne devons pas cautionner la violence mais un jour ou l'autre nous devrons apprendre à utiliser la légitime défense car c'est évident que l'ennemi et totalement endoctriné dans toutes les haines contre la nation Québecoise et contre notre langue nationale
    Et pire tous les crimes commis contre la nation Québecoise depuis 1960 sont restés impunis et les auteurs ontmême reçus des promotions , des médailles d'honorabilités , des salaires et des double pensions .
    Pour éviter les violences il ne faut pas que les criminels anti Québecois restent impunis

  • Archives de Vigile Répondre

    11 septembre 2009

    Bonjour M. Thompson,
    Qu’est-ce qui en restera, de cet épisode pré-événement, dans quelques mois ? C’est toujours comme ça que ça se passe, toujours. La grosse presse fédéraliste qui a toujours le micro multiplie les interprétations tendancieuses. Ce n’est pas grave pour eux, les journalistes eux-mêmes ne s’en rendent plus compte depuis longtemps, c’est naturel. Ainsi est l’objectivité journalistique, à la fin, elle ne dérange pas l’ordre établi.
    Il n’est pas important que les fédéralistes soient démagogiques, diffamants, et tout; ce qui compte, c’est la trace dans les mémoires. C’est la force des fédéralistes : ils sont omniprésents, ils sont la référence dans le temps, la SRC et La Presse, malgré toute leur désinformation, représentent encore et toujours la référence dans la tête des Québécois. Le Devoir, trop frileux de toute façon, juste par sa présentation (que j’aime bien), fait encore journal d’opinion, journal de combat. Il faudrait qu’il soit 3 fois plus gros, qu’il nous parle de n’importe quoi et soit rempli de publicité. Là les Québécois commenceraient à le prendre au sérieux. Les occidentaux sont en général des consommateurs / producteurs / bénéficiaires d’abord. Ils sont des citoyens seulement quand leurs intérêts proches et immédiats sont menacés autrement, ils se sentent impuissants et ne sont pas intéressés aux affaires de la Cité.
    Les Québécois lisent le Journal de Montréal et de Québec. Et quand c’est important, on se réfère à la Presse. TVA est aimé mais quand c’est sérieux, on se fie à Radio-Canada.
    C’est automatique, c’est inconscient, c’est irréfléchi : le vrai se trouve dans les paroles qui ne dérangent pas l’ordre établi. Moi je dis que c’est ici qu’il faut travailler. C’est le cœur du problème. C’est un angle déterminant du combat à mener. Au lieu de juste réagir au jour le jour aux actions hostiles ponctuelles, qui ne font qu’ajouter au conditionnement populaire, nous avons besoin d’un leadership déterminé. C’est la seule façon d’avancer dans le régime politique qui régit nos vies. Je n’aime pas les nombreux commentaires sur ce point précis : pas besoin de messie, c’est à la société civile de faire le chantier, etc., c’est faux, c’est trompeur. Les faits montrent depuis des décennies que la plupart du temps, ce sont les élites des différents partis qui font l’agenda et qui entrainent toute la population. Aucune initiative sérieuse quant à la citoyenneté et à la responsabilité collective n’est jamais retenue. Notre régime commande l’immobilisme, c’est un cercle vicieux : les gens votent pour ceux qui les flattent dans le sens du poil. Ils sont rassurés. Ils essaient de rester confortables, ils essaient très fort.
    Nous devons prendre la place qu’occupe actuellement la SRC et la Presse (et toute l’armada de Gesca et de Power Corporation).
    Depuis que Charest est au pouvoir, ça empire dramatiquement. Toutes les tentatives avortées de ce gouvernement (la réingénierie, le mont Orford, le financement des écoles privées, …) sont oubliées, on est habitué. Avant Charest il y avait Chrétien, à Ottawa. Même chose, on ne se gênait pas pour déconstruire le Québec. Le mouvement s’accélère, on nous engloutit sous les scandales et personne ne réagit, même pas ceux dont c’est le travail (les journalistes et les politiciens). On est habitué. Caroline Moreno a le talent de nous le rappeler. Nous sommes de plus en plus décadents, nous les occidentaux. Et notre décadence au Québec constitue le plus puissant bouclier à la conscience citoyenne tant nécessaire à notre émancipation puisque nous voulons grandir en respectant la démocratie, ce qui est tout à notre avantage. Il faut être patient, ne rien faire qui détruit nos chances, mais être déterminé quand même, avoir conscience des enjeux et le courage de procéder. Michel David nous disait récemment, avec raison, que l’émancipation des peuples peut prendre des siècles. J’ai personnellement le sentiment, à cause des nombreux signes que je vois au quotidien, qu’il y a urgence, qu’un point de non retour s’en vient.
    Les bandits à cravate et les autres scandales qui ne sont pas liés au combat anti-nationaliste aident la confondre la population, qui n’y voit que du feu. Tout est pareil partout, tout va mal, c’est normal, il n’y a rien qui puisse être fait. Alors on se replie sur soi-même, la nation s’évapore, il n’existe plus que la cellule individuelle ou familiale, prise dans un monde de compétition capitaliste. Vivre signifie se débrouiller envers et contre nos voisins, nos frères. Les manifestations de solidarité sont nombreuses au Québec, mais elles demeurent toujours ponctuelles, la trace qu’elle laisse dans l’inconscient collectif est sans commune mesure avec le sentiment qu’il faut que le système dure et perdure.
    La presse et les commentateurs hostiles sont habiles à mélanger les cartes. Vraiment, le traitement journalistique au Québec et le comportement de nos élites nationalistes est scandaleux. Attention, il n’y a pas nécessairement conspiration, les journalistes et les gens à leur suite sont entrainés depuis des décennies à penser en termes canadian, et donc il y a une méfiance persistante automatique pour toute volonté suspecte d’émancipation. C’est comme pour les nôtres qui sont riches : on se dit qu’ils ont dû tricher quelque part pour réussir comme ça. Voyez-vous l’ampleur du problème ? Ce conditionnement qui est altéré quelque peu par les réussites internationales de personnalités québécoises se maintient quand même dans le temps. Je ne vois pas que cela change la mentalité des gens au contraire, ça les rassure, on peut réussir malgré nos chaines. En trimant plus dur que nos voisins tout en gardant « le profil bas », on réussira à être heureux. C’est le sentiment général, politiquement, des Québécois.
    Je vote PQ mais je trouve que seul Amir Khadir parle vrai, ces temps-ci, quand ça compte. Nous avons besoin de gens qui inspirent confiance. Et de journalistes qui voient clair et qui respectent ses lecteurs.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 septembre 2009

    Nous devons connaître les souffrances du passé et du présent pour les comprendre et nous aider à nous assumer durant l'étape actuelle de notre vie nationale : celle du courage organisé qui nous permettra de gagner la partie.
    « Aucun pays ne s'est jamais élevé sans s'être purifié au feu de la souffrance. »
    Gandhi
    Extrait de la La Jeune Inde

  • Archives de Vigile Répondre

    11 septembre 2009

    Monsieur Claude G. Thompson, voilà une qualité de propos qu'on ne lit pas souvent sur Vigile ni ailleurs d'ailleurs. Le manifeste du FLQ, écrit en 1970 est très actuel, violence mise à part. Moi non plus je ne cautionne pas la violence, mais admettons tous ensemble que les raisons qui ont motivé ce manifeste, n'ont pas vraiment changées, elles sont semblables, même exacerbées. Avez-vous remarqué que nos plus grands ennemis, les plus grands destructeurs du Québec sont les nôtres, les rois et reine-nègres. Si un anglo osait tenter de nous faire avaler des couleuvres plus grosses que lui-même, nous monterions aux barricades. Ce sont nos collabos, Charest, Hamad, Verner, Blackburn et compagnie qui font la « job de bras » contre nous.
    Claude G. Thompson nous a très dignement expliqué la politique que nous vivons présentement. Je crois sincèrement que les fédéraux ont peur qu'à la lecture du manifeste du FLQ, nous nous apercevions que nous sommes aussi floués sinon plus qu'à l'époque Trudeau/Bourassa. Ils ne veulent pas qu'on connaisse leurs magouilles, leurs saletés.
    Je serai en fin de semaine à Québec à partager avec mes frères et soeurs Québécois. Tout se passera dans l'ordre et la paix à moins que Charest nous envoie ses chiens enragés provocateurs de sa SQ. Si cela se passe, nous aurons l'illustration du type d'individus qui nous dirigent. Je conseille fortement à tous ceux qui vont être sur les Plaines d'apporter leur caméra pour, bien sûr garder un souvenir de cet événement mais aussi en cas de problèmes, de photographier les fauteurs de troubles, ça pourra servir.
    Merci M. Thompson de rehausser le niveau d'écriture de Vigile.
    Ivan Parent