En marge du boycottage rotatif de pétrolières

S’inquiéter plutôt de l'effet-rebond sur la norme de consommation énergétique

Nouvelle Gauche - La social-démocratie revisitée

Nous avons maintenant l’habitude de recevoir par courriel des invitations à participer à diverses campagnes de soutien liées à une cause susceptible d’être d’intérêt public. Certains d’entre nous s’y attardent, d’autres peu ou jamais ou s’en méfient.
Ces campagnes et les courriels qui en sont l’un des véhicules sont parfois le fait direct d’organisations reconnues et communément identifiables auxquelles nous avons déjà porté un certain appui. Dans d’autres cas, c’est la trame d’un réseau qui se manifeste. Une connaissance ou une connaissance de connaissances fait circuler une missive qu’il juge importante. L’objet de notre attention ici relève du second cas.
Comme il ne s’agit pas de la première du genre, la plupart d’entre vous savez déjà de quoi il en retourne au regard de notre titre. Vous reconnaîtrez déjà simultanément le procédé et l’objectif proposés. Il s’agit d’un boycottage ciblant à tour de rôle de l'ensemble des postes d’essence d’une seule compagnie pétrolière. Cela afin d’amener cette dernière à initier une baisse de prix à la pompe qui finira par être imité pas ses compétitrices, au grand plaisir de l’automobiliste en nous.
Je vous fais donc part d’une version rehaussée de la réponse que j’ai remise sur ce réseau, par une réponse à tous élargie à mon propre réseau.

J’ai essayé d’en faire un texte limpide. Ce qui ne veut pas dire que j’y sois arrivé de bout en bout de ce texte.
Tout d'abord, j'avais bien aimé le titre du diaporama que l'on nous a envoyé: tous ensemble nous réussirons. Mon enthousiasme, quand même modéré, tourna vite court.
Il me paraît évident que nous ne remporterons pas les défis du présent chacun chez soi, ni non plus à continuer uniquement à faire le travail socialement requis pour assurer notre solvabilité. L’état de non-convergence productiviste de l’économie et de l’écologie est toujours aussi manifeste.
Il nous faut mettre en place un faire ensemble qui prennent à bras le corps, les défis du réchauffement global, de la préservation de la biodiversité et de la production/consommation d'énergie.
Le but de la campagne de baisse de prix de l'essence dont fait état le diaporama, dans la mesure où ce but est atteint, aura des effets non voulus et prévisibles, suivant la logique même du système productif qui est le nôtre.
Il nous faut nous intéresser à ce que l'on appelle l'effet-rebond.
Un exemple réel pour l'illustrer:
La compagnie indienne Tata dit être capable de produire et vendre des automobiles à essence pour 2 500$ sur le marché sud-asiatique. Ce sont des voitures qui demanderaient des adaptations pour intéresser et convenir au marché nord-américain, mais qui néanmoins pourraient se vendre ici entre 6000 et 8000 dollars.
Ceux d'entre vous qui auront accroché favorablement à la campagne visant à maintenir les bas prix de l'essence seront ou sont enthousiasmés par une telle perspective. Pouvoir acquérir une auto neuve pour disons 7000 dollars.
Il s'agit d'un prix susceptible de rendre accessible une automobile à encore plus de gens, ici et un peu partout dans le monde. Une situation susceptible d'accroître la demande d'essence et ultimement sa rareté et son prix. Au Québec, durant les vingt ans terminés en 2007, sans aucune voiture Tata, le parc automobile a augmenté de 60% alors que la population n’a augmenté que de 10%.
En région, les étudiants qui encore dans les années 70 voire aussi 80 se rendaient pour plus de 90% autrement qu'en voiture à leur école, y vont maintenant avec leur propre auto ou empruntent l’une des autos familiales. Chacun, parent et étudiant, se félicite de l’autonomie de mobilité acquise, même si ce faisant on a rendu caduque ou fragile plus d’un service de transport en commun.
Rachad Pandauri, directeur du GIEC (Groupe international d'étude sur le climat lié à l'ONU) et indien lui-même, s'est ouvertement alarmé de voir apparaître des automobiles à si bas prix.
La quête de productivité est une contrainte fondamentale du système capitaliste, de la concurrence des productions privées à large diffusion sociale. Il en résulte des bas prix qui sont au cœur de l'effet de séduction populaire dont est capable le capitalisme. Ce faisant, on parvient à diversifier et multiplier les consommations tout en faisant peu de cas, pour l’ensemble de celles-ci, des conséquences environnementales et très souvent aussi sociales.
L'idéologie des bas prix a son corollaire politique : une alliance sociale autour de la productivité du capitalisme, dont la plupart d'entre nous sont conformément partie prenante.
L'effet-rebond survient lorsqu'une économie d'argent pour un bien permet d'en consommer un ou plusieurs supplémentaires. Ce qui ne manque pas de se réaliser. Ce n'est pas un fait ou un choix individuel, mais le fruit d'une offre sociale se retournant individuellement en (pseudo) éthique de consommation, afin de faire rouler l’économie. Il s’agit d’offres souvent orientées et subventionnées faite à tous par le système de production et l’État qui l’accompagne et le stimule.
La conséquence est une hausse de la norme de consommation, une hausse de ce qui est normal de consommer, qui s'ajuste et se miroite au regard de ce qui se passe dans notre voisinage, parmi nos amis, dans notre famille. On détecte et assimile la qualité du Vivre dans ce que l'on envie parmi ce que font les autres. On identifie le Vivre à cette norme. Vivre en dessous de cette norme commune rend la vie difficilement tolérable et frustrante.
Cette norme de consommation n'a cessé d'augmenter au cours du 20e siècle. En Occident, dans une famille moyenne, la part du budget qui va à l'alimentation est passée de 30 à 35% dans les années 50, contre 10 ou 15% actuellement.
Toutefois, depuis le début des années 80 cette norme élevée s'est maintenue au prix d'un salaire à peu près stagnant et d'un crédit (endettement) à la hausse, avec pour effet d'augmenter la contrainte à s'investir dans l'activité rémunératrice, souvent jusqu'à la limite du burn-out.
La compensation pour une telle situation est dans l'offre de moments d'évasion afin de mettre à distance le lieu de nos contraintes. L'offre de tourisme, voire d'écotourisme (discours de verdissement à visée marchande) a augmenté dans la même période, jusqu’à faire de cette industrie la première activité économique mondiale. Cette mobilité débridée a elle aussi accru le besoin de pétrole.
Plus encore et sur une plus longue période, l'étalement urbain, l'habitat dispersé nord-américain contraste avec la densité historique de l'occupation du territoire en Europe, antérieure à l'usage du pétrole et de l'automobile.
Les villes, nord-américaines surtout, et les banlieues telles que nous les connaissons sont impensables sans une énergie à bon marché, en l’occurrence le pétrole. Elles en sont le produit composé. Cette situation correspond encore à l'état présent des prix, mais plus pour très longtemps. Nous allons voir pourquoi.
Admettons au passage que les cadres bâtis qui sont les nôtres sont un facteur d'inertie incroyable face aux changements qui sont d’ores et déjà nécessaires. Consciemment ou non, ils nous servent à justifier le besoin d'une énergie à bas prix. Il est en effet facile dans ce contexte d'obtenir l'accord populaire en prenant appui de la réalité concrète et objective du cadre bâti. Cette situation a affermi une culture qui pendant quelques générations a pu se reproduire et s’étendre. Vu du présent (réchauffement global, pic pétrolier), elle forme un système infernal de coûts sociaux et environnementaux qui n’a plus rien de reproductible à long terme.
L’étendue des domaines privés des uns engendre de la distance et de la difficulté d’accès pour les autres. Un ingénieur français a comparé les taux de minéralisation des surfaces (asphalte, béton) par habitant : 1 - en banlieue dominée par les maisons individuelles. 2 - dans un quartier dense de Paris. Il en est ressorti dans ce cas que les banlieues sont 8 fois plus minéralisées pour chaque individu que le quartier dense, ce qui pourrait éventuellement justifier des coûts (taxes) correspondants. Constat qui donne du crédit à l’expression d’écologistes anglophones : Don’t be fooled by the grass around the houses.
1 - S'il n'y avait pas de conséquences écologiques à l'usage du pétrole (réchauffement global, maladies, accidents de la route, pollutions, aménagement extensif des infrastructures sociales attaquant la biodiversité et donc notre capacité d'être là, comme humanité, à long terme)....
2 - Si le pétrole et les autres énergies fossiles étaient des énergies renouvelables
(nous aurons pris un peu plus de 200 ans pour toutes les injecter dans l'atmosphère et saturer les puits de carbone - forêts, océans)...
3 - L'évaluation que je fais serait de l'ordre de la préférence morale.
Il n'en est rien et vous le savez.
Le progrès dont on jouit est venu avec un oubli collectif, d’un oubli né avec les fruits ô combien visibles d’une économie inattentive propulsée à grande vitesse par une forme d'énergie à bas prix, les énergies fossiles (du charbon puis du pétrole et enfin du gaz). Je parle de l'oubli de la Nature.
Ceux qui sont nés avant les années 80 peuvent aisément se rappeler le peu de crédit que l'on donnait socialement aux écologistes avant les années 90. Cela a finalement changé très sensiblement depuis, le noyau dur des écologistes s'avérant être des scientifiques du plus haut niveau, ceux qui sont capables d'une vision intégrative du réel.
C'est d'ailleurs par ce dernier aspect que blessent les campagnes visant à maintenir le bas prix de l'essence. Elles manifestent une vision cloisonnée du réel, une vision refermée sur l'intérêt immédiat, tentant de se justifier, la poutre dans l'œil, en voyant la hausse des prix comme conspiration lucrative, fruit de la richesse et du pouvoir éhonté des pétrolières. Sa conséquence, peut-être non voulue, est de soutenir l'effet-rebond.
Voyez d'abord que le boycottage d'une pétrolière, tel que présenté, est un faire ensemble chacun pour soi, chacun de son coté, sans organisation. Il s'agit d'un geste privé et volontariste.
Oui, il peut y avoir conspiration, oui l'argent appelle l'argent et a le potentiel de harnacher l'activité des hommes, de la plus saine à la plus vile.
Ajoutons immédiatement qu'il y a effectivement beaucoup de pétrole et d'énergies fossiles, sans doute plus qu'il n'y en a jamais eu qui puissent être mises à disposition des sociétés, surtout les plus riches, en un moment de l'histoire. Le sommet historique de l’affluence sur les marchés a été atteint en juillet 2008, au moment où le litre d’essence s’est vendu $1.47 à Montréal, tout juste avant la dégringolade financière mondiale. Cela doit-il nous rassurer ou servir à justifier un prix bas ?

Il faut encore avoir la vue courte, une pensée en tiroirs, que l'on ouvre et referme, sans faire les liens. À la vue des bouleversements environnementaux en cours, ne doit-on pas plutôt conclure qu'il y a trop de pétrole? Il est consommé avec obsession car il a presque tous les avantages face aux autres formes d’énergie. En voici quelques uns. Il est aisément transportable et stockable à température ambiante, relativement stable, non corrosif et surtout, il est doté d’une incroyable densité énergétique qui rend distante sa cherté véritable. En fait, il y a trop d'énergie à bas prix affectée à transformer la planète rapidement et avec excès, pour la seule humanité riche, sans accorder leur territoire aux autres espèces dont dépend l'ensemble du système terrestre, nous inclus. L’énergie ne manque pas, au contraire. C’est la transition énergétique à laquelle nous sommes confrontés dès maintenant qui s’avère périlleuse dans le cadre du laisser-faire presque général.
Que peut-on faire alors ?
Nonobstant les mesures redistributives qui seront requises, il faut accepter que l'essence soit davantage taxée. C'est le meilleur moyen d'en limiter/contrôler la consommation tout en demeurant capable d'en réaffecter la richesse vers une transformation du monde plus limitée, moins productrice d'individualisme, contrôlée publiquement et renouvelable.

Voir à ce que ces taxes soient remises aux localités – à la vie sociale locale – au premier chef, dans la mesure où elle s'affecte (nous nous affectons) énergiquement de soutenabilité écologique.
Pour ce faire, il faut accepter d'élargir le domaine commun (non étatique) contre le domaine privé. Donner préférence et crédits (à taux) préférentiels aux communautés locales. C'est la condition d'un faire ensemble réel.
Il y a un mouvement international qui prend son essor à ce propos. Il provient d'Angleterre, est présent aux États-Unis, en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Canada anglais et depuis peu au Québec.
Plutôt qu'adhérer à ces inconséquentes campagnes de boycottage rotatif des pétrolières, ne pourrait-on pas s’intéresser au mouvement social des villes en transition (www.transitiontowns.org) ? On y préfère le terme de sociétés ou communautés résilientes à celui de développement durable trop facilement convertible en capitalisme vert.
En 1956, le professeur King Hubbert de l’université Harvard a indiqué à la population américaine que le territoire des États-Unis connaîtrait son pic de production pétrolière en 1970. Il ne s'est pas trompé d'une seule année.
Une fois sur la pente descendante, la production de pétrole ne pourra plus jamais satisfaire la demande réelle ou potentielle. Les prix s’envoleront. Cette demande sera aussi lourde d'inertie que notre attachement à la trame des infrastructures objectives que les énergies fossiles ont contribué à façonner et à construire. Impossible de s’y soustraire avec aisance.
Dans un seul baril de pétrole (159 litres – environ 3 à 4 pleins d'essence pour une voiture), il y a l'équivalent énergétique de 12 hommes travaillant de tout leur corps à temps plein pendant un an. Un plein de 40 litres utilisé en une semaine représente l’équivalent d’avoir à sa disposition la puissance de plus de 150 hommes durant ces 7 jours. Même à un taux de rendement énergétique de 5% ou 10% pour un processus donné (celui d’un moteur à essence par exemple), considérant les quantités mises en œuvre depuis au moins un siècle, on peut envisager la singularité historique que représente la célérité avec laquelle nous avons façonné notre environnement durant cette période non encore révolue. En utilisant une énergie fossile, polluante et non renouvelable.
Le pic de production mondiale de pétrole se précise à son tour pour 2014 selon plusieurs études récentes de grande envergure. Hésitantes encore il y a peu, elles tendent maintenant à converger dans l'anticipation de ce moment. Les découvertes au demeurant fort probables de nouveaux gisements de même que le temps pour les mettre en production sont pris en compte. Pour une part vite grandissante, le pétrole qui reste est de moindre qualité et devient plus coûteux à atteindre et transformer.
Sans la crise économique actuelle, ce pic de production serait survenu plus tôt.
Oui, le prix de l'essence à la pompe pourrait atteindre 1,50$ le litre très rapidement, surtout s'il y a relance économique.
Dans le nouveau contexte, à l’approche du pic final de production, le prix de l'essence est destiné à fluctuer sans cesse en fonction du niveau de l'activité économique mondiale. La hauteur de ce prix affectera à son tour l'économie avec promptitude. On parle de fluctuations économiques en W. Dans l’avenir prévisible, il n'y aura plus de croissance économique sans fortes hachures et crises.
Rétrospectivement, il eut mieux valu avoir un prix de 1,50$ le litre déjà depuis quelques années, ou plutôt un taux de taxation de 80% comme en Europe (90% voire 100% en Norvège) contre seulement 40% ici. Là, depuis les chocs pétroliers des années 70, on paie le litre d'essence plus du double du prix payé ici.
Ce qui aurait permis de laisser davantage de pétrole inexploité dans les gisements, moins d'argent aux pétrolières en raison d'une demande plus faible et, en fonction de la partie extraite et vendue, plus d'argent public pour opérer les transitions sociales et énergétiques nécessaires. On peut penser que les taxes élevées en Europe ont contribué à maintenir les prix sur une plus longue période, ici et partout ailleurs.
L'aménagement du territoire et l'urbanisme sont au cœur d'une vision intégrée de l'habitat nous préservant de l'abus d'énergie et d'une contribution à la perte de biodiversité. Parmi l’éventail des urgences écologistes, le discours sur le réchauffement global est le plus institutionnalisé, le plus médiatisé et le moins mal assimilé. Cela laisse trop souvent en blanc la question de la biodiversité, tout aussi cruciale. Environ 25% de la perte de biodiversité, qui actuellement se poursuit à 1000 fois le rythme historique préindustriel, est expliquée par le réchauffement global. Ce taux pourrait toutefois s’accroître en même temps que le réchauffement effectivement constaté.
Ainsi, savoir habiter un lieu, un territoire est devenu une problématique à dénouer en s’activant de toute notre conscience et de toute notre attention. Il faut voir à ce qu’elle occupe l’avant-scène de l’esprit collectif et d’une bonne part de nos institutions.
Lorsque peu perturbé, le système terrestre (Gaïa) se reproduit immensément et gratuitement sur la base des services que la Nature se rend à elle-même. C’est notre base commune, le processus vital à protéger, exigeant que nous évitions d’occuper tous les territoires et d’inévitablement en faire notre environnement.
L’enjeu se situe donc dans l'usage que l’on fera désormais des surfaces (sols, forêts, rues, terrains privés ou publics), puisque la façon de faire actuelle est abusive, déséquilibrée, et anthropocentrique, centrée qu’elle est sur les seuls besoins à courte vue d'une humanité consumériste. D'une humanité qui se voit jouer des tours par la vie sociale contemporaine, privilégiant une prolifique production sociale à destination privée, avec pour résultat corollaire d’inviter au repli chez soi, à l’agir pour soi, alors que l’on idéalise les bénéfices de maints usages exclusifs (propriété individuelle) avec ses normes, ses valeurs et ses illusions.
En somme, l'habitat possible (dans sa diversité) n'est pas celui que nous avons, n'est pas celui déjà là et que l'on promeut toujours à grand coup d’investissements publics pour les routes et de prêts hypothécaires et personnels conçus pour écouler les fruits de la productivité capitaliste.
Il s'avère précaire de ne savoir intégrer pour l’action que les contraintes historiques de la productivité capitaliste, de n'en déduire finalement qu'un mode d'existence éminemment périssable, clinquant et insatisfaisant.
Sans nécessairement tout perdre de la performance précédente (la circulation planétaire de l’information par exemple), la nouvelle performance sociale à atteindre est de trouver et valoriser localement les modes d'habiter compatibles avec la nature, avec la vie, les forces et les mouvements qui animent en permanence la surface terrestre.
Je dis trouver les modes d'habiter, car ils ne sont pas d'une infinie variété puisqu'il s'agit de composer avec des limites.
Localement, ils sont probablement faiblement variables et les trouver a plutôt un caractère de découverte que d'invention, un caractère d'optimisation localisée. Une optimisation où l’on fait montre avec constance d’une pensée collective et personnelle animée par une rationalité élargie, c’est-à-dire d’une rationalité écologique.
Un tel habitat est le produit de l'intégration des contraintes et des limites, sans y faire sélection, dans leur amplitude et leur variété ; en acceptant de remonter à leurs causes premières afin de pouvoir les soupeser réciproquement.
Nous voulons dire par là que la pérennité ou la résilience d’un mode d’habiter exige de faire durablement contrepoids aux insuffisances de la rationalité réduite, étroitement orientée et dominante qu’est celle de l’efficacité capitaliste, de sa propension intrinsèque aux surcapacités productives et au marketing des bas prix. Afin de surmonter les contradictions productivistes du capitalisme, il importe d’organiser et de rendre central un mode de production qui puisse ménager une requalification des diverses dimensions (économiques, politiques et culturelles) de la notion d’habiter, d’un savoir habiter le système terrestre (Gaïa) par les sociétés humaines. De la même façon que le capitalisme et son marché sont parvenus avec le temps à se cristalliser dans l’habitat présent, supposant avec lui tout un univers de pratiques quotidiennes de relations abusives au territoire, le nouvel habitat intégrera et cristallisera les limites posées par la reproduction du système terrestre.
La liberté ne serait-elle pas bien souvent cette capacité de transformer les contraintes en ressources intérieures et en défis personnels ou collectifs?
Face aux défis devenus inévitables de l’époque présente, (ré)apprendre à aménager notre habitat ne serait-ce pas la façon adéquate de vivre pour notre temps et d’y prendre plaisir ?
Je vous invite à visionner la vidéo des villes (villages, îles, quartiers, etc.,) en transition (en anglais seulement).
http://www.transitionnetwork.org/about/publications/transition-movie


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