Ethnie

Questions d'identité

Tribune libre

Il est fascinant de voir à quel point les Québécois répondent différemment à la question : Qu’est-ce qu’un Québécois ?

Quelqu’un qui vit au Québec ? Quelqu’un qui est né au Québec ? Quelqu’un qui vit au Québec et qui parle français ? Quelqu’un dont les ancêtres sont nés au Québec ? Quelqu’un qui parle québécois ? Quelqu’un d’ethnie québécoise ?
Effectivement, la question n’est pas simple. Une façon de la comprendre est de se comparer à d’autres peuples, d’autres ethnies. D'abord qu'est-ce qu'une ethnie, ce mot dont on a si peur ? Selon le dictionnaire québécois MULTI, c'est «une collectivité ayant une identité linguistique et culturelle». On y spécifie aussi que, par opposition à la race, l'ethnie n'a rien d'héréditaire. Prenons par exemple les Acadiens et les Italiens, deux ethnies, deux peuples qu’on connaît bien au Québec.
On dit souvent d’un Québécois né en Ontario qu’il est Franco-ontarien et non Québécois. Par exemple, étant nés en Ontario, l’excellent joueur de hockey Claude Giroux ou la merveilleuse chanteuse Véronic Dicaire sont-ils des Québécois ? Considérant que les Québécois sont les Anciens Canadiens (dixit Phillippe Aubert de Gaspé) et les Canadiens-français d’aujourd’hui, pourquoi ne pourrait-on pas dire de Claude Giroux ou de Véronic Dicaire qu’ils sont Québécois si Joey Saputo est italien sans être né en Italie?
Québécois: divisés par le territoire
Le problème réside à mon sens au fait qu’il existe deux définitions de Québécois: une civile et l’autre ethnique. La définition civile ne tient compte que du territoire ce qui simplifie la détermination de qui est Québécois et qui ne l’est pas au sens de la loi. Cela a l’avantage d’être clair et simple lorsque vous avez un territoire clair et simple. Ce qui fera plaisir à ceux qui ne cherchent pas à comprendre. La définition ethnique ou ethnologique, elle, est beaucoup plus complexe et beaucoup plus intéressante de par ce qu’elle implique et nous dévoile à propos de notre histoire.
La définition ethnologique de ce qui est Québécois ou de ceux qui le sont se rapporte directement à l’histoire du Québec. Au départ, il y avait deux colonies françaises dans le nord de l’Amérique : Acadie et Canada. Les Québécois sont les descendants des habitants de Canada qu’on appelait Canadiens. Les Acadiens, eux, ont conservé leur nom d’origine malgré les épreuves. Les Canadiens ont aussi vécu plusieurs épreuves à travers l’histoire. Outre le fait d’avoir perdu le gentilé de leur identité d’origine pour devenir Canadiens-français (alors qu’on aurait plutôt dû parler des Canadiens-anglais par rapport aux Canadiens originaux), ils furent de plus divisés territorialement. Concentrés au Bas-Canada et dispersés dans le Haut-Canada, on assiste à une première division de l’ethnie canadienne par la définition de ces deux nouveaux territoires. Cette première division de l’ethnie canadienne sera suivie d’une redéfinition complète du Canada en provinces. La province ou les Canadiens sont concentrés prendra le nom de Province of Quebec et donnera le nouveau gentilé de Québécois aux Anciens Canadiens. Mais que se passe-t-il alors avec les Canadiens des autres provinces qui sont de la même ethnie que les Québécois ? On les a nommé selon leur nouveau territoire d’où la division : Franco-manitobain, Franco-ontarien, Fransaskois…Bref, comment déconstruire pernicieusement et lentement un groupe ethnique…
Acadiens: unis par l’absence de territoire
Qu’en est-il des Acadiens ? Pourquoi ne semblent-ils pas faire partie de ce débat ? Les Acadiens vous le diront, contrairement aux Québécois (Anciens Canadiens) qui possèdent toujours un territoire, eux n’en ont plus. Ils ne possèdent pas de territoire défini aujourd’hui par rapport à leur colonie de jadis. Ils vivent dans les Maritimes dispersés dans 5 provinces et une collectivité d’outre-mer de la France: Québec, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard, Terre-Neuve et Saint-Pierre-et-Miquelon.
Pourtant, un Acadien sait bien se définir sur le plan ethnologique et sans complexe contrairement au Québécois qui a plus de difficulté à se référer aux dénominateurs communs de leur ethnie, de leur culture pour exprimer qui il est. Cependant, la difficulté de l’Acadien émane du fait qu’il ne peut pas répondre qu’il est quelqu’un vivant en Acadie de façon aussi clair que le Québécois peut le faire. Il aura donc recours à tout son patrimoine, ses traditions, sa musique, sa culture pour se définir et non à son territoire. Ce que ne fait pas le Québécois en général en se limitant timidement à dire qu’un Québécois c’est quelqu’un qui vit au Québec…
Territoire ou culture...ou les deux?
Maintenant, demandez à un Acadien né en Ontario s’il n’est pas Acadien comme Véronic Dicaire ou Claude Giroux ne seraient pas Québécois et voyez ce que l’Acadien vous répondra. Et dire qu’il y a plusieurs Italiens nés au Québec…
Question comme ça : Suis-je encore Québécois si moi et ma femme québécoise déménageont en Italie ? Et nos enfants le seraient-ils ?
Est-ce seulement une question de territoire que d’être Québécois ? Non, c’est aussi une question de vouloir appartenir à cette culture, à cette ethnie, à cette identité en se souvenant, en l’aimant et en s’y fondant et non en s’y confrontant.


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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    9 janvier 2012

    Monsieur Noël,
    Vous parlez d'exceptions. Vous savez qu'en général, l'assimilation est difficile. À Toronto, les Grecs parlent tous en anglais. Cependant, entre eux et à la maison, beaucoup d'entre eux parlent grec.
    Le poète Raymond Lévesque avait dit une fois que les races, ça ne se mélangeait pas. Et là, il avait dû encaisser toutes les attaques des tenants québécois de la rectitude politique qui sont l'énorme majorité au Québec.
    Mais tous ces tenants québécois de la rectitude politique croient aussi que la guerre au terrorisme est une réalité alors qu'il s'agit d'une supercherie en vue d'établir un État policier pour préserver le pouvoir et les privilèges de la riche classe capitaliste des affaires et de la finance.
    Et ce n'est pas n'importe qui qui le dit. C'est Paul Craig Roberts, un ancien haut fonctionnaire dans l'administration américaine de Ronald Reagan.
    http://www.legrandsoir.info/La-guerre-au-terrorisme-est-un.html

  • Archives de Vigile Répondre

    9 janvier 2012

    Désolé mais Liza Frula ne parle pas joual. Pas plus que
    Alexandra Diaz, Sébastien Bovet, Patrick Masbourian, Nathalie Petrowski ou Jean-Marie de Konick.
    Ces personnes parlent français avec un accent québécois, comme Obama parle anglais avec un accent américain ou Harper avec un accent canadian.
    Ces personnes témoignent que le Québec peut assimiler les enfants d'immigrants et en faire des Québécois. Pas de racisme ici comme on trouve ailleurs dans le monde.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 janvier 2012

    Monsieur Labrie,
    J'admire votre défense du Québec, de sa langue et de sa culture. Ceci dit, de vouloir que les immigrants "s'intègrent" et deviennent tout d'un coup de véritables "ceintures fléchées" n'est pas tellement réaliste.
    Les Amérindiens, qui étaient ici avant nous, ne sont pas intégrés à la société québécoise, eux aussi cherchant à préserver leurs traditions et leur culture.
    Eux sont sur des réserves, un peu comme certaines ethnies à Montréal habitent des quartiers bien définis.
    Il est difficile de devenir quelque chose d'autre au point de vue ethnique que ce que nous sommes en réalité. Ainsi, demandez aux ethnies établies au Québec d'être comme nous et d'adopter notre culture et d'oublier ce qu'ils sont en réalité est très difficile.
    Nos élites d'argent ont voulu construire une société "multiculturelle", et sur ce point ils ont raison parce que l'intégration d'une ethnie dans une autre est difficile.
    La question à se poser c'est est-ce que l'idée d'une société multiculturelle était une bonne idée? Là est la question.
    Et sur ce point, ce qui semble se passer, c'est que dans une société multiculturelle, chaque ethnie tire sur la couverte pour savoir laquelle va prédominer sur les autres. Ainsi ça ne crée pas une société tellement harmonieuse.
    Il n'y a qu'à penser à la Belgique où il n'y a que deux ethnies principales et les chicanes entre les deux sont continuelles.

  • Réjean Labrie Répondre

    9 janvier 2012

    Bravo Monsieur Godin,
    "Est-ce seulement une question de territoire que d’être Québécois ? Non, c’est aussi une question de vouloir appartenir à cette culture, à cette ethnie, à cette identité en se souvenant, en l’aimant et en s’y fondant et non en s’y confrontant."
    Je ne saurais mieux dire, foi de patriote.
    Je voulais écrire un texte sur ce thème depuis longtemps, mais vous le faites beaucoup mieux que j'aurais pu le faire! Votre argumentation est claire et convaincante et on sent que vous prenez pour les nôtres, contrairement à certains dilueurs assimilateurs qui concourent à notre perte.
    Vous êtes l'un des défenseurs de la nation. Chapeau bas!
    Réjean Labrie

  • Archives de Vigile Répondre

    9 janvier 2012

    @ Jaques NOEL
    (Un québecois est quelqu'un qui parle francais comme céline Dion...)
    Désolé, j’appellerais cela ouvertement du francais Joualisé!!! un québecois parle joual en grande partie!!! et la joualisation du francais au Québec est un fait, encore que la langue francaise est ethnicisée au Québec a un pourcentage tel que, truffée d'anglicismes et de joual, des dictionnaires entiers concus au Québec sur cette sacro- sainte langue francaise au Québec vont jusqu'a contrecarrer carrément l'usage de la grammaire et de l'orthographe reconnu dans la langue francaise, voire chez les francais ( de souche)
    la nuance est a faire surement!!! la joualisation du francais au Québec est un débat de taille que les médias préférent étouffer juste pour perpétuer les offensives contre la langue anglaise et les allophones, etc. la liste des personnes médiatisées que vous avez dressées, et qui sont selon vous québecois ou non, parlent un francais a eux dont le critéres ne doivent pas être basées seulement l'accent..! autrement, vous ne feriez que confirmer davantage qu'on parle plus joual que francais au Québec!!
    KAMAL

  • Archives de Vigile Répondre

    9 janvier 2012

    Monsieur Godin,
    Il est remarquable que les Acadiens soient très attachés à leurs racines. Même les descendants de ceux d'entre eux qui sont venus au Québec suite au "grand dérangement" s'identifient à l'Acadie et se promène avec le drapeau acadien accroché à leur véhicule.
    Il est difficile de faire oublier à quelqu'un ses racines. Ainsi, je comprends les Italiens de Montréal de se considérer Italiens ou les Grecs de Montréal de se considérer Grecs.
    Et c'est pourquoi les immigrants votent presque toujours dans le même sens que nos élites de la finance et des affaires. C'est parce qu'ils ont envers eux une dette de reconnaissance car ce sont nos élites qui ont contribué à les faire entrer ici.
    Moi-même, mon père et ma mère étant un mélange canadien-français et écossais, je ne peux pas nier le fait que j'appartiens aussi au monde anglo-saxon malgré toute l'importance que j'accorde à la préservation de l'ethnie canadienne-française, de sa langue et de sa culture.

  • Archives de Vigile Répondre

    8 janvier 2012

    Effectivement on parle de deux choses différentes. Le hic c'est que les multiculturalistes veulent tellement nous enfoncer dans la gorge leur définition civique qu'ils en sont rendus à nier l'existence même de notre peuple!
    Tout ca dans le but d'intégrer des gens qui ne veulent même pas devenir Québécois! Fou raide! Allez lire McNichol sur le dernier message de M. Labrie; il délire!
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    Qui est Québécois ?
    Un Québécois ça s’entend
    Jacques Noël
    Tribune libre de Vigile
    mardi 28 décembre 2010 927 visites 27 messages
    Dans le métro à Paris ou sur une plage en Californie, je reconnais facilement deux Québécois : je tends l’oreille. Quand j’appelle BellSympatico, je ne peux pas deviner le nom de la personne à qui je parle, ni son âge, ni son origine ethnique, mais je sais immédiatement, en quelques secondes à peine, si je parle avec un Québécois, un Acadien, un Français, un Arabe, un Africain, un Antillais ou un Anglophone. UN QUÉBÉCOIS, ÇA S’ENTEND. Impossible de se tromper.
    Il y a 7 milliards d’êtres humains sur terre ; 200 millions parlent français, 80 millions ont le français comme langue maternelle. De ces derniers, seulement 6 millions parlent français avec un accent québécois. Un accent inimitable. Faut écouter les « comiques » français se planter sur notre accent pour voir à quel point il est i-ni-mi-ta-ble. Sur 1000 êtres humains, le seul qui parle français avec un accent québécois, c’est le Québécois. Impossible de se tromper.
    Lorsque je regarde Josée Di Stasio à la télé j’entends une Québécoise. Son nom est italien, son joli look est italien, mais son accent, son tempérament, ses réactions sont bien québécois. Lorsque je regarde sœur Angèle Rizzardo, j’entends une authentique Italienne. Ses mimiques, son rire, son parler fort, tout ça est pur rital.
    Lorsque je vois Pascal Yiacouvakis faire la météo, j’entends un Québécois. Lorsque je vois Nadia Assimopoulos, j’entends une Grecque. Ne me demandez pas de voir en Yiacouvakis un Grec et en Assimopoulos une Québécoise, je ne peux pas. A moins d’halluciner.
    Liza Frula est québécoise ; Alfonso Gagliano est italien
    Alexandra Diaz est québécoise, Oswaldo Nunez est chilien
    Sébastien Bovet est québécois, Frédéric Nikolof est suisse
    Jean-Marie de Konick est québécois, Jean-Paul Gilson est belge
    Emilie Heymans est québécoise, Lara Fabian est belge
    Nathalie Petrowski est québécoise ; Minou Petrowski est française
    Patrick Masbourian est québécois ; ses parents sont arméniens
    Luck Mervill est québécois ; Windsor Klébert Laferrière est haitien
    Normand Brathwaite est québécois ; Dan Philip est antillais
    Rachid Badouri est québécois, Linda Thalie est algérienne.
    René Angelil est québécois ; Sam Hamad est syrien.
    Rima Elkouri est québécoise, Woudji Wouawad est libanais.
    Donald Brashier est québécois ; Charlie Biddle était américain
    Qu’on en commun Brashier, Elkouri, Angelil, Badouri, Brathwaite, Mervill, Masbourian, Petrowski, Heymans, De Konick. Bovet, Diaz, Frula, Yiacouvakis et Di Stasio, qui en font des Québécois ? Au téléphone, y sonnent tous québécois. Un Québécois, ça s’entend.
    En 2009, l’identité québécoise ne se limite pas aux seuls fils et filles des colons français du 17e. D’où la bêtise de l’expression « pure laine », expression à proscrire. Mais ce n’est pas parce qu’il faut bannir cette expression archaique, qu’on a bizarrement ressuscité et qu’on nous sert sans la moindre gêne, qu’il faille passer à l’autre extrême et considérer bêtement comme québécois tous ceux qui habitent le territoire, comme le veut la langue de bois actuelle, alias le nationalisme civique, inclusif.
    A ceux qui me diront qu’un Québécois c’est quelqu’un qui vit au Québec je leur dirai que la plus grande chanteuse québécoise vit aux USA depuis 10 ans. Le plus grand joueur de hockey québécois vit à Pittsburg depuis 25 ans. La plus grande comédienne québécoise vit en Californie depuis 25 ans. Le plus grand compositeur de chansons québécoises vit en Europe depuis 30 ans. La plus grande poétesse québécoise a vécu 40 ans à Paris et le plus grand artiste québécois, 50 ans en France. Un Québécois c’est quelqu’un qui parle français comme Céline Dion, Geneviève Bujold, Mario Lemieux, Luc Plamondon, Anne Hébert et Jean-Paul Riopelle. Un Québécois ça s’entend.