Prise de bec entre Jean-François Lisée et Michel C. Auger à la radio

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Enfin, un péquiste qui confronte radio pravda





Jean-François Lisée a tout fait pour parler d'autre chose que d'identité dans l'entrevue qu'il a accordée à Michel C. Auger à l'émission Midi Info sur Ici Première, jeudi.


Finalement, l'entretien de 10 minutes 38 secondes a porté exclusivement sur l'identité. 


Dès sa première réponse, le candidat à la chefferie du Parti Québécois (PQ) a semblé flairer les intentions de l'animateur, des intentions qui visiblement ne lui plaisaient pas. 


«Maintenant, je vais vous faire une prévision, a dit Lisée. Nous allons faire une entrevue de huit minutes. Vous allez me parler d'identité pendant cinq minutes et ensuite vous allez dire que l'identité prend trop de place dans ma campagne.»


«Non, je ne ferai pas ça, a répondu Auger. Je ne dirai pas qu'elle prend trop de place dans votre campagne et oui je vais vous en parler longtemps, effectivement.»


Tout au long de l'entrevue, intervieweur et interviewé ont joué au chat et à la souris sur le contenu de la conversation.


«J'ai fait 20 propositions, des propositions sur l'éducation, le développement régional, la santé. J'ai fait des propositions sur l'environnement. Je vais en sortir sur la culture et vous choisissez de ne parler que d'identité», s'est plaint Lisée.


«Pourquoi vous répondez pas aux questions sur l'identité avant?», a répondu Auger.


«Écoutez, je ne fais que répondre aux questions sur l'identité», a riposté le député de Rosemont.


Un peu tard...


«Je pense que Michel C. vous êtes un journaliste sérieux. Rigoureux. Et vous manquez à votre devoir.»


«Je crois pas», a répliqué l'animateur. 


Puis, en conclusion de l'entrevue:


«Jean-François Lisée, député de Rosemont candidat à la direction du Parti québécois», a dit Auger, voulant conclure la conversation.


Lisée est revenu à la charge.


«Éducation, santé, économie, ça ne vous intéresse pas?»


«Ça m'intéresse. On en parlera un autre jour», a répondu l'animateur.


Jean-François Lisée était reçu à Midi info dans le cadre d'une série d'entrevues faite à l'émission avec les candidats à la chefferie du PQ. Les trois autres candidats, Paul St-Pierre Plamondon, Alexandre Cloutier et Martine Ouellet, ont été interviewés avant lui. 











Michel C. Auger




Photo d'archives


Michel C. Auger







La transcription intégrale de l'entrevue:


Michel C. Auger: Vous aviez dit que le gouvernement Marois avait empoisonné le climat avec la charte de valeurs et vous aviez ajouté que dans l'avenir prévisible on ne devait pas revenir là-dessus.


Jean-François Lisée: J'ai dit qu'on ne devait pas revenir sur une tentative d'interdire les signes religieux dans la fonction publique. C'est ce que j'ai dit à l'époque. C'est ce que je dis aujourd'hui. Maintenant je vais vous faire une prévision. Nous allons faire une entrevue de huit minutes. Vous allez me parler d'identité pendant cinq minutes et ensuite vous allez dire que l'identité prend trop de place dans ma campagne.


MCA: Non, je ne ferai pas ça. Je ne dirai pas qu'elle prend trop de place dans votre campagne et oui je vais vous en parler longtemps, effectivement. Vous avez utilisé à l'époque des mots comme braquer les communautés culturelles, diviser les gens, éloigner les jeunes. Est-ce que c'est pas exactement ce qui se passe aujourd'hui?


JFL: J'ai fait 20 propositions, des propositions sur l'éducation, le développement régional, la santé. J'ai fait des propositions sur l'environnement. Je vais en sortir sur la culture et vous choisissez de ne parler que d'identité.


MCA: Pourquoi vous répondez pas aux questions sur l'identité avant?


JFL: Écoutez, je ne fais que répondre aux questions sur l'identité.


MCA: Je vous pose des questions là-dessus justement.


JFL: Vous allez me permettre d'abord, en préambule de dire ça et de vous aviser que je suis prêt à répondre à des questions sur tous les sujets d'actualité. Maintenant, sur l'identité, j'ai, en juin, établi mes positions sur ce que j'appelle la concordance culture pour remplacer l'interculturalisme. J'ai fait dans la première semaine en mai ma proposition sur l'immigration qui s'appelle Le chemin du succès et ensuite je suis passé à autre chose. Y a deux semaines, mon collègue Alexandre Cloutier dans un débat à Drummondville a décidé de rouvrir la discussion sur l'identité en faisant campagne contre la charte et ce qui nous a conduits à passer huit-neuf jours là-dessus. Ce n'était pas mon plan de campagne, mais évidemment, lorsqu'on me pose des questions, je réponds, mais je tiens à dire que, ceux qui disent: "il a joué la carte identitaire" non. J'ai dit ce que j'avais à dire en début de campagne.


MCA: Mais quand vous avez associé Alexandre Cloutier à Charkaoui, vous saviez ce que vous faisiez quand même?


JFL: Lorsque M. Charkaoui a décidé de s'associer à Alexandre Cloutier en mettant sur la page Facebook de sa coalition les mots positifs qu'il avait, un de vos collègues journalistes m'a envoyé le lien. On était dans une journée à forts décibels entre l'équipe d'Alexandre et moi et j'ai attiré l'attention.


MCA: Vous avez mis le projecteur là-dessus.


JFL: Exactement. J'ai attiré l'attention sur cette vérité dérangeante. Si je ne l'avais pas fait, vos collègues journalistes, dans les heures qui suivent, l'auraient fait et Alexandre aurait eu à se dépatouiller avec ses bons mots, disons complètement indésirés évidemment de ce personnage détestable qu'est Adil Charkaoui.


MCA: Encore cette semaine vous avez parlé d'immigration parfaite qui venait de Paris, Bruxelles, Barcelone. C'est un message à peine voilé pour qui sait lire, c'est blanc, catholique, comme nous autres.


JFL: Je pense que Michel C. vous êtes un journaliste sérieux. Rigoureux. Et vous manquez à votre devoir.


MCA: Je crois pas.


JFL: Ben, je vais vous dire pourquoi. Parce que j'ai publié le verbatim de ce briefing de presse. Et dans le verbatim, jamais je ne dis ce que vous venez de dire. Je cite Barcelone Paris et Bruxelles parce que ce sont les lieux où les Journées Québec ont eu lieu et là je continue et parle de Santiago, Beijing, Bamako,Tanger et je parle d'Haïti en disant que c'est important non seulement de donner des exemptions de frais de scolarité à des élèves haïtiens, mais il faut faire le pas suivant et payer leurs frais de subsistance. Alors toute volonté de faire croire que j'ai dit ce que vous venez de dire, c'est une volonté de tordre mes paroles.


MCA: Votre collègue Maka Kotto, en tous cas, lui vous a mis en garde sur l'effet que ça peut avoir sur les Québécois issus de l'immigration. Est-ce qu'il a tort?


JFL: Il appuie qui, Maka Kotto, dans cette campagne?


MCA: Est-ce que tout est stratégique ou quelqu'un peut avoir des sentiments?


JFL: Moi je pense que les journalistes sont tenus à un devoir de rigueur journalistique.


MCA: Oui.


JFL: Le verbatim, il existe. Ensuite, des acteurs de la vie politique qui ont un intérêt politique à nuire à ma campagne, que ce soit les libéraux, ou encore des chroniqueurs anglophones ou Maka Kotto qui est avec Alexandre, ont intérêt à faire passer ce faux message alors que, Michel C., aucun autre candidat de Parti québécois, ou aucun autre parti n'ont fait des propositions aussi robustes pour assurer le succès de chaque Néo-Québécois, d'où qu'il vienne sur la planète.


MCA: Vous avez hâte de voir Justin Trudeau dire non aux Québécois sur des questions identitaires. Est-ce que c'est ça votre stratégie au fond?


JFL: Ce n'est pas une stratégie, c'est une réalité. Nous avons M. Couillard qui dépose un projet de loi qui dit ce avec quoi même vous pourriez être d'accord qu'on ne doit pas, lorsqu'on travaille pour la fonction publique québécoise, avoir le visage couvert et lorsqu'on est un citoyen sauf dans des cas exceptionnels, quand on est à l'urgence, je ne sais trop. Mais on ne doit pas essayer d'avoir des services avec le visage couvert. Je vous pose la question, êtes-vous favorable, ou défavorable à cette mesure?


MCA: Je suis un journaliste. C'est pas à moi de répondre. C'est moi qui pose les questions.


JFL: Vous écrivez, Michel C. Soyons sérieux. Vous écrivez constamment des chroniques où sur la question identitaire vous avez des positions qui sont légitimes, raisonnables, mais qui sont rarement les mêmes que les miennes. Cela étant dit, cette disposition que M. Couillard veut faire voter sera probablement adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale parce qu'elle répond à un consensus social très fort au Québec. M. Trudeau, on le sait déjà, pour lui, la frontière des droits, c'est de permettre et féliciter une femme qui a le visage voilé de prêter serment à la citoyenneté canadienne. Il y a un conflit important sur la notion de vivre ensemble et du respect de l'égalité homme femme qui est devant nous. Alors moi je dis: "je n'invente pas ce conflit-là. Je le vois venir". Et donc nous vivrons ça. 6:54


MCA: Sur les questions identitaires, je vais revenir à ma première question.


JFL: Là il reste combien de minutes? Michel C.?


MCA: Je ne vois pas le chronomètre. Ça ne donnera rien.


JFL: Je ne veux pas jouer...


MCA: Sur les questions identitaires, de "nous" en 2007, vous avez eu à peu près toutes les positions sur cette question-là, on peut dire que c'est un 360°. Pourquoi revenir à ça dans cette campagne-ci? Je n'ai toujours pas eu ma réponse.


JFL: Bon, d'abord, encore là... (Lisée soupire longuement) Je trouve ça incroyable. Vous êtes un journaliste. Vous venez de prendre une position. Vous dites que j'ai fait un 360°. C'est faux. J'écris sur cette question-là depuis longtemps.


MCA: Vous ne pouvez pas avoir toutes les positions. De "on touche pas à ça" et on revient.


JFL: C'est faux. Ce que vous dites est faux.


MCA: Moi j'ai lu Nous en 2007.


JFL: Alors, écoutez. Quand René Lévesque a créé le Parti québécois en 1968, il a dit que nous avions le devoir de préserver la différence vitale québécoise pour les générations à venir. Et que le seul lieu où on peut le faire c'est dans un pays souverain qui s'appelle le Québec. La différence vitale québécoise, c'est sa langue, son histoire, ses valeurs. Nous sommes attachés à des valeurs universelles comme l'égalité des hommes et des femmes, la laïcité, le progrès social, l'entraide et la coopération. C'est ça notre différence vitale. C'est pas le catholicisme, c'est pas d'être Blanc, c'est pas de porter une ceinture fléchée. Et lorsque dans la concordance culturelle j'ai fait la liste de cette différence vitale, c'est de ça dont je parle. Maintenant, sur la laïcité, on peut penser, comme vous, peut-être, qu'il ne faut rien faire et que tout va très bien. Moi, et l'immense majorité des Québécois, y compris dans la diversité québécoise, sont en désaccord avec ça et pensent que nous avons des pas à faire sur la laïcité.


MCA: Pourtant les deux premiers ministres avec qui vous avez travaillé (Jacques Parizeau et Lucien Bouchard) ont eu d'énormes réserves sur la charte des valeurs. M. Duceppe, qui est un peu l'elder statesman du mouvement souverainiste ces temps-ci dit que de la façon dont vous vous êtes comporté dans la campagne vous êtes pas digne d'être chef du PQ. Ça vous dérange pas?


JFL: Jacques Parizeau et Lucien Bouchard ont eu une position pour les 3/4 de la charte, ce que vous oubliez de dire. OK? Moi, dans ma position, je suis beaucoup plus proche de ce qu'ils ont dit eux, que de ce que Bernard Drainville proposait. C'est-à-dire que je suis comme Jacques Parizeau et Gilles Duceppe à l'époque, opposé à ce qu'on interdise les signes religieux dans l'ensemble de l'État québécois, c'est ma position actuelle. Maintenant que je suis candidat au leadership, je propose une position graduelle qui est beaucoup plus proche de la position de MM. Parizeau et Bouchard. Ça vous a échappé?


MCA: Ça ne m'a pas échappé. Mais je pense que M. Parizeau et M. Bouchard sur la question, entre autres, des signes religieux étaient assez contre la charte.


JFL: Vous déformez leurs propos. Écoutez, Michel C.


MCA: J'ai fait une entrevue avec M. Parizeau à l'époque, ce n'est pas ce qu'il disait.


JFL: Il était favorable au 3/4 de la charte. Ce n'est pas être contre la charte ça. Il était défavorable à l'aspect qui était controversé des signes religieux. Alors il était pour la charte, sauf pour un quart.


MCA: Jean-François Lisée, député de Rosemont candidat à la direction du Parti québécois


JFL: Éducation, santé, économie, ça ne vous intéresse pas?


MCA: Ça m'intéresse. On en parlera un autre jour.


JFL: D'accord.


MCA: Merci beaucoup.




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