Désinformation H1N1

Pour en finir avec le Dr Poirier

Tribune libre

(texte en réponse à Radio-Canada : réseau d’information et de propagande du gouvernement du Canada de Sylvain Racine
Bonjour M. Racine,
Je tiens à exprimer mon désaccord partiel avec votre texte, que j'estime être à la fois exagéré et alarmiste.
Permettez-moi de m'expliquer: au niveau des réserves que vous exprimez envers le vaccin, je n'ai rien à dire: il est établi que tous les tests n'ont pas été menés et cela devrait pousser la population à la vigilance.
Par contre, en ce qui a trait à la panique dans la population que vous attribuez en grande partie à Radio-Canada (rien de moins), je trouve que vous y allez fort.
Comme vous, je suis originaire du Québec et n'y habite plus: vous êtes en Suède, je suis en Ontario. Vous écrivez à propos du texte de RC sur la mort d'Evan Frustaglio, un Torontois de 13 ans: «Cet article a clairement servi à faire peur à la population et à pousser les parents à se rendre à l’urgence en crise de paranoïa comme des moutons égarés.»
Je trouve que vous accordez une importance démesurée à Radio-Canada. Je peux vous assurer que les longues files constatées à Toronto, à London ou à Windsor n'ont rien à voir avec cet article de Radio-Canada. En fait, le Toronto Star, le Globe and Mail, le National Post, CTV, Global et (oui) CBC ont tous traité l'affaire de manière semblable. Alors votre titre m'apparaît hautement exagéré.
La théorie de la méningite
Au sujet de la controverse entourant le diagnostic de méningite, lancé par le Dr Poirier sur RDI, je vous renvoie au verbatim qui vous publiez et qui est exact.
Verbatim
AMD : Quelle est l’état de la situation aujourd’hui au Québec ?
Alain Poirier : Et bien sur le plan des malades, il y a toujours de malades d’hospitalisés,heureusement il n’y a pas de décès. On a même appris que la triste histoire en Ontario ça serait un petit garçon qui aurait plutôt fait une méningite, je ne sais pas si ça peut rassurer les gens.
Je vous signale d'abord que le Dr Poirier parle au conditionnel, mais que tout le monde l'a pris comme une affirmation. Le Dr Poirier ne s'attarde pas à cette question dans l'entrevue, il passe à un autre sujet.Il aurait été intéressant qu'il développe sa pensée et précise d'où il tient cette information que personne d'autre ne semble détenir. Toutefois, je vous réfère à un autre texte de Radio-Canada sur les funérailles d'Evan Frustaglio: je vous invite à aller voir le reportage télé sur les funérailles du jeune, car une partie traite précisément de la controverse dont nous débattons. On y présente l'extrait sur la méningite du Dr Poirier chez Anne-Marie Dussault, suivi de la précision qu'il a fait le lendemain (il a l'air particulièrement emmerdé de se faire poser la question, mais je m'avance en interprétant son langage corporel). Il déclare alors (le 31 octobre) qu'il s'agit d' «hypothèses qui ont été émises», ce qui est encore moins affirmatif que la veille. J'en comprends qu'aucun test n'a permis de diagnostiquer la méningite chez le petit gars. Il ajoute ensuite qu'on ne saura jamais de quoi il est mort. Voilà pour le Dr Poirier.
De son côté, la santé publique de Toronto et celle de l'Ontario n'ont jamais modifié leur version: mort par H1N1 (voir le communiqué du 27 octobre)
De deux choses l'une: ou bien les autorités de la santé publique de l'Ontario ont instrumentalisé la mort d'un jeune garçon de 13 ans, ce qui serait honteux et révoltant, ou bien le bon Dr Poirier s'est mis les pieds dans les plats avec une déclaration qu'il croyait anodine et rassurante, mais qui a provoqué l'affolement de la planète internet... Québec. Car selon mes recherches, cette théorie n'a pas été diffusée en anglais, si ce n'est que dans quelques commentaires d'internautes au bas d'articles qui sont, si je ne me trompent pas, apparus le ou autour du 2 novembre (ma recherche n'a pas été bien exhaustive sur ce point, je m'en excuse).
Dans toute cette controverse, beaucoup de gens ont déploré que Radio-Canada n'ait pas modifié les titres de ses nouvelles sur la mort d'Evan Frustaglio en regard des «révélations» du Dr Poirier. Moi je leur suis au contraire reconnaissant de ne pas l'avoir fait parce que l'information me semble davantage relever de la rumeur que de faits vérifiés.
La ville et le lieu
J'aimerais aussi partager avec vous une théorie toute personnelle sur la médiatisation de la victime de Toronto, dopée selon moi par deux facteurs: la ville médiatique qu'il habitait et le moment de son décès.
Evan Frustaglio est mort à Toronto le 26 octobre, 11 jours après la mort de Justin Bouvier, à Timmins (article français et article en anglais), qui n'a pas soulevé le même tollé. Il y a quelques différences entre les deux cas: le second éprouvait des problèmes de santéet était obèse. Néanmoins, la couverture médiatique a été très discrète dans le cas de Bouvier. C'est que Toronto est la tête de pont de tous les réseaux de télé et journaux canadiens anglais, alors que Timmins est une ville du nord, dont 40 % de la population est francophone. Dans le cas de Frustaglio, les médias se sont empressés d'aller cogner à la porte de la famille et de faire des entrevues avec le père en larmes, qui n'avait visiblement pas envie de répondre aux questions des journalistes. Ce sont probablement ses images, diffusées en boucle alors que la vaccination débutait, qui ont créé la panique populaire que vous déplorez.
Je reconnais que ma théorie sur la ville et le lieu de résidence des victimes est fragile et perfectible, mais je crois néanmoins qu'elle tient davantage la route que votre texte qui laisse entendre qu'une collusion médiatico-gouvernementale est à l'oeuvre en ce moment. En fait, je ne crois pas que les médias aient besoin de l'aide du gouvernement pour s'emballer.


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