Post mortem

Si le Québec a la maturité politique requise, un parti indépendantiste républicain post-national émergera des cendres du PQ.

PI - Parti indépendantiste

La nécessaire quoique tardive démission d'André Boisclair comme chef du Parti québécois ne règlera rien. Le mouvement indépendantiste n'a pas tant besoin d'un nouveau chef que d'un nouveau parti. On ne rénove pas sur les cendres du World Trade Center. On rebâtit.

À coups de purges débilitantes, d'amateurisme consommé, et de sabotage intellectuel, le fossoyeur du PQ laisse derrière lui un champ de ruines où maraudent déjà les resquilleurs. Ce n'était évidemment pas là son intention. George Bush père disait de Mikhaïl Gorbatchev qu'un agent infiltré n'aurait pu achever le PCUS plus efficacement que ce communiste dévoué.
Les prochaines années feront aux indépendantistes l'effet d'une interminable visite au dentiste, alors que la foreuse de la mondialisation vrillera le nerf gâté du nationalisme. Aucun «sauveur» ne pourra y faire: l'abcès est bien plus profond.
Car le Québec, depuis les années soixante, a confondu comme une seule et même chose le nationalisme et l'indépendantisme. Il s'agit pourtant d'idéologies distinctes. Déjà moribond dès le coucher du «soleil des indépendances» africaines, le nationalisme est, depuis les guerres en ex-Yougoslavie, tout à fait mort. Le PQ, cette parenthèse de l'histoire s'ouvrant à la décolonisation et se refermant à la chute du mur de Berlin, ne lui survivra pas. Le dernier chef, eut-il été d'une toute autre étoffe, n'aurait que retardé l'échéance.
Or, l'indépendance, elle, est bien vivante: retirez leur souveraineté aux plus «post-nationaux» qui soient (les Canadiens, tiens), et regardez-les un peu hurler...
Si le Québec a la maturité politique requise, un parti indépendantiste républicain post-national émergera des cendres du PQ. Il prendra ancrage sur ce que le Québec, fédéré ou indépendant, est réellement, et ce, depuis sa fondation même: un patchwork multinational, ne fut-ce que par sa composante autochtone. Comme tous les États du Nouveau Monde. Il mettra au rancart la frilosité identitaire, les obsessions linguistiques et l'imagerie royaliste, qui, quarante ans durant, ont faire fuir bien plus d'électeurs qu'elles en ont séduits. Allié à une incontournable gauche radicale -- même un de Gaulle a dû s'y résoudre à la Libération --, il pourra, dans un horizon désormais générationnel, terminer le travail que le PQ aura eu le mérite d'avoir entrepris.

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Philippe Navarro11 articles

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Philippe Navarro, détenteur d'une maîtrise en sciences politiques, ancien attaché politique du Parti québécois. Maître en relations internationales et auteur de science-fiction, il a publié le roman d’anticipation Delphes en 2005. Il est aussi le leader du groupe Water On Mars, en nomination à l’ADISQ pour le meilleur album de musique électronique.





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