Lettre ouverte à madame la ministre de la Culture Christine St-Pierre

Petite histoire de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus et de ses grandes orgues

Patrimoine Québec


Lettre ouverte à madame la ministre de la Culture Christine St-Pierre
Petite histoire de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus et de ses grandes orgues

Madame la ministre, en espérant pouvoir vous convaincre de la nécessité de sauver l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus et les trésors patrimoniaux qu'elle contient, je vous offre ces quelques notes historiques, biographiques et anecdotiques qui les mettent en valeur. Nous sommes une jeune nation et nous devons impérativement veiller à conserver ce que nos pères ont construit. Un peuple sans histoire est un peuple mort. Une nation qui ne respecte pas son patrimoine culturel s'achemine irrémédiablement vers son extinction. Le grand penseur et psychologue des profondeurs Carl Gustave Jung affirmait que « rien ne mérite de "n'être que" ». Avec lui je déclare avec conviction que tout ce que représentait et représente encore l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus pour ses paroissiens et leurs ancêtres, pour la population de Montréal pour le Québec et ses artisans, ses artistes, ses architectes, ses musiciens, peintres, sculpteurs et tous les corps de métiers qui ont construit nos villes et nos villages et qui le font encore, « mérite d'être et de demeurer ».
Claude G. Thompson
L'église
Les registres de la paroisse du Très-Saint-Nom-de-Jésus s'ouvrent le 1er janvier 1889. La chapelle qui lui servait de lieu de culte n'eut son premier curé résident qu'en 1892, date à laquelle, les marguillers décidèrent qu'il était temps de la remplacer par l'érection de rien de moins qu'une cathédrale. Bien qu'elle ne fût jamais une cathédrale au sens propre du mot, la paroisse du Très-Saint-Nom-de-Jésus n'ayant pas abrité un archevêché, son architecture et ses dimensions (occupant une superficie de 5,000 mètres carrés) ainsi que ses somptueuses décorations, en manifestent la stature et l'opulence. Sa construction, dont les plans furent confiés à Albert Mesnard et Charles-Aimé Reeves, débuta en 1903, pour se terminer un peu après 1906.
Ses constructeurs ont érigé un temple magnifique de style romano-Byzantin, pourvu d'une voûte cintrée appuyée sur des colonnes dégagées et des arches latérales semi-circulaires.
La décoration
En 1913, une fois la construction définitivement achevée, la décoration des voutes fut confiée à Toussaint-Xénophon Renaud, un peintre et décorateur d'église né à Montréal en 1850 et décédé en 1946. Maître des techniques de trompe-l'œil et d'imitation, élève de Napoléon Bourassa et formé à l'École des arts et métiers de la décoration de l'atelier d'Édouard Meloche, il s'était rendu en Europe après ses années de formation pour étudier les fresques des cathédrales. En plus de peindre 15 tableaux sur toile marouflée illustrant les « Mystères du Rosaire » dans les hémicycles qui ceinturent la nef et le transept, il recouvre de feuilles d'or à 24 carats les innombrables enjolivures de la nef et du chœur en plus de déployer son extraordinaire habileté à imiter marbre et granite en usant de la technique du trompe-l'œil pour les colonnes et les murs de grisaille. Plus tard sera ajouté dans l'ogive qui surplombe le retable du maître-autel, un tableau représentant « La
Pentecôte », réalisé par Marie-Joseph Georges Delfosse, célèbre peintre, portraitiste, muraliste, dessinateur, pastelliste, illustrateur et professeur québécois né à Saint-Henri de Mascouche le 8 décembre 1869 et décédé à Montréal le 22 décembre 1939.
La table du maître-autel sera décorée d'un bas-relief évoquant la Dernière Cène tandis que le retable, surplombé d'une couronne de deux mètres, abritera quatre statues grandeur nature, de la maison Thomas Carli (1817 – 1906) de Montréal, fondée en 1867 et qui fermera ses portes en 1972.
Dotée d'immenses fenêtres, on décida que l'Église du Très-Saint-Nom-de-Jésus serait ornée de vitraux dignes des aspirations de ses constructeurs. Ceux-ci furent commandés à la maison française Vennat de Limoge au début de la Première Guerre mondiale. À chacun des 12 apôtres en fut attribué un dans la nef et le transept. Trois rosaces de six mètres de diamètre ornent la façade, celle du transept est représentent Marie et l'enfant Jésus, Élizabeth, Zacharie et leur fils Jean-Baptiste. Sur son pourtour sont représentées des figures de papes, de pères et de docteurs de l'église.
Bien qu'alors en guerre et que le plomb fut réquisitionné en France pour la défense des citoyens, les magnifiques vitraux furent quand même secrètement fabriqués et livrés à Montréal. Cependant, lorsqu'après leur arrivée dans le port on les présenta à la presse, le scandale éclata de part et d'autre de l'Atlantique !
Travaux dans l'église
À partir de 1958, des modifications apportées à la décoration détruisirent une partie des trésors qui s'y trouvaient. Les deux autels latéraux furent enlevés et détruits ainsi que la chaire. Le plancher fut refait sans que soit respectée l'esthétique du reste du bâtiment et les bancs originaux au fini noyer furent remplacés par des bancs en chêne clair qui, bien qu'extrêmement couteux, n'égalaient pas en beauté les originaux. Heureusement, ceux du chœur restèrent en place faute d'argent et s'y trouvent encore aujourd'hui.
Comme pour beaucoup de constructions de cette envergure au début du XXe siècle, on investissait beaucoup dans les bâtiments et pas suffisamment dans leurs infrastructures. Ainsi, les fondations posées sur un sol instable durent être consolidées dans les années 1970, en même temps que la structure des murs à l'aide de solides câbles d'acier qui se croisent au-dessus du transept.
Au cours des années 1970, les grandes orgues, dont l'organiste titulaire était madame Sylvie Poirier, cessèrent de fonctionner faute d'entretien.
En 1986 fut entreprise la restauration de l'orgue qui s'acheva en 1999.
En 2009, l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus fut fermée pour devenir, selon toutes probabilités, un lieu de diffusion culturelle.
Restauration de l'orgue
C'est en 1986 que la restauration complète de l'orgue fut entreprise par la maison Casavant suite à l'initiative d'un regroupement de citoyens et de l'organiste titulaire de l'époque, monsieur Jean-Yves Marsan auxquels se joignirent, à mesure que progressaient les travaux, son successeur monsieur Régis Rousseau, des bénévoles du quartier, des personnalités locales comme monsieur Robert Cadotte, fondateur du Centre de formation sur l'enseignement en milieux défavorisés de l'UQAM ; monsieur Paul Labonne, directeur de l'Atelier d'histoire Hochelaga-Maisonneuve ; madame Louise Harel, députée locale dont les interventions eurent un impact majeur pour l'obtention des subventions nécessaires à la réalisation du projet dont les coûts atteignirent 650,000 $. D'importantes subventions provinrent de l'Office de planification et de développement du Québec (1985), du Programme fédéral-provincial de travaux d'infrastructure (1995), du Ministère de la Culture et des Communications du Québec et du Ministère du Patrimoine canadien (1997-1999), ainsi que d'une grande collecte de fonds menée à l'échelle locale sous la présidence de monsieur Robert Cadotte.
Tout en tenant compte de l'intérêt historique et tonal de l'instrument, il fut décidé que serait confirmée son esthétique symphonique française et que les techniques d'harmonisation employées reposeraient sur les principes des instruments du célèbre facteur français Aristide Cavaillé-Coll.
Depuis 1999, la reconstruction de l'orgue est complétée. L'instrument de 91 jeux comporte l'orgue de tribune de 69 jeux (situé au deuxième jubé) avec sa console originale de quatre claviers et pédalier, et l'ancien écho du chœur transformé en un orgue de 22 jeux que l'on peut désormais jouer du chœur depuis une console de deux claviers et pédalier qui lui est propre ou encore, comme lors de sa conception originale, faire sonner à partir de la console du jubé.
Aujourd'hui, l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus dispose d'un instrument d'une inestimable valeur qui coûterait, si on voulait en construire un neuf du même type et de la même dimension, même en demeurant conservateur, entre 1,500,000 $ à 2,500,000 $.
L'orgue du Très-Saint-Nom-de-Jésus et les organistes
L'orgue de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus s'est mérité, au cours de son histoire, plusieurs commentaires élogieux. Ainsi, le célèbre organiste et compositeur canadien Lynnwood Farnam (né à Sutton le 13 janvier 1885 - décédé à New York le 23 novembre 1930) qui le joue quelques mois après son installation souligne que « l'équilibre et la finesse d'exécution sont partout apparents ». En 1924, Henry Willis lll, petit-fils du réputé facteur d'orgues anglais Henry Willis (né à Londres le 27 avril 1821 – décédé le 11 février 1901) le plus grand facteur d'orgues de l'ère victorienne, auquel cinq générations de Willis succédèrent, rend visite aux frères Casavant au cours d'un voyage aux États-Unis et au Canada. Il écrit : « L'orgue qui m'a procuré le plus grand plaisir, et que je considère être le chef-d'œuvre de Casavant, est celui de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, Maisonneuve, Montréal. »
Plus près de nous, de grands interprètes ont donné des récitals à l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus dans le cadre d'événements dont « Orgue et couleurs », le « Festival d'automne » et les « Concerts populaires de Montréal ». Pendant plus de 10 ans, le festival Orgue et couleurs sous la gouverne du titulaire des grandes orgues, monsieur Régis Rousseau, en collaboration avec la Maison de la culture Hochelaga-Maisonneuve, a reçu des organistes de réputation internationale qui ont fait l'éloge de l'instrument remarquable qu'est l'orgue du Très-Saint-Nom-de-Jésus. Depuis peu, monsieur Yves Garand a succédé à monsieur Rousseau qui à pris la direction du Conservatoire de musique de Sagenay. Ce dernier, en plus d'avoir été organiste titulaire à l'église du Saint-Nom-de-Jésus, chef de chœur, professeur d'orgue et directeur général et artistique de l'événement Orgue et couleurs, recevait en novembre 2002 le prix Opus de directeur artistique de l'année décerné par le Conseil québécois de la musique dont il est devenu président en septembre 2006.
Enregistrements sur CD de l'orgue du Très-Saint-Nom-de-Jésus
Des organistes de grandes réputations ont enregistré des CD à l'orgue du Très-Saint-Nom-de-Jésus dont :
L'organiste John Grew, professeur à l'Université McGill à partir de 1973, organiste de réputation internationale, membre du Collège Royal Canadien des Organistes, de l'Association française pour la sauvegarde des orgues anciens et d'autres associations ou confréries organistiques au Canada, en France et aux États-Unis.
Monsieur Grew a enregistré les 5e et 9e symphonies de Charles-Marie Widor pour l'étiquette Atma, ACD 2 2370 (2007).
L'organiste américaine Roberta Gary, professeure d'orgue au Conservatoire de musique de l'Université de Cincinnati a enregistré des œuvres du compositeur et organiste français César Franck pour l'étiquette Arsis, SACD-401 (2005)
En 2003, l'étiquette Orgue et couleurs produisait un CD réunissant six jeunes organistes québécois qui porte le numéro « Artistes OC-01 ».
Les organistes duettistes Philip Crozier et Sylvie Poirier ont enregistré un CD de duos pour orgue comprenant des œuvres de divers compositeurs et organistes, dont deux de l'organiste et claveciniste québécois Denis Bédard pour l'étiquette Amberola, AMBC CD-7106 (1999).
Ayant obtenu un grand succès en Allemagne, la maison de disque Wergo reprenait le même CD, portant le numéro 7013-2 (2001).
Madame Sylvie Poirier, qui fut titulaire de l'orgue du Très-Saint-Nom-De-Jésus à la fin des années 1960 et au début des années 1970, a étudié l'orgue à l'école de musique Vincent d'Indy à Montréal où elle obtint son baccalauréat dans la classe de Françoise Aubut-Pratte. Elle s'inscrivit ensuite au conservatoire de musique du Québec à Montréal dans la classe d'orgue de Bernard Lagacé, obtenant un premier prix au concours de 1975. Elle compléta sa formation d'interprète auprès de l'organiste français Antoine Reboulot à la faculté de musique de l'Université de Montréal en classe de maîtrise.
Son conjoint Philip Crozier, né en Angleterre, est diplômé de l'Université de Cardiff. Il eut la chance extraordinaire d'être parmi les derniers élèves du célèbre organiste français André Marchal (1894-1980) de 1978 à 1980.
Virtuose de grand talent, monsieur Crozier est titulaire des grandes orgues de l'église St-James United Church de Montréal depuis 1986. L'église St-James se prépare à son tour à entreprendre des travaux de réfection de ses grandes orgues comme ceux qu'ont connus celles de l'Église du Très-Saint-Nom-de-Jésus.
Les duettistes Poirier Crozier ont donné, pendant 18 ans (de 1990 à 2008), des récitals de duos pour orgue qui les ont conduits en Amérique, en Europe, en Asie et en Australie de même que sur les ondes nationales du Canada, de la Pologne et de l'Estonie.
Madame Poirier a enregistré le monumental « Labyrinthe du monde et le paradis du cœur » de l'organiste et compositeur Tchécoslovaque Petr Eben (1929 – 2007) pour l'étiquette Azimuth JSP-003 (2006).
L'œuvre se veut une suite en quatorze mouvements comprenant un Prologue et un Épilogue qu'encadrent douze paraphrases du texte prophétique de Jan Amos Komensky, dit Comenius (1592-1670) qui porte le titre de « Labyrinthe du monde et le paradis du cœur ».
Créateur d'opéras, d'oratorios, de concertos, de musique chorale et de musique de chambre, Petr Eben a composé pour l'orgue des œuvres d'une grande richesse et d'une extraordinaire abondance. Le « Labyrinthe du monde et le paradis du cœur » est certainement l'œuvre par excellence pour mettre en valeur toute la richesse de timbre, toute la puissance d'expression et toute la beauté de l'orgue en même temps que la perfection acoustique du vaisseau sonore de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus. L'enregistrement de madame Poirier fut le point culminant d'une série de récitals au cours desquels des extraits du texte du « Labyrinthe du monde et le paradis du cœur », intercalés entre les douze paraphrases que comporte l'œuvre, étaient lus par la grande femme de théâtre Pol Pelletier qui furent acclamés par la critique. Madame Poirier étant également peintre et portraitiste, a créé douze tableaux à l'huile sur toile de 30"x 36" aux couleurs lumineuses représentant chacun des douze paraphrases de l'œuvre de Petr Eben, qui furent exposés à l'avant de la nef pendant son exécution. J'ai eu la chance de pouvoir me procurer un de ces tableaux, le numéro 6 : L'ignorance des savants. Les douze tableaux sont reproduits dans le livret du CD pour l'étiquette Azimuth JSP-003. Je ne puis que recommander l'audition de ce remarquable enregistrement pour découvrir Petr Eben d'une part et s'émerveiller de l'Opus 600 de Casavant d'autre part. Difficile à trouver, on peut se le procurer en envoyant un courriel à philipcrozier@sympatico.ca
C'est loin d'être terminé
Comme nous avons pu le lire dans le Devoir le 27 mai dernier, l'organiste Olivier Latry, titulaire du grand orgue de la cathédrale Notre-Dame de Paris et expert internationalement reconnu, fréquemment consulté pour la réfection d'orgues historiques, et son confrère Olivier Vernet, organiste et titulaire des grandes orgues de la cathédrale de Monaco, qui tous les deux ont donné des récitals à l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, reconnaissent la valeur patrimoniale et artistique exceptionnelle de l'Opus 600 de Casavant. Ici même, au Québec, tous les organistes consultés s'étonnent et se scandalisent du sort que l'on réserve à l'instrument autant qu'a l'église qui l'abrite.
En dehors du culte, l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus pourrait devenir pour l'Est de Montréal, plus particulièrement pour l'arrondissement Hochelaga-Maisonneuve, un lieu d'activités culturelles extraordinaire, son chœur pouvant facilement être transformé en scène capable d'accueillir un orchestre symphonique ou tout autre ensemble de moindre dimension sans que l'architecture des lieux en souffre le moindrement. Des récitals de chambristes et de solistes pourraient s'y tenir, un grand piano de concert sonnant admirablement bien dans le grand vaisseau de la nef. Avec un peu d'imagination et de la bonne volonté, ce lieu pourrait devenir un centre de rayonnement culturel de premier ordre. Tout est affaire de bonne volonté et de bon sen.
Finalement
J'espère que ces quelques considérations historiques, anecdotiques et biographiques trouveront chez vous quelques échos. Je ne suis ni le premier, ni le dernier qui vous interpellera sur la nécessité que quelque chose soit fait pour notre patrimoine bâti religieux. Comme monsieur Antoine Leduc, organiste et ex-secrétaire de la Fédération des amis de l'orgue l'a déjà écrit dans la Presse le 26 avril dernier, il est de votre responsabilité de voir à la conservation et à la protection de nos édifices patrimoniaux et il serait plus que temps que le Québec dispose d'une politique claire à cet égard attendu qu'il s'agit d'une question sociétale qui transcende l'Église et ses représentants. Vous et votre gouvernement êtes redevables au regard de l'histoire et de nos valeurs collectives qui jugeront sur ce que vous aurez fait ou omis de faire pour en assurer la pérennité.
Claude G. Thompson


Laissez un commentaire



7 commentaires

  • Claude G. Thompson Répondre

    24 juillet 2010

    Monsieur Barberis-Gervais, monsieur Parent et madame Morot-Sir,
    merci pour vos bons mots.
    Quelle tristesse que d’assister à la lente dégradation de notre patrimoine bâti et des trésors qu’il recèle. Tout ça parce que nos gouvernements et leurs ministres responsables d’établir des politiques pour en assurer la pérennité manquent à leur devoir et ne nous laissent que devant le constat affligeant de leur absence d’envergure et d’une totale insensibilité envers la nation qu’ils représentent et ceux qui l’ont fait s’épanouir.
    Une ministre de la culture incapable de voir et de comprendre l’importance d’un bâtiment patrimonial comme l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, des œuvres qu’elle contient et de l’instrument qu’elle renferme ne mérite pas d’occuper le poste qu’est le sien au sein d’un gouvernement digne de ce nom. Et c’est précisément à l’image du gouvernement corrompu et ignare qu’est celui dont elle fait partie que vont ses décisions.
    Il faut être vraiment ignorant de notre histoire et de celle des artistes, artisans et créateurs qui ont construit nos édifices patrimoniaux pour laisser aller dans une scandaleuse indifférence les œuvres que renferme l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus et l’opus 600 de Casavant, un instrument exceptionnel fabriqué en 1915, restauré à grands frais dans les années 1980/1990 par son constructeur d’origine et réputé à travers le monde pour son caractère unique, sa splendeur sonore et sa valeur irremplaçable du point de vu de la facture d’orgue. La maison Casavant Frères, située à Saint-Hyacinthe au Québec, a été fondée en 1879 par les frères Claver et Samuel Casavant après le décès de leur père, Joseph Casavant qui, en 1840, reçut sa première commande d’orgue neuf. Lorsqu’il se retira des affaires en 1866, il comptait à son actif quelque dix-sept instruments, dont deux d’importance pour les cathédrales catholiques de Bytown (Ottawa) et Kingston en Ontario. Joseph Casavant fut le premier facteur d’orgues important né au Canada. La compagnie Casavant Frères s’est acquis dès ses débuts une réputation qui a rapidement dépassé les frontières du Québec et continue aujourd’hui à produire de remarquables instruments que l’on peut voir et entendre sur les cinq continents.
    C’est donc bien davantage qu’un lieu de culte qui doit être protégé, conservé et reconnu; c’est aussi le symbole vivant de notre savoir-faire en art, en architecture, en facture d’orgue ainsi que l’implication de toute la cohorte d’artistes, d’artisans, de constructeurs et de citoyens engagés dans le développement le leur cartier, de leur ville et de leur nation que nous avons le devoir d’honorer afin qu’il nous reste à nous aussi le minimum d’honneur qui indéniablement, manque lamentablement au gouvernement libéral actuel et à ses représentants.
    Claude G. Thompson

  • Archives de Vigile Répondre

    24 juillet 2010


    Aux informations que j’ai envoyées, j’ajoute un témoignage personnel.
    Le plaidoyer de M. Claude G. Thompson est convainquant.
    En le lisant, j’avais le coeur serré en pensant à l’église de mon enfance qui a été démolie. C’était la belle église Sainte-Catherine d’Alexandrie située sur la rue Amherst près de la rue Robin entre Ontario et de Maisonneuve (à l’époque rue De Montigny). Dans un quartier populaire non loin du marché St-Jacques et du bain Généreux.
    Je me souviens du curé qui pressait ses paroissiens aux revenus fort modestes de donner pour que l’église soit de plus en plus belle en la rénovant. Ce qui fut fait.
    Un sentiment d’absurde nous envahit quand on voit de tels monuments détruits stupidement.
    L’église du Très-Saint-Nom de Jésus située au 4215 rue Adam dans Hochelaga-Maisonneuve a la chance d’avoir un comité de survie et des défenseurs de la qualité de Claude G. Thompson. Mon église Ste-Catherine d’Alexandrie n’a pas eu cette chance.
    Certes "on ne peut pas sauver tous les chats de ruelles". Ce genre de commentaire provenant de l’entourage de la ministre St-Pierre nous montre l’insignifiance de ce gouvernement et son manque de culture.
    Dans ce contexte, la colère d’Yvan Parent est parfaitement justifiée.
    Robert Barberis-Gervais, 24 juillet 2010

  • Archives de Vigile Répondre

    24 juillet 2010

    L'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus et son orgue sont menacés
    Québec n'a pas l'intention de lever le petit doigt
    Isabelle Paré 14 mai 2010 Québec
    Photo : Jacques Grenier - Le Devoir
    La vente de l’orgue serait d’autant plus déplorable que le gouvernement a déjà englouti 650 000 $ en 1995 pour le restaurer complètement.
    Le ministère de la Culture n'a pour l'instant pas l'intention de lever le petit doigt pour empêcher la démolition en juillet prochain de l'imposante église du Très-Saint-Nom-de-Jésus dans Hochelaga-Maisonneuve et la vente au plus offrant de son orgue magistral de 6218 tuyaux.
    Alors que le comité de sauvegarde du quartier se débat depuis près de deux ans pour rescaper l'église et son instrument unique, rien ne semble vouloir ébranler la position du ministère de la Culture. À moins d'un revirement subit, l'église sera détruite en juillet, a affirmé hier Carole Poirier, députée péquiste d'Hochalaga-Maisonneuve.
    Joint par Le Devoir cette semaine, le cabinet de la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, a en effet confirmé que rien n'était envisagé à court terme pour sauver l'église menacée, interdite d'accès depuis que des pierres risquent de se détacher de la façade. Certains vitraux présenteraient des signes de détérioration. Mais aucune mesure n'a été entreprise dernièrement pour réévaluer le statut patrimonial de l'église et de son instrument.
    «On a déjà classé une trentaine d'orgues, on ne peut pas faire une collection d'orgues. Car ça vient avec des responsabilités. On ne peut sauver toutes les églises, comme on ne peut pas sauver tous les chats qui sont dans les ruelles», a répondu cette semaine l'attachée de presse de la ministre, Valérie Rodrigue, précisant que le ministère concentrait ses subventions aux églises classées A, B ou C.
    Intervention d'urgence
    Pour ces raisons, la députée péquiste d'Hochelaga-Maisonneuve, Carole Poirier, et le comité de sauvegarde du quartier réclameront lundi en conférence de presse que Québec pose un geste d'urgence pour sauver ce patrimoine en péril qui, faute d'intervention, tombera sous le pic des démolisseurs en juillet. «On va réclamer un geste d'urgence pour que le gouvernement reconnaisse le caractère exceptionnel de l'orgue et de l'église», affirme la députée.
    Pour l'instant, l'église est classée C par le ministère de la Culture, qui ne lui reconnaît pas une valeur culturelle exceptionnelle. «Le 1er juillet, c'est la date-butoir. Il y a dans le quartier une mobilisation incroyable, mais il faut des sous pour faire les études pour évaluer la faisabilité de divers projets de revalorisation», affirme la députée. Divers projets ont été évoqués au cours des derniers mois, dont ceux d'un musée de l'orgue, d'une bibliothèque et d'un centre culturel.
    La députée et plusieurs autres observateurs ne cachent pas leur colère quant à l'immobilisme du ministère et déplorent le classement accordé à l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus par les fonctionnaires. «Il y a un problème au ministère de la Culture avec l'évaluation du patrimoine religieux. Il n'y a pas de plans clairs, et quand des églises sont fermées, on laisse entièrement aux communautés le soin de trouver des projets de conversion», déplore la députée.
    Acculé à un déficit d'un million de dollars, c'est le diocèse de Montréal qui a pris la décision de fermer l'église emblématique d'Hochelaga-Maisonneuve en juin 2009 et de s'en départir à compter de juillet prochain, si aucun projet de conversion n'aboutit. L'entretien de l'immeuble coûterait au bas mot 100 000 $ par an. La vente de l'orgue, reluqué par une paroisse de Toronto, par des Japonais et par une communauté religieuse de Lanaudière, rapporterait un demi-million au diocèse. Les coûts de déménagement dans une autre église, évalués à au moins 750 000 $, sont considérés comme prohibitifs.
    Pour Yves Garant, directeur du festival Orgue et Couleurs qui bat son plein à l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus chaque automne, la situation est critique. «Cet orgue est un moteur pour la vie de quartier. Les musiciens et les étudiants ne peuvent déjà plus y venir depuis juin 2009. On ne peut se permettre de perdre un orgue d'une telle valeur», dit-il.
    La vente de l'orgue serait d'autant plus déplorable que le gouvernement a déjà englouti 650 000 $ en 1995 pour le restaurer complètement, ajoute Carole Poirier. «La preuve de sa valeur exceptionnelle, c'est qu'il est convoité par des gens de partout», rétorque-t-elle.
    Construit en 1915, l'orgue de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus compte 91 jeux et quatre claviers, ce qui en faisait le sixième au monde en termes de grosseur au moment de sa construction. Quant à l'église, considérée comme la «cathédrale de l'Est», elle est remarquable non seulement par sa taille imposante, mais aussi par la richesse de sa décoration. De majestueux vitraux, livrés en secret depuis Paris pendant la Grande Guerre, ornent l'immense bâtiment.
    envoyé par Robert Barberis-Gervais, 24 juillet 2010

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    24 juillet 2010

    Votre lettre, Monsieur Thompson,adressée à Madame la Ministre de la Culture, devrait attirer non seulement l'attention de tout le gouvernement, mais aussi de tous les Québécois...
    Vos incroyables efforts devraient susciter en" Haut lieu" des réactions et des réponses favorables.
    Qui n'aurait pas d'état d'âme devant tous ces trésors du passé? Ce patrimoine appartient à tous les Québécois, de simple chapelle à Montréal, cela devint en 1903 la magnifique église du Très Saint Nom de Jésus, au style romano bysantin... Ses vitraux exceptionnels venus de Limoges, sertis du plomb réquisitionné en France illégalement... Ses bas reliefs évoquant la Céne...Son tableau "la Pentecôte"...Ses décorations en trompe l'oeil du peintre décorateur de Montréal Toussaint Renaud...
    Tant de merveilles encore, auxquelles se rajoutent les grandes orgues des frères Casavant, des orgues à traction penumatique, et leur restauration grâce au talent et à l'énorme travail effectué, mais grâce aussi à l'argent des collectes locales de nombreux citoyens, aux efforts conjugués des bénévoles et des personnalités locales, mais aussi des subventions du ministère de la Culture et du Patrimoine... Un instrument d'une telle facture qu'il serait sans doute impossible financièrement de l'acquérir, en ces temps de rigueur budgétaire d'aujourd'hui !.
    Comment ne pas tous réagir, se lever et s'insurger, afin de ne pas laisser se perdre une telle perfection acoustique dans un tel joyau que représente ce vaisseau sonore de cette église ..
    Nous vous remercions nombreux Monsieur Thompson de nous avoir permis de découvrir ce terrible sort qui est suspendu comme l'épée de Damoclès au-dessus de votre patrimoine .
    Souhaitons que nombreux soient les Québécois qui fassent entendre, comme vous, leur désir de conserver votre Passé vivant, afin que votre mémoire ne se perde jamais .

  • Archives de Vigile Répondre

    23 juillet 2010

    La clarté, l'érudition et la précision du texte de M. Claude G Thompson au sujet de l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus et son orgue, chef d'œuvre de la maison Casavant, est à l'extrême inverse de l'ambiguité, l'ignorance crasse et la bassesse du ministère de l'inCulture du gouvernement du Québec, honte internationale, et de sa ministre, Christine Saint-Pierre. Il est totalement inconcevable que l'église et son majestueux instrument ait été traîné dans la boue par la représentante de Mme. Saint-Pierre qui l'a comparé à des chats de gouttières dont on ne veut pas s'occuper.
    Il est bien sûr évident que ce ministère ne peut s'occuper de toutes les églises qui se vident mais l'aveuglement de leur ignorance, ne leur font même pas réaliser l'insondable bêtise de leurs actions et paroles et que parmi ces temples religieux, certains sont de véritables perles rares ce qui est la cas de l'église Très-Saint-Nom-de-Jésus.
    Toutefois, il ne faut pas oublier un point important dont je vous ai déjà parlé dans un texte précédent, jamais le gouvernement de Jean Charest ne fera quoi que ce soit pour rehausser le Québec et son patrimoine. TOUTES les actions de son gouvernement vont dans les sens de la destruction. Ne me croyez pas, observez. M. Claude G Thompson a tenté, armé de sa plume féconde, d'éveiller un minimum de bon sens dans ce gouvernement pourri pour des trésors qu'ils sont sur le point de brader pour des riens. Le mot ridicule est un euphémisme.
    J'ai eu l'honneur, que dis-je, le privilège d'assister, dans ce lieu privilégié de la musique d'orgue, au concert de Mme. Sylvie Poirier: « Labyrinthe du Monde et le Paradis du Cœur » de Petr Eben joué sur l'Opus 600 de Casavant dont M. Thompson a parlé dans son texte. Un peu délice. J'avais emmené avec moi un jeune de dix-huit ans qui se dit rocker. Honnêtement, il est venu par curiosité, n'ayant aucune idée de ce qui l'attendait. Il a écouté ce concert, « religieusement », sans mot dire, et m'a fait promettre de lui faire signe si j'allais dans un autre concert. Il en a été époustouflé. Avez-vous une idée de l'enrichissement que les jeunes pourraient aller chercher dans un tel lieu? Cette église, désacralisée des péchés de la chair et des culpabilités et resacralisée à la musique serait d'une extraordinaire richesse, que notre jeunesse n'aura même pas le loisir de connaître parce que d'imbéciles adultes ont trouvé plus important de se remplir les poches et celles de leurs ti-zamis que de permettre à cette jeunesse de s'élever quelque peu de cette fange politique.
    L'effort de M. Thompson est admirable mais mon espoir que son texte suscite de l'intérêt en « haut » lieu, est au ras des pâquerettes. C'est aussi improbable que de demander à un âne de nous réciter des poèmes de Beaudelaire.
    Ivan Parent

  • Archives de Vigile Répondre

    23 juillet 2010

    Si l'on en croit la dernière rumeur, Jean Charest devrait quitter le PLQ très bientôt et c'est madame Normandeau qui le remplacerait.
    J'espère qu'elles ne s'entendent pas...sinon le crêpage de chignon au sujet de la langue ce n'est pas pour bientôt.
    Mais mon petit doigt me dit qu'elles ne s'aiment pas trop...
    Attendons pour voir...

  • Archives de Vigile Répondre

    23 juillet 2010

    La preuve est faite qu'il ne faut rien attendre de cette femme obtue qui malheureusement est responsable de la langue et de la culture des Québécois. Un désastre complet qui prépare une tempête parfaite. Rousseau lui-même ne dirait pas mieux.
    À moins que dans un sursaut de lucidité et de courage, quelqu'un au-dessus d'elle lui foute la claque suageule qu'elle mérite amplement...