Pas de collusion entre le clan Trump et la Russie, d'après un résumé du rapport Mueller

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La théorie conspirationniste des démocrates fait pschitt !


« L’enquête n’a pas établi que les membres de la campagne Trump ont conspiré ou se sont coordonnés avec le gouvernement russe dans ses activités d’interférence lors de l’élection », peut-on lire dans le rapport du procureur spécial Robert Mueller, dont les principales conclusions ont été révélées dimanche par le procureur général des États-Unis, Bill Barr, dans une lettre au Congrès.


Ce courrier de quatre pages avait l’odeur de la victoire pour la Maison-Blanche, même si on en connaît encore très peu sur les détails de l’enquête initiée il y a deux ans afin de faire la lumière sur des liens soupçonnés entre l’équipe du candidat républicain à la présidentielle de 2016 et des éléments russes.


Très rapidement, d’importantes figures démocrates ont exigé que le rapport complet soit rendu public, estimant que le procureur général n’était « pas un observateur neutre ». « La lettre du procureur général [Bill] Barr pose autant de questions qu’elle apporte de réponses », ont écrit la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et le chef de file de la minorité au Sénat, Chuck Schumer. Le président de la commission de la justice de la Chambre des représentants, Jerrold Nadler, a aussi écrit sur Twitter qu’il appellerait Bill Barr à témoigner « dans un futur proche ».


Sur la seconde question d’importance abordée par M. Mueller dans son enquête, soit une potentielle entrave à la justice de la part du président, le procureur spécial s’est abstenu de trancher. « Tandis que ce rapport ne conclut pas que le président ait commis un crime, il ne l’exonère pas non plus », écrit M. Mueller, cité dans la lettre de M. Barr.


Reprenant la balle au bond, le procureur général a indiqué que les preuves n’étaient pas suffisantes pour établir que le président avait fait entrave à la justice dans cette affaire.


Malgré ce blanchiment partiel, le président Trump n’a pas tardé à se réjouir. « Après une longue enquête, après que tant de gens aient été blessés, après ne pas avoir regardé de l’autre côté, où beaucoup de mauvaises choses ont été faites […], il a été annoncé qu’il n’y avait pas eu de collusion avec la Russie », a-t-il déclaré à des journalistes avant d’embarquer à bord de l’avion présidentiel, en Floride. « C’est une exonération complète et totale », a-t-il tranché.



Le président américain recevra lundi et mardi à Washington un allié, le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, puis, déjà en campagne pour 2020, reprendra dès jeudi ses meetings.


Destitution


« C’est certainement une victoire pour Trump, estime Philippe Fournier, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal. C’est un peu de poids en moins sur ses épaules. Mais cela ne veut pas dire que d’autres enquêtes le concernant ne pourraient pas déboucher sur des accusations. »


En effet, pas moins d’une douzaine d’enquêtes émanant de celle de Robert Mueller sont actuellement en cours. Elles portent sur un spectre de questions plus large, comme les finances des entreprises de M. Trump et de sa famille. Cela dit, précise M. Fournier, ces autres enquêtes pourraient perdre en légitimité auprès du public avec un rapport Mueller dont les conclusions épargnent le président.


« Il ne faut pas oublier que de nombreuses accusations avaient déjà découlé de l’enquête Mueller », note pour sa part Julie-Pier Nadeau, chercheuse en résidence à l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM. L’enquête avait notamment entraîné la spectaculaire déchéance judiciaire de l’ex-chef de campagne de M. Trump, Paul Manafort, et de son ancien avocat personnel, Michael Cohen, tous deux condamnés à la prison pour des malversations diverses et des déclarations mensongères.


Et puis, selon Mme Nadeau, les démocrates ne diminueront pas la pression à Washington. « Le Congrès a un pouvoir d’enquête. Il va réclamer plus de transparence sur le fonctionnement de la campagne de l’équipe Trump en 2016 », dit-elle. Cela pourrait être une manière de contester implicitement certaines conclusions de l’enquête Mueller. « Peut-être obtiendront-ils des accusations ou des soupçons suffisants pour lancer une procédure de destitution du président, même si la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a récemment indiqué qu’une destitution n’était pas sur son radar pour l’instant. »


Vers 2020


Robert Mueller a mis un terme à ses recherches vendredi dernier à l’issue d’une enquête de 675 jours sur laquelle très peu d’éléments ont fuité, mais qui a tenu le pays en haleine, rappelant celle du Watergate, qui a poussé Richard Nixon à la démission en août 1974.


Le discret et méthodique ancien patron du FBI s’est rendu dimanche matin à l’église épiscopalienne Saint Johns, située juste en face de la Maison-Blanche. Il a brièvement souri aux photographes, sans dire un mot.


Pour Pete Buttigieg, candidat aux primaires démocrates pour les prochaines présidentielles, le document tant débattu est important, mais son camp ne doit pas perdre de vue l’échéance de novembre 2020.


« Il est possible que la seule réponse possible soit une procédure de destitution, mais, pour moi, la façon la plus claire de mettre fin au “ trumpisme ” est de le battre de manière massive dans les urnes », a-t-il expliqué à l’AFP.


Depuis des mois, Donald Trump n’a de cesse de dénoncer une « chasse aux sorcières » orchestrée par les démocrates, qui n’auraient pas digéré sa victoire-surprise le 8 novembre 2016 face à Hillary Clinton.


Cette semaine, il a ouvertement mis en cause la légitimité de l’enquête, prenant sa base électorale à témoin ; « C’est assez extraordinaire que lorsque vous avez remporté une grande victoire, quelqu’un arrive et rédige un rapport venu de nulle part. »



Avec l'Agence France-Presse




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