Opération HAM

Les quarante ans du Watergate canadien

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« À côté de ça, Watergate, c’était un vrai travail d’amateur »

Toute l’année 2012 durant, le gouvernement canadien a semblé atteint d’une passion irrépressible pour les commémorations. On nous a chanté les louanges de la reine Elizabeth II à l’occasion des 60 ans de son couronnement, même si les Québécois ont grandement pâti des effets de la monarchie britannique au cours de leur histoire.
Pour les 200 ans de la guerre de 1812, on nous a glorifié jusqu’à l’excès cet épisode pourtant jugé insignifiant par la plupart des historiens. On nous prépare même, pour 2014, les 150 ans de la Conférence de Charlottetown de 1864 et, pour 2015, les 200 ans de John A. Macdonald, premier premier ministre du Canada et fossoyeur des francophones de l’Ouest canadien. Mais que nous réserve donc Ottawa à ce chapitre pour 2013 ?
Une première possibilité se présente ce mercredi pour le gouvernement fédéral de nous servir cette année un autre concert de propagande nous faisant la démonstration des inestimables bienfaits de notre appartenance au « plusse meilleur pays au monde ».
Il est cependant peu probable qu’Ottawa saisisse cette occasion. Il y a 40 ans jour pour jour ce mercredi, se déroulait avec succès l’opération Ham, soit le vol par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) de la liste des membres du tout jeune Parti québécois.
Pas moins de 44 policiers de la section G (escouade antiséparatisme de la GRC) ont préparé cette opération illégale et néanmoins autorisée par les plus hautes autorités politiques. En effet, le 9 janvier 1973, à minuit quinze, trois policiers pénètrent par effraction dans les locaux des Messageries dynamiques, alors situés au 9820, rue Jeanne-Mance, à Montréal. Après de longues recherches, les policiers finissent par dénicher les bandes magnétiques d’ordinateur contenant la liste des membres du Parti québécois, objectif de leur mission.
Les bobines sont alors transportées en voiture à la compagnie d’informatique MICR Systems, située à l’édifice Westmount Square. Des experts en informatique mettront plus de 3 heures à décoder les bandes et copier la liste des membres du PQ. Un agent de la GRC retournera ensuite aux Messageries dynamiques, rue Jeanne-Mance, pour remettre les bobines à leur place. L’équipe de la GRC quitte les lieux à 5 h 15 du matin. « À côté de ça, Watergate, c’était un vrai travail d’amateur », estime le journaliste Richard Cléroux, auteur de Pleins feux sur les services secrets canadiens (Éditions de l’Homme, 1993).
Les commissions d’enquête Keable et McDonald nous apprendront plus tard que pendant plusieurs années après la Crise d’octobre 1970, la GRC a commis au Québec des attentats à la bombe, des incendies criminels, des séquestrations, des vols de dynamite et de faux communiqués du FLQ pour maintenir artificiellement un climat de peur et d’insécurité nuisible au mouvement indépendantiste.
En cette année 2013 où un gouvernement du PQ est au pouvoir, c’est le fils du premier ministre ayant donné carte blanche à la GRC pour commettre ces crimes qui est le favori dans la course à la chefferie du Parti libéral du Canada. Comme quoi les démocraties comme les aime Gérard Depardieu ont aussi la cote chez beaucoup de Canadiens.


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