Les méchants Montréalais

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Dubuc défend sa gang

Comme par hasard, les deux scandales dévoilés dans le rapport du Vérificateur général, déposé mercredi, mettent en cause des organismes montréalais, Tourisme Montréal, et le Centre hospitalier de l'Université de Montréal. Un hasard? Ou un symptôme du fait que le laxisme s'est étendu à toutes les facettes des activités de la métropole?
Il y a un autre facteur, qui n'explique pas tout, qui n'excuse certainement pas les dérives, mais qui contribue à éclairer le débat. Et c'est l'incompréhension, par l'appareil d'État québécois, des particularités d'une grande ville dans ses efforts pour faire entrer Montréal dans un moule conçu pour des réalités régionales.
C'est très clair dans le cas de Tourisme Montréal et du salaire de 398 000$ de son ancien PDG, Charles Lapointe, qui a suscité une indignation populiste. Est-ce excessif? Est-ce normal? À cette question, le Vérificateur général, prisonnier des normes dont il est le gardien, est incapable de donner une réponse intelligente.
«Toutes proportions gardées, écrit-il, il existe un écart important entre la rémunération et les autres avantages financiers du plus haut dirigeant de l'ATR de Montréal et ceux des trois autres ATR vérifiées.» Il s'agit des Associations touristiques régionales (ou ATR) des Cantons de l'Est, de Chaudière-Appalaches et de Québec! La comparaison est franchement ridicule. La taille de Montréal, la fonction même de Tourisme Montréal, justifient un écart salarial important.
De la même façon, quand le vérificateur général, commentant les dépenses de représentation et de déplacement élevées du DG, recommande de s'inspirer «notamment des règles applicables au gouvernement du Québec» - par exemple 250$ la nuitée - il manifeste une troublante méconnaissance de la fonction.
En tentant d'appliquer des normes inapplicables qui ne tiennent pas compte du contexte montréalais, on n'aide personne. Et pourtant, il est essentiel qu'un organisme comme Tourisme Montréal qui, sans être public, doit pouvoir répondre au public, soit régi par des règles claires.
Ce ne fut évidemment pas le cas. Il y a eu des abus gênants, des remboursements inacceptables, une culture de bar ouvert, une absence évidente de contrôles. Ce ne sont pas les normes du Conseil du trésor qui règleront le problème, mais des principes de gouvernance clairs et un conseil d'administration qui joue pleinement son rôle de fiduciaire.
On retrouve le même problème au CHUM, qui cherchait un directeur général pour un hôpital du futur comme il n'y en a pas ailleurs au Québec et pour lequel le Québec n'a pas d'expérience. Cela a mené au choix d'une candidature internationale, et donc à une rémunération internationale. On s'indigne maintenant du fait que ce salaire ne respecte pas les normes, fixées par le Conseil du trésor.
Notons toutefois que le dépassement de 70 000$ sur quatre ans, mesuré par le Vérificateur général, porte essentiellement sur une seule année, 2010-2011, et sur un désaccord sur le calcul des quarts de disponibilité qui déterminent l'allocation de disponibilité et la rémunération maximale. Il ne s'agit pas de malversation, mais d'une chicane technique entre bureaucrates.
Le vérificateur fait d'autres reproches, essentiellement sur des entorses pour les nominations des cadres supérieurs - affichage, échelles salariales, primes - qui ne respectent pas les règles du Conseil du trésor. Cela justifie un accompagnement du PDG et, encore là, un rôle plus actif du conseil d'administration pour imposer des règles de gouvernance.
Mais la réaction du ministre de la Santé, Réjean Hébert, qui brandit la tutelle pour le différend salarial, est disproportionnée et semble trahir un sursaut d'indignation provinciale.
Il faut accepter la différence montréalaise, mais aussi la gérer et l'encadrer intelligemment. Sinon, à coups de tutelles, on finira par vouloir confier la gestion des institutions montréalaises à des fonctionnaires de Québec, avec des salaires de fonctionnaires, dans l'espoir de transformer Montréal en gros Chaudière-Appalaches.


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