Les dénis et les aveux de la ministre Jérôme-Forget

Tribune libre

Au mois de janvier, la très agitée Monique Jérôme-Forget a déclaré que la CDPQ n’était pas la seule institution financière à subir des importantes pertes de rendement, en signalant que le richissime gourou de la finance, Warren Buffet, admettait avoir perdu 32% de son « portefeuille ». Mme Jérôme-Forget soutenait toujours qu’il n’y aurait pas de déficit, jusqu’à cette semaine.
Dans le cas de la CDPQ, l’expression « perte de rendement » relève d’un type de manipulation qui vise à minimiser la gravité de la situation. Nous avons affaire ici à bien plus qu’une banale perte de rendement que la dame de tôle bossée et rouillée tente désespérément de maquiller. De toute évidence, elle devrait parler plutôt d’une importante fonte de capital évaluée par certains à près de 30% de la valeur de la CDPQ.
Récemment très froissée et irritable, ce qui tranche avec cette assurance aristocratique qui avait caractérisé son énoncé du mois de novembre passé, elle se débat maintenant sur plusieurs fronts, sa crédibilité étant sérieusement ébranlée, avec son obstination du déficit zéro et à la lumière du favoritisme manifesté par son gouvernement à l’endroit du sénateur libéral Paul Massicotte, promoteur immobilier au service du Groupe Alexis Nihon et propriétaire d’Attractions Hippiques, de même que par la rémunération des cadres des sociétés d’État et leurs « primes de rendement », ainsi que toutes ces questions sur les perspectives de financement des PPP et le CHUM, des libéraux anonymes chuchotent que la « rigoureuse » et loyale ministre des Finances, à la sacoche usée munie d’un double fond, est à préparer sa sortie du monde politique avant la fin de l’année, ayant de plus en plus de difficultés à gérer la pression des questions embarrassantes de plus en plus fréquentes qui sont soulevées par l’incurie commune à elle et à son patron fantôme, ce premier ministre improvisé qui a fait en sorte que ça pète de partout.
En comparant les pertes estimées des caisses de retraites des autres provinces, on se rend compte que c’est pire au Québec. On aura plus de détails ou plus d’informations vers la fin de ce mois, quand le bilan de la Caisse sera présenté aux non initiés.
La très manipulatrice Mme Jérôme-Forget et M. Henri-Paul Rousseau doivent être convoqués le plus tôt possible devant une commission parlementaire afin qu’ils puissent s’expliquer, avec un peu plus de clarté, sur la gestion de risque à la CDPQ élaborée par Jean Charest à compter de 2004.
Ça urge aussi que la politique salariale des cadres des Ministères et des sociétés d’État soit revue et corrigée.
Maintenant, revenons un peu en arrière, plus précisément en date du 28 novembre 2007, quand Henri-Paul Rousseau avait déclaré solennellement qu’il voulait être jugé sur sa performance globale : «Je ne fais pas que des bons coups, mais je veux être évalué sur l’ensemble de mon travail» À la même occasion, il s’était voulu rassurant en affirmant que «la Caisse prend des risques de façon prudente », en prenant tout de même la peine de préciser qu’il avait « mal évalué le risque dans le cas du PCAA. »
Vu l’ampleur des pertes à la CDPQ imputables à sa gestion, je doute maintenant que M. Rousseau voudrait se soumettre à être jugé sur sa performance globale. Pourtant, la chose honorable à faire pour ce faux-jeton serait de renoncer à sa prime de départ et de restituer le salaire qu’il s’est fait payer sous de fausses représentations, depuis 2002.
Lorsqu’on aura les chiffres précis concernant les pertes reliées à ces mystérieux PCAA, qu’on connaîtra l’identité des émetteurs de ces titrisations bonnes à mettre au recyclage et qu’on saura quelles sont maisons de courtage qui ont transigé avec la CDPQ dans ce dossier nébuleux, les Québécois et leurs élus pourront en tirer les leçons qui s’imposent et j’ose espérer que notre patrimoine réduit sera éventuellement à l’abri des vautours incarnés par Jean Charest et Monique Jérôme-Forget.
Cette ministre des Finances et son chef sont rendus au bout du rouleau de la crédibilité et doivent être sanctionnés, ce qui aurait dû être fait aux élections du 8 décembre passé. Hélas, aucune justice en vue, Mme Forget aura droit à une retraite bien feutrée. Le couple Jérôme-Forget dispose d’un domaine au Mexique et d’une luxueuse maison dans les Laurentides, ce qui n’est pas le cas de la majorité des Québécois, dont certains devront prendre leur retraite avec des moyens beaucoup plus modestes.
Un des avantages substantiels dont a profité pleinement le gouvernement du PLQ avant les élections du 8 décembre 2008, c’est son contrôle de l’information qui est un atout important pour tout gouvernement sortant qui a des choses importantes à cacher ou qui veut se faire réélire sous des fausses représentations, le PLQ prétendant qu’ils sont des gestionnaires prudents. Si les électeurs québécois n’avaient pas été sciemment tenus dans l’ignorance et s’ils avaient eu accès aux informations détenues exclusivement par Charest et Jérôme-Forget avant ces élections précipitées de l’automne passé, le PQ aurait peut-être été élu avec un gouvernement minoritaire ou, dans le pire des cas, l’équipe de Charest serait demeurée minoritaire.
À mes yeux, la gestion désastreuse du patrimoine des Québécois par le PLQ remet encore en cause la légitimité et la crédibilité de ce gouvernement fantoche. Jean Charest devrait tout simplement démissionner, à l’exemple de sa ministre des Finances.
Daniel Sénéchal
Montréal


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