Legault: ne pas regarder de haut…

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Legault veut sortir du mépris de l'ère libérale

François Legault a une réelle conscience de la colère qui gronde chez de nombreux citoyens. Elle guide une partie de ses actions depuis le 1er octobre. Il veut la canaliser.


Ne faisons pas d’amalgame avec le déchaînement de violences en France, où, au départ, une colère légitime de citoyens s’estimant abandonnés a pris des proportions menaçant les institutions; où des bandes organisées de casseurs ont profité des événements; où certains «gilets jaunes», emportés et enhardis par les foules, ont eux-mêmes fini par participer à des dégradations; où des partis démagogues — du Front national (rebaptisé Rassemblement national) à celui du vociférateur de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon — ont attisé le feu; où les réseaux dits «sociaux» ont agi comme des détonateurs.


Pas d’amalgame. Mais il existe néanmoins et depuis longtemps une exaspération chez bon nombre de citoyens partout en Occident — pour ne parler que de cet ensemble géopolitique. Et le Québec n’y échappe pas. Or, ce mécontentement a paru jusqu’à il y a peu être ignoré par nos responsables politiques.


Deux petites phrases qu’il a prononcées ces derniers jours témoignent indéniablement de la conscience que François Legault en a. Il vaut la peine de les relever, car elles en disent long.


«On doit éviter de regarder de haut, avec mépris, les inquiétudes légitimes de la population québécoise», a déclaré le premier ministre il y a 10 jours. 


C’était dans le discours inaugural qu’il a prononcé pour ouvrir la courte session parlementaire qui s’est achevée ce vendredi. Il parlait d’immigration.


C’était une façon de distinguer son gouvernement de celui de Philippe Couillard. C’était aussi une façon pour lui de dire qu’il veut être à l’écoute de certaines préoccupations qui, à tort ou à raison, ont grandi au fil du temps.


«Mon gouvernement ne va pas regarder de haut le portefeuille des Québécois», a par la suite affirmé le premier ministre. Cette fois, c’était ce lundi, lors du dévoilement de la mise à jour économique. Pour bien des citoyens, même une petite réduction de taxes et d’impôt est la bienvenue, a-t-il ajouté.


De quoi parlait-il au fond à ce moment-là? Du pouvoir d’achat. Un thème qui prendra de plus en plus d’importance dans l’avenir et qui ne devrait pas interpeller que les gouvernements, mais aussi les entreprises.


Ne pas regarder de haut. Prendre en compte les inquiétudes. Que l’on soit d’accord ou pas avec certaines politiques de son gouvernement, il n’en demeure pas moins que cette conscience du premier ministre Legault est non seulement la bienvenue, elle est légitime. Elle a d’ailleurs déjà concouru à une forme d’apaisement au Québec.


Ouvrir largement les débats


Le chef du gouvernement doit être à l’écoute, oui. Mais tenir compte des multiples inquiétudes et demandes liées aux thèmes énoncés plus haut, l’immigration, ainsi que les taxes et les impôts, ne signifie pas que toutes doivent être avalisées sans considération.


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