Le projet de loi sur les valeurs fondamentales n'aura pas de suite

Citoyenneté québécoise - Conjoncture de crise en vue



La chef péquiste Pauline Marois a fait valoir que son projet, s'il était adopté, empêcherait quiconque d'utiliser la religion «pour être servi par un homme plutôt qu'une femme». Il changerait «vraiment les choses», a-t-elle dit. Photothèque Le Quotidien

Jean-Marc Salvet - (Québec) Le gouvernement Charest ne donnera pas suite au projet de loi du Parti québécois «visant à affirmer les valeurs fondamentales de la nation québécoise». Il soutient que ce projet serait sans effet, qu'il n'aurait aucun effet concret.
Certains ont été surpris, mardi, de voir les élus libéraux voter de manière à permettre à la chef du PQ, Pauline Marois, de déposer son projet de loi sur les valeurs québécoises.
Mais il n'est pas question pour le gouvernement libéral d'aller plus loin que l'étape qu'il a laissé franchir au projet numéroté 391, a appris Le Soleil. Les libéraux le laisseront «mourir au feuilleton», comme le veut l'expression consacrée pour désigner les projets de législation auxquels aucune suite n'est donnée.
C'est ce qui s'est déjà produit avec le projet de loi 195 sur l'identité québécoise, plus controversé, celui-là. Il a été présenté par le Parti québécois il y a deux ans. Sans succès.
Le nouveau projet de Mme Marois propose de modifier le préambule de la Charte des droits et libertés de la personne pour y affirmer que «l'égalité entre les femmes et les hommes, la primauté du français et la séparation entre l'État et la religion sont des valeurs fondamentales de la nation québécoise».
La chef péquiste a fait valoir que son projet, s'il était adopté, empêcherait quiconque d'utiliser la religion «pour être servi par un homme plutôt qu'une femme». Il changerait «vraiment les choses», a-t-elle dit.
Il ne faut plus qu'il y ait «d'ambiguïté lorsqu'on a à interpréter des lois, lorsqu'on a à interpréter des règlements, lorsqu'on a à prendre des décisions comme administrateurs, comme décideurs ou comme chefs d'institutions.
«Alors que la loi 101 est encore charcutée par la Cour suprême, que le gouvernement cafouille avec la question de la laïcité de l'État, il est grand temps d'envoyer un message clair en inscrivant ces valeurs dans notre Charte.»
Patrimoine historique
Comme le député Alexandre Cloutier l'avait indiqué au Soleil, samedi, le projet fait référence au «patrimoine historique du Québec». Il s'agit de préserver des symboles comme le crucifix à l'Assemblée nationale ou la croix sur le Mont-Royal. «On ne va pas tomber dans la pure folie, a commenté la chef péquiste. On ne va pas renier ce qu'on est.»
Chez Québec solidaire, Françoise David s'étonne que le crucifix accroché au-dessus de la tête du président de l'Assemblée nationale par Maurice Duplessis en 1936 puisse faire partie du «patrimoine historique» québécois. «Doit-on conclure que le PQ cherche à protéger l'héritage de Duplessis?» demande-t-elle.
Si le gouvernement libéral laisse effectivement ce projet dans les limbes, l'équipe de Pauline Marois fera valoir que seule l'élection d'un gouvernement du Parti québécois permettra d'inscrire ces «valeurs» dans le préambule de la Charte.


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