Le pouvoir abusif de <i>Tout le monde en parle</i>

Médias et politique




Jean Charest et Pauline Marois sur le plateau de l'émission de fin d'année de Tout le monde en parle, diffusée le 31 décembre dernier. Photo Radio-Canada


(Québec) Guy-A a invité à son émission nationale de l'année une brochette de politiciens importants: Jean Charest, Pauline Marois, Gilles Duceppe, Jack Layton, Régis Labeaume et Gérald Tremblay.
Il aurait été impossible pour eux de ne pas se présenter à la cour de Guy A. Celui-ci a même sommé Labeaume d'expliquer pourquoi il ne s'était pas présenté plus tôt. «Trop occupé par le 400e», a répondu le maire de Québec en baissant la tête. Tous ces grands manitous de la politique se sont montrés polis, sages comme des images, gentiment exposés les uns à côté des autres. Ils se sont distribué des sourires, ils se sont fait des mamours. Charest à même donné un bizou à Pauline, sous le regard amusé de Guy A. Et quand Chantal Hébert est entrée dans la salle pour la distribution des prix, les maîtres de notre destinée nationale et fédérale sont devenus inquiets. Ils se rappelaient que le verdict de cette femme juge avait détruit la carrière politique de l'un des leurs, Mario Dumont. La juge Hébert se sentait en force. Elle connaît les politiciens. Elle sait que cette race de monde, pour bien paraître devant les caméras, n'hésite pas à se laisser charrier par Infoman.
Ils ont accepté toutes ses critiques: leurs défauts de politiciens, leurs stratégies à courte vue, leurs mauvais coups, leur impréparation, leurs petites réussites. Ils l'ont fait sans rechigner, en silence, en approuvant de la tête, avec humilité, comme des novices en communauté religieuse. Et la caméra, de temps en temps, nous montrait la juge Hébert, la main sous le menton, à l'image du penseur de Rodin. Ils étaient prêts à toutes les veuleries, à toutes les lâchetés pour se faire aimer des deux millions de téléspectateurs qui les dévisageaient sur leur petit écran.
La veulerie la plus remarquable doit être attribuée à Pauline: le roi Guy A., sentant que la politicienne était mûre pour toutes les complaisances, lui a demandé: «Dites-nous quel est l'artiste québécois que vous admirez le plus?» Pauline a répondu, les yeux brillants d'émotion: «Patrick Huard». Et Patrick Huard, adoré des Québécois, même dans ses films les plus ratés, était là, en chair et en os, assis à côté d'elle, parmi les invités.
C'est ainsi que nos politiciens se tirent dans le pied. À force de vouloir se faire aimer, il en arrivent à distiller le mépris dans le peuple. Je pense à Trudeau, que nous n'aimions pas tous - et pour cause - mais que nous respections. Parce qu'il était courageux, parce qu'il n'hésitait pas une seconde à mettre son pied au cul de quelqu'Infoman que ce soit qui lui collait aux fesses.


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