Le port de signes religieux dans la fonction publique

Nous sommes tous et toutes Québécois et avons tous et toutes les mêmes droits.

Port de signes religieux

Montréal, le 15 mai 2009
Depuis que la Fédération des femmes du Québec (FFQ) a voté, samedi dernier, de s'opposer à l’interdiction du port de signes religieux dans la fonction publique, plusieurs personnes sont montées aux barricades, invoquant que cette position représente un recul pour les droits des femmes. Non seulement nous saluons la prise de position courageuse de la FFQ, nous considérons également qu’il en va de la santé de notre société et de la sauvegarde de l’État de droit qu’est le Québec. C’est bel et bien un geste d’ouverture à l’autre et de participation citoyenne que la FFQ a posé. Interdire à certaines personnes de contribuer à la société est un acte discriminatoire, indigne d’une société qui se veut ancrée dans la justice sociale.
Le débat tourne souvent autour du hijab (le voile islamique), donc revenons un peu sur la réalité des choses. Est-il besoin de rappeler que le taux de chômage chez les Noirs et les Maghrébins est plus du triple de la moyenne québécoise ? Soulignons également que l’État est le principal employeur des femmes au Québec. La question s’impose: pourquoi ajouter une couche de discrimination de plus envers des femmes déjà marginalisées?
Ceux et celles qui décrient la position de la FFQ croient-ils donc qu’il existe des motifs valables à la stigmatisation et à la discrimination en emploi ? La FFQ a bien fait de souligner dans son document de réflexion que l’accès au travail est la clé maîtresse de l’autonomie financière et de l'égalité des femmes. Plus globalement, nous estimons que le droit au travail est un droit inaliénable et qu'il est capital dans la lutte contre la pauvreté. La lutte à la pauvreté est intimement liée à la lutte contre les inégalités, puisque pauvreté et exclusion sont trop souvent des sœurs siamoises. C’est par le travail que passent l’intégration sociale et la pleine réalisation de soi. Assurer à tous et toutes le droit d’accès aux emplois du secteur public est donc directement lié à un droit fondamental: le droit au travail.
Bien qu’un des arguments souvent invoqués dans le débat repose sur la nature laïque de l’État québécois, trop de gens oublient que ce ne sont pas les individus qui doivent être laïcs mais bel et bien les institutions publiques. L’appareil de l’État, incluant tous les services offerts par lui, a pour rôle de traiter de façon juste et égale tous les citoyens et citoyennes, sans discriminer les uns des autres. Les fonctionnaires de l’État sont des personnes à part entière, ayant chacun et chacune des parcours de vie distincts. Cela étant dit, ce dont le public s’attend des employé-e-s de l’État est la compétence et le professionnalisme, deux qualités présentes chez les Québécois de toutes souches confondues, quelque soit leur conviction religieuse.
Nous admettons cependant que dans certaines fonctions où une personne agit formellement en tant que représentante de l'autorité étatique, le port de signes religieux ostentatoires n'est pas approprié. C'est, par exemple, le cas des juges.
En somme, la prise de position des membres de la FFQ vient, selon nous, réaffirmer que le Québec est une société dans laquelle nous refusons qu’il existe des droits différenciés, et des citoyens et des citoyennes de seconde zone. Accorder à toutes les femmes le droit de travailler dans les secteurs public et privé n'est pas un privilège mais bien un droit qui est acquis à tous les Québécois et à toutes les Québécoises. Cette position lance un message fort: nous sommes tous et toutes Québécois et avons tous et toutes les mêmes droits.
Signataires

Mélissa Abboudc -

Gisèle Ampleman -

Geneviève Baril, féministe -

Jean-Jacques Bédard -

Paul Bélanger, professeur en éducation des adultes à l’UQAM -

Naïma Bendriss, chercheure et militante des droits humains -

Adelle Blackett, professeure agrégée titulaire de la Chaire William Dawson de l’Université McGill -

Louise Blanchet -

Louise Boivin, doctorante en Relations industrielles -

Marie-Hélène Bonin, féministe et altermondialiste -

Gisèle Bourret, féministe -

Andrée Brosseau -

Evelyn Calugay, Centre des femmes philippines PINAY -

Centre des travailleuses et travailleurs immigrants -

Centre justice et foi -

J C Chayer -

Neïla Chihi, éducatrice spécialisée et militante féministe -

Léa Cousineau -

Jérémie Cornut, chargé de cours au département de Science politique de l’UQAM -

Anne-Marie David, professeure en Techniques de travail social, Cégep du Vieux Montréal -

Françoise David, porte-parole de Québec solidaire -

Sylvie Desautels -

Louise Desmarais -

Sujata Dey -

Bonnie Diamond -

Ariane Émond, animatrice et féministe -

André Frappier, syndicaliste -

Élisabeth Garant -

Julius H. Grey, avocat GreyCasgrain -

Lorraine Guay -

Nancy Guberman, professeure en travail social, UQAM -

Jill Hanley, professeur adjointe à l’École de travail social de l’Université McGill -

Pat Harewood -

Rachel Heap-Lalonde, membre du CrapN’ -

Claire Hurtig -

Jean-Claude Icart -

Nicole Jetté -

Mikhail Kapellas, producteur à Radio Centre-Ville, CINQ 102,3 FM -

Joneed Khan, journaliste retraité -

Mira Khazzam -

Denis Kosseim, président de Parole arabe -

Jacques Labonté -

Marie-France Lamarche, Centre des femmes l’Essentielle -

Geneviève Larouche, militante féministe -

Carole Lebel -

Carole Lejeune -

Raymond Legault -

Abby Lippman, professeure agrégée à l’Université Mcgill -

Hélène Loiselle -

Hélène Madore, anthropologue sociale -

Valérie Martel -

Delice Mugabo, jeune féministe -

Michel Morisset, Nadianick International -

Vrinda Narain, professeure adjointe à la faculté de Droit de l’Université McGill -

Francine Pelletier, réalisatrice -

Pierrette Pelletier, SMNDA-ARPF -

Fabienne Preséntey, membre de Voix juives indépendantes -

Noura Rahmani, étudiante en santé -

Émilie Raymond, étudiante à la maîtrise de l’Université de Montréal -

Ingeborg Reed, pharmacienne -

Olivier Robichon, enseignant -

Ruth Rose,professeure associée de sciences économiques de l'UQAM -

Blanche Roy, féministe et syndicaliste -

Dina Saikali -

Ana Maria Seghezzo D’Urbano -

Diane Shea, membre du Centre communautaire des femmes sud-asiatiques -

Gwendolyn Schulman -

Christiane Sibillotte -

Michelle Smith, cinéaste -

Les Soeurs Auxiliatrices -

Susan Sokol -

Barbara Szeicz, travailleuse sociale -

Young Jews for Social Justice -

Scott Weinstein, membre de Voix juives indépendantes


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