Le moment CAQ

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« Voir un géant comme le PQ se faire virer comme une crêpe par un nain comme Québec solidaire, c’était particulièrement pénible. »

« Le Parti québécois veut vivre son moment PKP jusqu’au bout. Il faut l’accepter », a dit Jean-François Lisée lorsqu’il s’est retiré de la course à la direction du PQ en janvier 2015.


Si l’on se fie aux récents sondages, dont le dernier Léger publié dans Le Devoir, il semble que les Québécois veulent vivre leur moment CAQ.


TU TE LAISSES ALLER


Je sais que huit mois, c’est une éternité en politique, mais j’ai l’impression que ça prendrait un miracle pour que Jean-François Lisée réussisse à renverser ce mouvement.


Tu as beau maigrir et changer de look, une fois que ta douce moitié décide de faire ses bagages et de partir, il n’y a pas grand-chose que tu puisses faire pour la retenir.


Vous connaissez la chanson de Charles Aznavour, Tu te laisses aller ?


C’est l’une des chansons les plus déprimantes jamais écrites.


Un gars dit à sa femme qu’il ne la trouve plus désirable.


« Ah, tu es belle à regarder / Tes bas tombant sur tes chaussures / Et ton vieux peignoir mal fermé / Et tes bigoudis ? Quelle allure !


Je me demande chaque jour / Comment as-tu fait pour me plaire / Comment ai-je pu te faire la cour ? / Et t’aliéner ma vie entière...


Comme ça, tu ressembles à ta mère/T’as rien pour inspirer l’amour... »


J’ai l’impression que c’est ce que les électeurs disent au PQ.


Tu te laisses aller, tu te laisses aller...


LE MÉPRIS


Parfois, dans les couples, il y a des moments qu’on pourrait qualifier de « charnières ». Des moments au cours desquels des changements importants s’opèrent.


Souvent, ce sont des événements insignifiants qui font pencher la balance.


Une femme voit son mari se gratter les fesses, par exemple. Ou acheter un vin cheap à la SAQ parce qu’il veut économiser de l’argent.


À première vue, c’est un détail banal, quelconque. Mais comme une cellule cancéreuse, ce détail s’incruste dans ta mémoire, entre dans ton cœur et détruit peu à peu l’amour que tu avais pour cette personne.


L’écrivain Alberto Moravia décrit très bien un de ces moments charnières dans son roman Le Mépris (qui a été magnifiquement porté à l’écran par Jean-Luc Godard).


Une femme cesse soudainement d’aimer son mari après l’avoir vu faire des courbettes devant son patron. Elle qui l’adorait et l’admirait, voilà maintenant qu’elle le méprise.


Comme ça, en une seconde.


Le gars a beau faire tout ce qu’il peut pour raviver la flamme de son épouse, c’est fini.


Eh bien pour moi, ce moment charnière qui a tout fait balancer, c’est quand Jean-François Lisée s’est mis à courtiser Québec solidaire.


Qu’un parti aussi important, aussi noble que le PQ s’abaisse à flirter avec les troupes de Manon Massé, je m’excuse, mais cela a fait débander beaucoup d’électeurs, j’en suis convaincu.


LA REBUFFADE


En entrevue, Jean-François Lisée m’a dit qu’il n’avait pas le choix de tendre la main à Québec solidaire, que s’il ne l’avait pas fait, on le lui aurait reproché.


Peut-être.


Mais voir un géant comme le PQ se faire virer comme une crêpe par un nain comme Québec solidaire, c’était particulièrement pénible.


Ça sera difficile de nous faire oublier ce moment gênant...