Le «Globe and Mail» adopte l’enveloppe brune électronique

Le quotidien torontois met en place une plateforme de communication numérique sécurisée pour les sonneurs d’alerte

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Action, réaction. The Globe and Mail devient le premier média canadien à offrir une plateforme de communication numérique sécurisée aux sonneurs d’alerte qui voudraient lui transmettre des informations secrètes. Cette mesure veut contourner l’espionnage généralisé des communications par les gouvernements.

Le quotidien de Toronto a annoncé son intention jeudi. La mécanique mise en place utilise la « boîte » électronique SecureDrop.

« Les fortes entreprises de presse dépendent de partenaires courageux, souvent secrets, pour faire circuler l’information, a expliqué David Walmsley, rédacteur en chef du journal. SecureDrop est l’équivalent, en ce début du XXIe siècle, de l’enveloppe brune : la plateforme garantit la confidentialité quand il faut diffuser du matériel dans l’intérêt du public et qu’il n’existe pas d’autres moyens d’y arriver. »

L’outil de communication sécurisée a été raffiné et popularisé par la Freedom of the Press Foundation (FPF). L’organisation californienne fondée en 2012 vient en aide aux journalistes et aux médias qui dénoncent la corruption des gouvernements et militent pour plus de transparence. La FPF a notamment soutenu le site lanceur d’alerte WikiLeaks.

SecureDrop est déjà utilisé par The Guardian, The Washington Post, The New Yorker et le site ProPublica. Le système protège les fournisseurs de documents contre les interceptions par des gouvernements ou des puissances malfaisantes.

Le gouvernement Obama a poursuivi plus de sources que tous les gouvernements précédents. En général, les autorités obtiennent des renseignements des compagnies fournissant des services Internet ou de téléphonie.

Les grandes entreprises d’informatique ont tenté de corriger un peu leurs pratiques depuis les révélations sur l’ampleur de l’espionnage gouvernemental qu’a faites le sonneur d’alerte Edward Snowden, il y a deux ans. Les ordinateurs américains espionnent les courriels et les conversations des citoyens du monde.

Des géants comme Google et Facebook ont, par exemple, modifié leur politique respective pour avertir leurs abonnés quand un tiers réclame des renseignements personnels à leur sujet. Elles ont aussi amorcé des pressions sur le gouvernement américain pour obtenir plus de transparence dans les demandes d’accès à des renseignements privés.

La FPF a dépêché deux spécialistes aux bureaux torontois du Globe and Mail pour enseigner aux employés la façon d’utiliser la plateforme d’échange. Il en existe plusieurs autres : BalkanLeaks (à vocation régionale), Frenchleaks (géré par Médiapart) et GlobaLeaks. Cette dernière, lancée en Italie, a depuis été utilisée par Le Monde, des médias tunisiens et des organisations de défense des animaux.

Plusieurs médias d’envergure ont aussi commencé à utiliser des systèmes de cryptage dans leurs échanges courants, y compris entre les directions et les journalistes, afin de protéger la confidentialité des enquêtes en cours. L’institut Poynter, de la Floride, qui étudie et conseille les médias, suggère d’étendre cette pratique.


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