Le Conseil de presse blâme la journaliste Lisa-Marie Gervais

Le Devoir se croit au-dessus de tout.

La manipulation médiatique contre la Charte sur la laïcité.

Tribune libre

Contexte de la plainte faite au Conseil de presse (septembre 2013).

En septembre 2013, j’informais les lecteurs de Vigile sur ma plainte déposée au Conseil de presse contre la journaliste Lisa-Marie Gervais et le quotidien Le Devoir concernant un article publié, le 11 septembre 2013, en première page intitulé : « C’est une charte contre les femmes ».

Suite à une entrevue qu’elle avait faite avec six jeunes femmes musulmanes et universitaires, portant le voile, la journaliste consacrait plusieurs paragraphes sur leurs dénonciations de cette charte. La journaliste qualifiait ces universitaires de jeunes femmes modernes, ouvertes, pas soumises, qui assumaient elles-mêmes leurs destins. L’article paraissait en première page avec une photo des six jeunes musulmanes au moment où le débat sur la charte était à son pic.

Ces femmes dénonçaient surtout la discrimination causée par la charte alors qu’elles cherchaient à s’intégrer dans la société québécoise. J’ai demandé au journal Le Devoir d’ajouter des rectifications puisque la journaliste laissait dans l’ombre plusieurs faits.

Est-ce que la journaliste Lisa-Marie Gervais, savait que Hajar Jerroumi (l’une des six femmes) était la porte-parole féminine du Collectif Undependance qui était en partenariat avec le Conseil musulman de Montréal pour organiser la conférence « Entre ciel et Terre » qui devait avoir lieu à Montréal le 7 et 8 septembre 2013 ?

Hajar Jerroumi avait même participé à une conférence de presse conjointe (Collectif Indépendance et Conseil musulman de Montréal), le 30 août 2013. Elle affirmait fermement que les conférenciers invités n’étaient pas des islamistes radicaux.

Madame Gervais rencontre ces femmes voilées le 10 septembre 2013, soit 10 jours après qu’un autre article dans Le Devoir, paru le 30 août, signé par le journaliste Zabihiyan, dans lequel nous apprenons que Hajar Jerroumi est la porte-parole féminine du Collectif Undependance. Nous la voyons sur une photo publiée par Le Devoir, assise avec Ishaq Mustaqim du Collectif Indépendance et Salam Elmenyawi du Conseil musulman de Montréal.
C’est Hazar Jerroumi qui, le 30 août 2013, prétend que ces conférenciers ne sont pas des radicaux. C’est dans l’article de la journaliste Gervais que l’on peut lire : « Non, décidément, la Charte ne passe pas auprès de ces jeunes femmes qui se disent féministes, leur destin parfaitement pris en main ».

Sur le site du Collectif Undependance on pouvait lire que « l’indépendance peut se définir comme l’état de quelqu’un d’autonome. Sachant que personne ne connaîtra réellement cet état d’autonomie, nous préférons parler d’une unique dépendance. Cette dépendance est en fait une soumission face à L’Unique, le Créateur de toute créature, Le Tout-Miséricordieux, Le Très-Miséricordieux. Cette dépendance sincèrement à Allah permet une indépendance face à la vie d’ici-bas. En d’autres termes, c’est une dépendance, en état d’espoir et de crainte, quant à l’accession au paradis ».

Ce charabia mystico-religieux qui s’adresse surtout aux jeunes musulmanes et musulmans est caractérisé surtout par un appel à la soumission, à la crainte et à l’espoir quant à l’atteinte du paradis.

Ces six jeunes femmes ont le droit d’être de bonnes musulmanes mais Le Devoir a manqué à son devoir en publiant en première page cette article sans prendre des précautions élémentaires, d’où la plainte au Conseil de presse le 18 septembre 2013.

Décision du Conseil de presse (mai 2014).

En mai 2014, j’ai reçu la réponse du Conseil de presse. Le Comité comptait cinq membres : Mme Audrey Murray et Mme Micheline Rondeau-Parent(représentantes du public), M. Luc Tremblay (représentant des journalistes) et M. David Johnston et M. Raymond Tardif (représentants les entreprise de presse).

En gros, je reprends ici le texte même de la décision du Conseil de presse :

Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec retient, à la majorité, la plainte de M. Jean Archambault contre la journaliste Lisa-Marie Gervais et le quotidien Le Devoir, pour les griefs d’information incomplète et refus de rectificatif.

Selon M. Archambault, lorsque la journaliste présente la position de 6 jeunes femmes musulmanes sur la Charte des valeurs, elle omet de mentionner que 3 d’entre elles sont membre du Collectif Indépendance (Collectif), dont Mme Hajar Jerroumi est l’une des porte-parole. Le plaignant souligne que le Collectif était l’organisateur, en partenariat avec le Conseil musulman de Montréal, de la conférence controversée « Entre ciel et Terre » qui devait avoir lieu au Palais des congrès, le 7 ou 8 septembre 2013, et qui avait comme conférenciers deux islamistes, dont Nader Abou Anas, de tendance salafiste, la branche la plus radicale, qui prêche que « la femme est la servante d’Allah », qu’elle doit « raser les murs » lorsqu’elle est autorisée à sortir de chez elle et qu’elle « n’est pas libre de faire ce qu’elle veut dans ce monde ».

Selon le plaignant, ces propos étaient niés par Mme Jerroumi, lors d’une conférence de presse organisée par le Collectif avant la venue des conférenciers. Le plaignant considère qu’il était essentiel pour le lecteur d’avoir en main ces informations pour avoir un tableau complet de ces jeunes femmes qui s’exprimaient contre la Charte.
Mme Josée Boileau, rédactrice en chef, du Devoir reconnaît qu’il y a un manque de précision dans l’article, mais que ce n’était pas volontaire. (…) Selon la rédactrice en chef, Mme Jerroumi ne jouit pas d’une grande notoriété, et en conséquence on peut difficilement reprocher à la journaliste de ne pas la connaître.

Bien que le plaignant mentionne que trois des six jeunes femmes interviewées étaient membres du Collectif 1ndépendance, le Conseil n’a pas été en mesure de retracer les liens possibles de deux de ces jeunes femmes à ce groupe, le site Internet du Collectif n’existant plus. Cependant, le Conseil a constaté que Mme Hajar Jerroumi est une personne active dans la communauté musulmane et que l’organisme, dont elle est une des porte-parole, a pris une position ferme contre la Charte, ce qui fut relaté dans de nombreux médias. De l’avis de la majorité des membres (3/5), la journaliste a manqué de rigueur en n’expliquant pas comment furent recrutées ces jeunes femmes interviewées, en ne mentionnant pas le rôle joué par Mme Jerroumi dans sa communauté ainsi que son appartenance au Collectif 1ndépendance. De plus, ces informations auraient apporté un éclairage important sur les positions de ces jeunes musulmanes qui, autrement, risquaient d’être perçues comme de simples étudiantes.

Cependant, deux membres du comité expriment leur dissidence et estiment que la teneur des propos était anodin et que le degré de notoriété n’était pas suffisant pour rendre obligatoire l’identité de Mme Jerroumi.

Le grief pour information incomplète est retenu.

Le plaignant reproche aussi au Devoir de ne pas avoir répondu à sa demande de rectification et de n’avoir apporté aucun correctif à l’article.

Le Conseil constate que la lettre de M. Archambault, demandant une rectification, a été transmise au Devoir le 24 septembre 2013, soit 13 jours après la publication de l’article. Trois jours plus tard, soit le 27 septembre, M. Archambault déposait une plainte au Conseil de presse, qui l’a ensuite transmise au Devoir, le 4 octobre 2013. Le Conseil note que le journal n’a effectué aucun rectificatif après réception de la demande du plaignant, ni après avoir reçu la plainte par le Conseil, soit huit jours plus tard, et qu’en date de la présente décision, aucun correctif n’a été apporté à l’article. La majorité des membres (3/5) estime que compte tenu du fait que l’information publiée était incomplète, ce que reconnaît d’ailleurs le Devoir, ce dernier avait l’obligation d’effectuer les corrections avec diligence.
Cependant, les deux membres dissidents expriment leur désaccord également sur ce point et considèrent que le mis en cause n’avait pas à publier une rectification.

Ainsi, le grief pour refus de rectification est retenu.

Réaction du journal Le Devoir (juin 2014).

Face à cette décision prise à la majorité, le Devoir a choisi de donner une version tendancieuse et malhonnête dans un article publié le 6 juin 2014 par son journaliste Stéphane Baillargeon.

Dans cet article intitulé « Le Conseil de presse distribue des blâmes. », le journaliste consacre un paragraphe à la plainte retenue par le Conseil. Le voici intégralement : « Finalement, une plainte concernant Le Devoir est retenue pour « information incomplète ». Il ne s’agit donc pas du tout d’un blâme. L’article publié le 11 septembre 2013 sous le titre « C’est une charte contre les femmes » a omis de préciser les affiliations de certaines des personnes interviewées. Deux des cinq juges ont exprimé leur désaccord en trouvant l’omission anodine. »

D’une part, le journaliste Baillargeon ne donne pas le nom de la journaliste, Lisa-Marie Gervais, comme il le fait dans les autres dossiers.

D’autre part, le journaliste ne donne aucun contexte dans lequel l’article se situe et met plutôt l'accent sur le fait que le Conseil de presse ne donne pas un blâme et que l’information absente était jugée anodine par deux membres du comité. Il oublie de mentionner le coeur même de la plainte que le comité explique bien: " (...) Au vu de ce qui précède, le Conseil de presse du Québec retient, à la majorité, la plainte de M. Jean Archambault contre la journaliste Lisa-Marie Gervais et le quotidien Le Devoir, De l’avis de la majorité des membres (3/5), la journaliste a manqué de rigueur en n’expliquant pas comment furent recrutées ces jeunes femmes interviewées, en ne mentionnant pas le rôle joué par Mme Jerroumi dans sa communauté ainsi que son appartenance au Collectif 1ndépendance. De plus, ces informations auraient apporté un éclairage important sur les positions de ces jeunes musulmanes qui, autrement, risquaient d’être perçues comme de simples étudiantes".

J’ajouterai que cet article était en première page de l’édition du 11 septembre 2013 et qu’il en était l’élément principal avec la photo des six femmes.

Pour un journal qui se targue d'être un des phares importants dans les monde des médias, je considère que ce paragraphe écrit par le journaliste Baillargeon est un geste de mépris envers le Conseil de presse, les lecteurs et le monde médiatique. Le contenu du texte du journaliste dénature les conclusions majoritaires du Comité qui s'est penché sur cette question.

Le Devoir se considère-t-il au-dessus de tout ? L’article de Lisa-Marie Gervais publié à un moment crucial du débat sur la charte est un exemple frappant de la mauvaise foi du journal puisqu’il continue sous la plume de Baillargeon à ne pas reconnaître le manque de rigueur de la journaliste.

J’attends toujours que Le Devoir fasse son devoir en publiant les informations supplémentaires qui satisferont le Conseil de presse. Pour ma part, j’exige que Le Devoir rappelle à l’ordre ces deux journalistes qui agissent comme des intouchables.


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    18 juillet 2014

    J'apprécie beaucoup M. Archambault que vous ayez publié ce qui n'était pas connu de tous. J'ai cessé mon abonnement au Devoir depuis plusieurs mois maintenant pour cause de désinformation. J'y était abonné depuis plusieurs années. Votre titre est très clair, le Devoir se croit au-dessus de tout. J'ai longtemps cru que ce quotidien était neutre mais, surtout ces dernières années, et surtout sous la plume de Serge Truffaut, j'ai réalisé que, subtilement, Le Devoir, nous imposait une pensée unique, tout comme La Presse. Le différence majeure est qu'à La Presse, des journaleux comme Pratte et Dubuc sont de vraies caricatures et qu'un article signée de l'un de ces deux scribouillards est sujet à caution. Au Devoir c'est plus nuancé mais c'est souvent de la désinformation. En plus Serge Truffaut écrit mal et laisse place à de nombreux anglicismes. J'ai regretté mon désabonnement au niveau culturel car Le Devoir est plus riche que les autres à ce sujet. A plusieurs reprises, sur Vigile, j'ai critiqué Le Devoir pour le manque de rigueur, surtout politique et international. En commentaire m'avait dit que si je ne voulais pas payer pour me faire raconter des mensonges je n'avais qu'à me désabonner, ce que j'ai fait.
    Nous avons beaucoup de chance d'avoir Vigile pour nous éclairer sur ce que les médias de masse nous cachent. Le mensonge est aujourd'hui omniprésent, les médias en sont les hérauts et les quelques journalistes courageux et dissidents en sont eux, les héros.
    Ivan Parent

  • Archives de Vigile Répondre

    25 juin 2014

    En 1968, déjà Le Devoir faisait l'apologie du marxisme culturel proposé par Herbert Marcuse... Pis je me rapelle que Claude Ryan était proche des minorités et des groupes gauchistes; il avait reçu un prix du Comité des ouvriers juifs... en terme de gauche communautariste, y a pas mieux!

  • Archives de Vigile Répondre

    25 juin 2014

    Un extrait, page 55, pris dans le livre de M. Charles Emanuel Guérin, sur la manipulation et la diversion des islamistes.
    Changez le mot France pour Québec, ils font ca partout manipuler les gens.
    Les « inégalités », sont des termes qui ont un effet dévastateurs dans les esprits des Français car ils ont cet effet immédiat de paralysie psychologique. C’est à partir de cette paralysie psychologique que les islamistes et leur groupe subversif peuvent « habituer » les Français à changer de perception
    La compassion et la victimisation sont les manipulations les plus utilisées par les islamistes. La dose de provocation visant la compassion redoubla. Il fallait pour les islamistes faire admettre l’inadmissible. La France est une république laïque dans laquelle chaque individu à les mêmes droits quelle que soit sa religion. Il était nécessaire de créer un événement en l’inventant et de « démontrer » que les musulmans n‘avaient pas les mêmes droits et qu‘ils étaient donc des victimes. Il fut alors décidé de victimiser les femmes musulmanes (pour la plupart qui ne l’étaient pas avant d’ailleurs) et l’islam. Les femmes ne portaient pas de voile, désormais « elles en ont toujours portées » ! Des manifestations sont organisées pour revendiquer le droit de porter le voile. La subversion a encore frappé... Nous avons vu plus haut l’incohérence des partis politiques et des revendications des porte-paroles, à savoir lutter contre le communautarisme, mais les femmes musulmanes manifestent pour porter le voile, donc pour afficher leur communautarisme. C’est avec l’une de nos valeurs fondamentales que les manifestations ont trouvé de l’écho : « la Liberté » ! C’est en effet avec ce droit à la liberté que les islamistes ont associé les femmes musulmanes, le port du voile et les musulmans en général dans l‘esprit des Français… Utiliser un droit pour en définitive, à très long terme, le supprimer. Selon les élus, les porte-paroles des partis politiques et certains « intellectuels », le communautarisme est en contradiction avec les valeurs et les principes de la république. Pourtant certains de ces élus et autres « intellectuels » ont soutenu ces manifestations. Faut-il comprendre que c’est une valeur républicaine et un principe républicain que des femmes musulmanes, en terre de France, puissent se rendre dans une piscine qui sera littéralement barricadée par des bâches afin qu’elles puissent nager « entre elles » dans la pudeur.
    Mme Jerroumi et ses acolytes.
    http://www.islamisme.fr/quebec-retour-sur-le-rassemblement-islamiste-anti-charte-de-samedi/
    Comment nous piègent les islamistes.
    Plus de 200 pages en PDF.
    http://www.libertyvox.com/article.php?id=384