L’antinationalisme des lapins tueurs

La haine (1/2)

Une réaction nécessaire au mépris

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Chronique de Marc Huber

En mars dernier, je n’ai pu verser la moindre larme en souvenir des 50 morts et autant de blessés lors des attentats, en Nouvelle-Zélande, du suprématiste blanc Brenton Tarrant. Ce n’est pas que le nom de la ville Christchurch soit trop suggestif pour devenir le lieu d’un crime majeur contre des musulmans. C’est plutôt que la vielle du carnage, un médecin m’a informé que je suis atteint d’une maladie rare et intraitable qui risque de me faire rencontrer la grande faucheuse, avant de pouvoir fêter le 200e anniversaire du Canada. Je souffre de cuniculophobie, plus précisément une peur incontrôlable des lapins. Pour conséquence, le 11 janvier dernier je me suis évanoui en voyant un lapin blanc trancher la carotide d’un templier, dans une scène du film Sacré Graal (1975) de Terry Gilliam et Terry Jones des Monty Pyton.


Les lapins sont nombreux, souvent grossiers, méchants et haineux, par leur tendance à porter des accusations gratuites dans l’intention de faire le mal et d’ostraciser des personnes ainsi que des formations politiques. L’exemple qui ne cesse de hanter mon esprit concerne le Parti Québécois (PQ). Il y a bientôt deux ans, je suis presque tombé dans les pommes lorsqu’un petit lapin a associé «le Parti Québécois», parti souverainiste dont j’étais membre, «à ces deux bêtes: le néolibéralisme et le racisme», pendant le congrès du 21 mai 2017 de Québec solidaire (QS), une formation politique se voulant de gauche. Je reconnais que j’aurais dû réagir, mais à l’époque j’avais trop peur. Maintenant que je me sais atteint de cuniculophobie, j’espère pouvoir lutter contre ce mal en dénonçant l’étalement du moi identitaire et les nombreuses inepties qui se multiplient autour du projet de loi 21 de la Coalition avenir Québec (CAQ).


Néolibéralisme et racisme


Pour commencer, je dois préciser que le PQ n’est pas plus néolibéral que QS. Pour vous faire comprendre ma position, je dois souligner que le néolibéralisme est un dogme économique du XIXe siècle qui s’est imposé dès la fin des années, sous le régime conservateur de Margaret Thatcher (1925-2013), avant de s’étendre rapidement sur le monde. Ce fut la cause d’une révision du poids de l’État, d’une privatisation du secteur public et de la promotion d’accords de libre-échange gérant la circulation des biens entre nations-membre, au nom d’un renforcement des capitaux.


Pour y arriver, le néolibéralisme a placé dans sa cible deux ennemis à abattre. Le premier fut campé par des travailleurs et des syndicats, alors que le deuxième fut les barrières tarifaires qui séparent les pays industrialisés de ceux qui sont en voie de développement. Pour conséquences, des salariés ont été victimes de privatisations et d’une stagnation de leurs revenus, à l’avantage d'entreprises, pendant que les barrières tarifaires tombaient. Cela a eu pour effets d’opposer les populations industrialisées qui ont acquis des bénéfices par des luttes et des sacrifices, et ceux des pays en voie de développement qui doivent s’affairer de nombreuses heures, dans des conditions déplorables. Ni plus ni moins une saignée de la classe ouvrière qui a provoqué un appauvrissement collectif. Pour conséquence, alors qu’il y a 40 ans il fallait travailler environ 40 heures au salaire moyen pour subvenir aux besoins d’un couple et de deux enfants, aujourd’hui, il en faut approximativement 95.


Pour répondre à ce plongeon, l’État s’est désengagé. En 1996, nous avons vécu la réforme de l’assurance-emploi du gouvernement de Jean Chrétien. Ce fut suivi, en 2008, par l’ouverture au privé de la Santé par le Parti libéral du Québec (PLQ) de Jean Charest, la privatisation des infrastructures et des services publics ainsi que la menace d’une dénationalisation partielle d’Hydro-Québec et de la Société des alcools du Québec par le gouvernement de Philippe Couillard. Ajoutons que le néolibéralisme a soutiré sa force de la perte des repères identitaires qui furent au centre de mobilisations des citoyens autour de causes nationales, liées aux droits, à la justice, au travail, aux services sociaux, à la langue, à l’éducation et à la culture. Ces individus, qui après avoir construit notre société, sont devenus des indésirables. Ceux qu’on qualifie de nationalistes et qui, au fil du temps, ont été associés à l’extrême droite par les lapins.


En méprisant le PQ en 2017, ce sont ces nationalismes québécois qu’on a attaqués. Rien de moins qu’une volonté à ériger un pont identitaire avec le néolibéralisme de Thatcher, en omettant de mentionner qu’une des premières conséquences du néolibéralisme sur le noyau social fut de cibler des groupes de personnes, en leur attribuant des maux et des caractéristiques qui permettent de les dénigrer, dans l’intention de les affaiblir collectivement. Ainsi, que le lapin soit content ou non, lorsqu’on accuse les péquistes d’être liés à un parti raciste et néolibéral, on applique ce qu’on condamne. Mais encore, en attaquant la nation, on ouvre la porte à une modification du discours public. Et comme le néolibéralisme n’a pas la réputation de se conjuguer avec la pensée critique et l’audace, les lapins ont rapidement appris à singer les néolibéraux. C’est ainsi que les petits animaux aux longues oreilles ont concilié la réussite et les acquis sociaux avec l’opportunisme, la médisance, l’hystérie, la haine et les inepties. À multiplier les délations et servitudes dans le milieu de travail, les assemblées partisanes et les regroupements qui permettent de se rapprocher de ceux qui décident, congédient et exploitent.


Dans ce jeu, les membres de QS sont loin de composer avec l’intégrité. C’est même devenu le soutien d’une saignée nationaliste rappelant le PLQ, le parti le plus néolibéral des 30 dernières années. Mais encore, depuis 40 ans, le néolibéralisme se découvre comme un passage vers une adaptation aux exigences du marché mondial qui a fait pour premières victimes, non seulement les nationalistes qui ont construit une société plus égalitaire et libre, mais aussi le politique. Je vous explique. En 40 ans, la vague néolibérale a réussi à transformer la gauche nationaliste en gauche néolibérale. Et si on évite de souligner ce problème, c’est que ce néolibéralisme est intégré à notre vie et dirige notre raison, au point que les néolibéraux n’ont plus à se dépenser pour mépriser la nation et ses acquis. Les lapins le font pour eux.


Passons cette fois au racisme. Depuis 2017, ce mot lourd de sens sert à dénigrer ceux qui refusent de remplacer le nationalisme par le religieux et l’identitaire. Cela, à un moment où la libre circulation des biens est passée vers la marchandisation des ressources humaines, via une immigration massive et l’ouverture des frontières qui profite aux spéculations immobilières et à la compétition de la main-d’œuvre (baisse des salaires). Pour l’État qui la supporte et la vante, il s’offre ainsi la possibilité d’emprunter plus d’argent aux banques, en diluant la dette par habitant. Enfin, avec cette aptitude à singer les néolibéraux, nous sommes assurés d’un éclatement des acquis sociaux et nationaux, d’une multiplication des inégalités, d’une révision des lois en fonction de clans religieux, linguistiques et ethniques. Ce qui revient à accepter que nous devenions de la marchandise qu’on doit sacrifier pour accélérer la destruction de la nation, comme d’autres le font en congédiant des employés pour maximiser les gains des actionnaires. Mais encore, nous cautionnons l’idée que sans ce recul des droits, il y ait le risque d’une perturbation économique qui se conclut généralement par la privatisation de secteurs publics, dans le pur esprit du néolibéralisme, afin de payer la dette nationale.


Islamophobie


Le petit lapin aurait-il pu simplement associer le PQ à un parti nationaliste, plutôt que de confondre les gens par l’utilisation de propos injustes facilement contestables? Je ne peux dire. Je sais seulement que le lagomorphe s’attaque maintenant à la CAQ de François Legault, à un moment où le PQ agonise. Ce qui surprend est encore et toujours l’usage d’accusations qui ne tiennent pas la route. Ainsi, le 29 janvier dernier, avant le dépôt du projet de loi 21, j’ai eu ’impression que le lapin de QS avait pondu une refonte postmoderne du Petit Chaperon rouge, qui donnait le rôle du gros méchant loup au premier ministre François Legault. Ce type qui dévore des groupes religieux et des immigrants, plus précisément, ceux «de confession musulmane», lorsqu’il roule vers Grand-Mère dans sa limousine en fourrure de canis lupus. Le même politicien aux grandes dents qui laisserait l’impression que les migrants et les musulmans sont «une marchandise parmi d’autres, à sélectionner selon quelques critères de rentabilité», toujours selon le gentil petit lapin.[1]


En réalité, les musulmans sont différents de nous. Mentionnons à cette fin que depuis l’an 2001, les attentats terroristes, qui ont été commis à l’échelle de la planète par des musulmans intégristes, ont fait près de cent fois plus de victimes que tous autres groupes réunis. Seulement en 2017, il y aurait eu prés de 85,000 assassinats. Est-ce assez pour craindre l’islam? Ajoutons que le mot «islamophobie» s’est imposé dans l’espace public, plus de 60 ans après sa création, pour faire avaler des représailles contre Salman Rushdie, l’auteur indo-britannique du livre Les versets sataniques, roman considéré blasphématoire par les musulmans. Rushdie devenait ainsi un autre gros méchant loup, alors que l’Ayatollah Khomeini (1902-1989), celui qui prononça, le 14 février 1989, un ordre d’exécution contre Salman Rushdie, se transformait en un petit lapin tueur innocent.


Plus récemment, Zineb El Rhazoui, une journaliste franco-marocaine, qui a pondu des textes religieux pour Charlie Hebdo, est devenue la victime de menaces de mort au point de vivre continuellement sous escorte policière. Dans son livre Détruire le fascisme islamique (2016) elle associe les accusations d’islamophobie à une volonté d’envahir l’espace public, de censurer et de mépriser. Selon cette dernière, le «concept d'islamophobie est surtout un outil discursif qui consiste à faire taire toute critique envers la religion musulmane [...] l'accusation d'islamophobie dont ils veulent faire un nouveau racisme». Enfin, elle ajoute cette question qui risque de déplaire aux lapins: «Mais depuis quand la foi est une race?».[2]


C'est depuis qu'on tente de diviser le Québec entre le clan des racistes nationalistes et celui des musulmans, en excluant les Italiens, les Français, les Suisses, les Espagnoles, les Portugais, les Grecques et tous ces gens qui ont aussi peur de l’islam. Sans oublier ces Libanais, Syriens, Iraniens, Marocains, Égyptiens et Algériens qui sont venus au Québec pour fuir le radicalisme islamiste. En omettant de souligner que parmi ces personnes, il y a même des musulmans qui sont opposés au port de symboles religieux, alors que d’autres sont en plus des souverainistes qui sont assurément des «racistes» et «néolibéraux», en ayant voté pour le PQ. C’est aussi depuis que des partis politiques et des médias sont devenus les complices des lapins. C’est ainsi que le mot islamophobie s’est intégré solidement au vocable populaire québécois, à la suite des attentats du 29 janvier 2017 d’Alexandre Bissonnette contre la mosquée de Québec. Faute de pouvoir exécuter Alexandre Bissonnette, comme on le souhaitait pour Salman Rushdie ou Zineb El Rhazoui, on a invité la Justice à s’inspirer de la réforme pénale de 2011 du gouvernement conservateur de Stephen Harper: 150 ans de prison. Ni plus ni moins une façon de dire que le prix au kilo de la marchandise-humaine doit varier selon la croyance religieuse.


L’empathie


Cette tendance à décider du prix de l’humain, selon son appartenance religieuse et son origine ethnique, remet en question ma complaisance. Il le faut le dire. Ce peuple qu’on accuse de «racisme» et «islamophobe» est unique en Amérique. Il l’est non seulement par sa langue, son histoire et sa culture, mais aussi par son empathie. Le Québec est généreux. Il a réussi à faire resplendir la compassion au Québec, plus qu’ailleurs en Amérique. Mais encore, son pardon, son entraide, sa solidarité et son altruisme sont l’héritage de luttes nationales et de cette laïcité qu’il a accolé à sa révolution tranquille. En même temps, nous ne pouvons oublier que cette nation est née du communautarisme catholique de la Nouvelle-France du XVIIe siècle qui a frayé avec l’organisation sociale des Amérindiens, très proche du syndicalisme moderne. Il est aussi ce peuple dont une partie de sa population rêve à l’indépendance du Québec pour repousser plus loin les limites de son empathie nationale, sans en faire une affaire de race, de sang, de religion et de sexe.


En réalité, nous avons peur de devoir troquer notre empathie nationale avec des principes religieux et identitaires qui exigent de nous taire. Nous craignons que cette société, qui fut jusqu’ici le fruit de progrès sociaux, devienne un marché de doléances lucratives à travers des injonctions raisonnables. La peur que le Québec se transforme en une immense lapinière de répression contre les droits de la minorité québécoise au sein du Canada anglais.


Ce n’est pas la faute de la CAQ, du PQ, des nationalistes ou de ceux que les lapins associent à des extrémistes de droite si l’assassinat, le 2 octobre 2019, du chroniqueur du Washington Post Jamal Khashoggi durant sa visite du Consulat d'Arabie saoudite à Istanbul, en Turquie, confronte notre empathie nationale. Devrions-nous nous réjouir du sort de la Pakistanaise Asia Bibi, cette chrétienne qui fut menacée de mort, pour une histoire de verre d’eau impure servi à des musulmans? Devons-nous saluer l’arrivée d’un monde meilleur, lorsqu’on implore la Justice québécoise pour qu’Alexandre Bissonnette puisse avoir une peine de 150 ans pour ses six meurtres? Mais encore, devrions-nous tenir une grande fête, après avoir su que deux musulmans cagoulés comme des antifascistes ont assassiné 12 personnes, à Paris, par un 7 janvier 2015, en réponse à une caricature de Mahomet, publiée en 2006 dans Charlie Hebdo?


Rappelons que parmi les victimes des lapins qui courraient sur la rue Nicolas-Appert à Paris, nous retrouvions l’économiste Bernard Maris (1946-2015), dit Oncle Bernard. Bernard Maris informait les gens des tares du néolibéralisme, sans laisser planer la moindre méchanceté qui pousse à la haine. Toute l’humanité et le bon sens nécessaire pour sentir ma gorge se serrer lorsque j’ai regardé Oncle Bernard – L'anti-leçon d'économie de Richard Brouillette qui fut projeté sur grand écran, en 2015.


Oncle Bernard était l’ami de Normand Baillargeon, un philosophe et essayiste aux nombreuses activités, qui évite aussi le mépris et la malveillance. Dans son texte Un nouveau conformisme à l'ère des médias sociaux, il nous informe que ceux que je compare à de gentils petits lapins peuvent aussi ressembler à des loups, quand ils se regroupent «dans des recoins virtuels ultrapartisans» qui inondent l’Internet et les médias sociaux de mensonges qui deviennent des vérités, lorsqu’ils sont partagés par une majorité de personnes. Des «modes de pensée, de discussion et d’interaction» qui profitent aussi à une radicalisation. Mais encore, il ajoute que chaque lapin est «renvoyé à son groupe et sommé de s’y identifier et d’entrer dans la lutte — à partir d’injonctions morales données comme aussi vertueuses que décisives et de sommations à se taire adressées aux récalcitrants. Les appels à l’émotion, les postures victimaires, l’invocation de l’expérience personnelle, la censure tiennent alors trop souvent lieu d’arguments»[3].


Dans La parole confisquée de Marco Fortier, Normand Baillargeon précise que des «cas de censure [...] se multiplient, surtout dans les campus de collèges et d’universités du Canada et des États-Unis. Cela profiterait à une «pensée postmoderne, individualiste, qui veut imposer à tout le monde sa vision personnelle.» Et pendant qu’on associe des groupes ethniques et religieux à une marchandise parmi d’autres, «la marchandisation de l’université et la course aux fonds de recherche, conjuguées aux politiques de l’identité, créent «un dangereux cocktail par le quel , «l’enseignement peut se muer en endoctrinement, et la formation intellectuelle, en propagande en faveur de positions politiques décrétées par avance seules acceptables».[4]


C’est ainsi qu’on découvre un jour que des institutions qu’on croit sérieuses jouent avec la censure. Dans Un nouveau maccarthysme, Christian Rioux cite le cas de la Ligue des droits de l’homme. L’organisation s’est liée, à Paris en 2002, à la «Ligue islamiste mondiale pour condamner les propos sur l’Islam de «Michel Houellebecq [...] l’écrivain français vivant le plus traduit dans le monde». Au Québec cette fois, en 2019, l’enseignante d’origine tunisienne Nadia El-Mabrouk, et professeure titulaire au Département d’Informatique de l’Université de Montréal, a été bannie d'une conférence sur la laïcité et d’un débat sur le féminisme par le Syndicat de l’Alliance des professeures et professeurs. Les raisons? Elle était «favorable à l’interdiction des signes religieux pour les enseignants [...] Elle a critiqué le cours éthique et culture religieuse. Mais surtout, la conférencière a commis l’impair de «mégenrer» une personne trans de 14 ans qui se présente comme une fille. Dans un texte d’opinion, elle l’a décrite comme un garçon».[5]


Le fardeau de professionnels? En 2018, après m’être entretenu, devant le Club Soda, à Montréal, de la violence des antifascistes avec Manon Massé de QS, j’ai vécu une expérience troublante dans un bistro presque vide, situé près de l’Université du Québec à Montréal. Pendant que je discutais de politique, du PLQ, de Philippe Couillard et des services de renseignements étasuniens avec un ami, un lapin à la barbe noire a sautillé vers ma table pour me dire que je n’avais «pas le droit de parler de ça ici». C’est par ce genre de menace à la liberté d’expression qu’on peut devenir soudainement une nouvelle Zineb El Rhazoui ou un nouveau Salman Rushdie qu’on étiquette, comme un morceau de viande, avant de les passer au hachoir. C’est ainsi qu’on finit par comprendre que les péquistes, nationalistes et intellectuels québécois ne sont pas une marchandise parmi d’autres pour l’islam. Djemila Benhabib, cette militante d’origine iranienne pour la laïcisation, qui fut candidate au PQ, a été poursuivi pour diffamation par les Écoles musulmanes de Montréal représentées par l’avocat montréalais Julius Grey, pour un montant de 95,000$. Elle a pu ainsi rejoindre le comptoir à viande ou se retrouvaient l’ex-candidate péquiste Louise Mailloux, Philippe Magnan de Poste de veille et Vigile Québec (hé oui!), tous accusés de diffamation.


Ce comportement doit nous rappeler que les accommodements raisonnables qui tissent l’actualité et sèment la haine, depuis plus de 10 ans, sont essentiellement des empreintes religieuses issues du néolibéralisme. Ni plus ni moins le même traitement de faveur attribué à des cultes sacrés, comme avec des entreprises. Cela se traduit, en général, par une restriction d’accès à l’espace public. Ainsi, après les lacs, forêts et lieu de travail (lockout), nous devons ajouter les centres culturels, les gymnases, etc. Et lorsque ces interdictions sont contestées, on y retrouve souvent des comportements agressifs comparables à ceux des néolibéraux: menaces, bâillons, accusations et mépris au nom d’un droit territorial acquis. Si nous ajoutons le port des symboles religieux, encore le même réflexe, sauf que cette fois, on utilise l’islamophobie comme le ferait une entreprise qui désire atteindre la réputation de ses détracteurs, en employant la «peur du changement», ou «trop d’avantages sociaux». Le privilège de piller et de polluer l’espace public, sans en payer le prix.


Est-ce la faute du PQ ou de la CAQ? En septembre 2019, cela fera 260 ans que les fesses de la haine sont posées confortablement sur le siège du pouvoir politique canadien. Ni plus ni moins l’an 1 de cette haine qui a débuté avec l’invasion britannique de la Nouvelle-France en 1759. Aujourd’hui, avec le projet de loi 21, nous ne pouvons plus nous contenter d’associer cette haine à un dédain de la nation québécoise. Nous le savons, elle pend aussi sa sève de la religion et cette tendance à singer ces suprémacistes blancs britanniques du XVIIIe siècle qui nous rappellent le petit lapin tueur de templiers de Sacré Graal et Brenton Tarrant.


 




Références




  1. ^ AWADA, Dalila, Bienveillance, Métro, le 29 janvier 2019

  2. ^ DEVECCHIO Alexandre, Zineb El Rhazoui : pourquoi l'islamisme est un totalitarisme, Le Figaro.

  3. ^ BAILLARGEON, Normand, Un nouveau conformisme à l'ère des médias sociaux, Le Devoir. 29 janvier 2019.

  4. ^ FORTIER, Marco, La parole confisquée, Le Devoir, 31janvier 2019. Le texte se retrouve maintenant sous le titre Mise en garde d’un homme de gauche contre la censure qu’exerce la gauche.

  5. ^ RIOUX, Christian, Un nouveau maccarthysme, Le Devoir, 1er février 2019.




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