RITZ | CAISSE DE DÉPÔT

La Caisse prête dans les paradis fiscaux pour le Ritz

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Le portefeuille immobilier de la Caisse recèle de grosses surprises

La Caisse de dépôt et placement du Québec a financé pour 86 M$ la rénovation du Ritz-Carlton et la construction de ses fastueux condotels, acceptant ainsi des garanties de trois fiducies situées dans le paradis fiscal des Bahamas.

La structure de propriété du Ritz (voir graphique) compte pas moins de 18 entités dans cinq pays différents, dont quatre paradis fiscaux, a découvert notre Bureau d’enquête.

En janvier 2013, un certain Solly Karkoukly signait les derniers emprunts à la Caisse pour quatre entités juridiques différentes. Il détenait une procuration des trois fiducies des Bahamas.

Cet homme d’affaires préside Les Investissements immobiliers Mirelis, filiale canadienne d’une banque privée suisse (voir autre texte) que contrôlent le financier Albert Lawi et sa famille.

Quant au directeur de l’hôtel, Andrew Torriani, il a notamment signé pour le gestionnaire Hôtel RCM inc., ultimement détenu par trois sociétés des îles Vierges britanniques, du Luxembourg et de la Suisse.

Le Ritz-Carlton restera un hôtel de luxe, mais les propriétaires l’ont rénové et y ont ajouté des condotels, soit des condos bénéficiant de services hôteliers. Coût des travaux: 200 M$.

Des acheteurs fortunés ont déjà acquis des unités, certains cachés derrière des fiducies opaques.

« Pas hors du commun »

Filiale de financement immobilier de la Caisse, Otéra Capital finance le Ritz-Carlton depuis 1997. À l’époque, d’autres propriétaires détenaient l’hôtel.

La dette des propriétaires à la Caisse s’élève aujourd’hui à 59 M$. Ils doivent aussi 22,8 M$ aux banques HSBC et Équitable.

La Caisse assure que le montage corporatif de son client «n’est pas hors du commun». «Toutes les vérifications requises ont été effectuées […], incluant la structure du groupe emprunteur», écrit Mélanie Charbonneau, directrice des affaires juridiques chez Otéra.

Le directeur du Ritz, Andrew Torriani, dit ne pas pouvoir «faire de commentaires sur la façon dont la structure de propriété est faite».

Ses frères, Jonathan et Anthony, sont partenaires de Mirelis au Ritz. «Ce sont deux Canadiens qui vivent à l’extérieur du pays… Ils vivent en Suisse et à Monaco», explique-t-il.

Selon Denis Boucher, du cabinet de relations publiques National, les propriétaires ont choisi les Bahamas pour que «les droits et obligations» de partenaires dans des pays différents soient «documentés en vertu d’un même régime commercial et légal».

« Constituées légalement »

Procureur de Mirelis chez Davies, Me Marc-André Boutin assure que les fiducies des Bahamas «ont été constituées légalement comme point d’entrée pour l’investissement au Canada, conformément à la planification patrimoniale et successorale par chacune des familles partenaires non-résidentes au pays».

Selon lui, les propriétaires ont fait toutes les démarches nécessaires pour payer leurs impôts au Canada. Il a aussi indiqué qu’une structure d’une telle complexité n’est pas inhabituelle.

«Les entreprises où ces fonds placent leurs capitaux sont déjà taxées et imposées dans les juridictions où elles se trouvent», dit Maxime Chagnon, porte-parole de la Caisse.

Selon l’information disponible, aucun actionnaire des entreprises impliquées ne réside aux Bahamas, au Luxembourg ou aux îles Vierges.

Le Journal a laissé plusieurs messages en vain aux dirigeants de Mirelis. Nous avons aussi tenté de parler à Philippe Lawi. Ce neveu d’Albert Lawi siège au conseil d’administration de Gestion Golden Square Mile, l’entité qui détient le Ritz.


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