La Bonbonnière de Grand-Maman

Les véritables responsables de notre enfermement et de notre échec, c’est d’abord nous-mêmes

Tribune libre 2008


Pourquoi avoir peur de prendre ce pays qui est à nous ?
Ce dont on peut douter le plus en ces jours, c’est d’un scénario où les
Québécois feraient montre de détermination. On peut bien tout reprocher au
Parti Québécois, on peut même l’accuser d’avoir tenté d’amadouer la
population avec des entourloupettes, reste que si nous l’avions désirée, au
lieu d’un fantasme, notre indépendance serait déjà un arbre dont nous
récolterions aujourd’hui les fruits. Nous avons eu deux chances de régler
cette question et ce ne sont pas les magouilles du camp du non de 1995 qui
auraient pu empêcher un peuple de faire bloc et de réclamer sa liberté si
celui-ci l’avait vraiment désirée. Non ! Les véritables responsables de notre enfermement et de notre échec, c’est d’abord nous-mêmes. Cela
explique peut-être pourquoi le PQ ne s’est pas évertué à contester les
résultats de ce référendum frauduleux.
Depuis 40 ans, le PQ aura eu beau enrober la souveraineté dans le
chocolat, il y aura toujours eu quelqu’un pour demander ce qui se trouve
dans la friandise avant d’y goûter. Le problème tient essentiellement au
fait qu’on ne peut pas donner aux autres (à ceux qui nous gouvernent) plus de
confiance que celle que nous nous accordons à nous-mêmes. Devant la
bonbonnière pleine de belles sucreries, nous craignons les visites chez le
dentiste… Alors on pignoche ! On prend ce que l’on veut et on laisse de
côté les morceaux qu’on aime moins. C’est depuis longtemps de cette façon
que le peuple québécois se sert du PQ. Comme dans un buffet ! Et ça
continue !
Mère-grand tente de séduire les loups !
Madame Marois revient donc encore une fois à la charge avec une autre
bonbonnière, un autre programme de province qui, curieusement, tout en
s’éloignant de la souveraineté, se rapproche à la fois des possédants et
emprunte leur discours creux. « Il faut générer de la richesse » dit-elle !
Hum ! Attendez ! Je pense que j’ai déjà entendu ça quelque part… Elle parle
de productivité et de l’industrie forestière. Remarquez ici que la
productivité de ce secteur n’empêche pas les fermetures en série et la
disparition des emplois. « Les Québécois sont moins riches que les
Canadiens et beaucoup moins riches que les Américains » rajoute la cheffe
du PQ ! On croirait entendre les lucides !
Hélas, être moins riches que les Canadiens ou les Américains ne constitue
pas pour autant un argument donnant envie qu’il en soit autrement. Il se
peut que nous soyons parfaitement heureux ainsi. Dans une société qui
priorise de plus en plus la qualité de vie, Madame Marois devra sans doute
expliquer à quoi cette quête de productivité et de richesse pourrait
servir. En ces temps de remises en question de nos habitudes de
consommation, on peut aussi se demander pourquoi les Québécois se
passionneraient pour une bête productivité encourageant l’abus des
ressources, la surconsommation et au terme de laquelle, nous nous
retrouvons souvent en chômage après avoir travaillé comme des nègres.
Cette bouillabaisse-là sur la richesse et la productivité nous a déjà été
servie par Lucien Bouchard. Mais quand on y songe, l’opulence que l’on
trouve en ce pays et, surtout, le château où habite cette brave dame,
semblent indiquer que la richesse ne manque peut-être pas tant que ça… Bref,
c’est même à se demander ce que Madame Marois désire de plus.
Nous cherchons toujours notre Hugo Chavez québécois.
Des discours poches et truffés de clichés éculés, ça pleut ! Ça se récite
dans les chambres de commerce pour des gens qui mangent plus qu’ils
n’écoutent. Au Québec, on attend toujours du vrai changement. Quelqu’un qui
va parler dans la face aux chefs d’entreprises. Un véritable leader qui
aurait assez de cœur et de courage pour rappeler à ces gens-là qu’ici,
c’est l’humain et le développement durable qui passent avant l’économie. Et
que c’est là pour rester.
Étonnant de voir aussi la prétention avec laquelle ceux qui font de beaux
discours devant les chambres de commerce s’enrobent du pompeux manteau de
la franchise et du parler vrai. Celle qui prétend vouloir dire aux
Québécois ce qu’ils refusent d’écouter ne se fait curieusement pas fait
prier pour dire aux chambres de commerce ce qu’elles veulent entendre…
Madame ne calcule pas non plus le temps qu’elle perd à s’adresser à des
gens qui, pour la plupart, rejetteront toujours la souveraineté du revers
de la main…À moins qu’ils n’en tirent profit ! Depuis l’épisode du
Centaure, c’est devenu coutume au PQ de flatter l’ego de chromés venus
s’empiffrer en faisant semblant d’écouter les nigauds qui les baratinent.

Nous devrions parler de sécurité alimentaire, de planification responsable
de notre économie et d’exploitation intelligente de nos ressources. Voilà
ce qui devrait inspirer le chef d’un parti souverainiste. La souveraineté
des personnes qui composent ce pays, l’autonomie des groupes qui en sont le
moteur et la nécessaire maîtrise du destin conditionnelle à
l’éclaircissement de l'horizon du peuple québécois. Mais tout cela semble
bien trop complexe au goût du Parti Québécois et de sa cheffe. La facilité
dans la répétition des clichés médiatiques répandus par Gesca est bien plus
attirante, semble-t-il. On verra bien si André Pratte et Alain Dubuc
béniront Madame Marois et s’ils comptent enfin la gratifier de leur appui
éditorial...
Ça prend du courage pour aller de l’avant. Or, voilà un autre exemple que
la trouille du Parti Québécois et de son aile parlementaire est devenue un
obstacle majeur à tout pas en avant véritable. Et aussi longtemps que ce
parti se donnera de grands airs de gauche modérés du dimanche, il risque
encore de rallier une bonne frange de ceux qui craignent la droite. Et tant
qu’il se prétendra souverainiste le premier vendredi du mois à 4h30 pm
avant le conseil national, il servira malheureusement encore et toujours de
refuge électoral à des souverainistes modérés qui craignent, eux, de voir
leurs espoirs s’anéantir avec la disparition éventuelle de tout député du
PQ au parlement. En revanche, ce parti ne formera plus jamais un
gouvernement majoritaire au Québec et ses appuis se feront de plus en plus
éparses.
Depuis 40 ans que ce parti mène les souverainistes en bateau. Si le
capitaine refuse d’accoster, pendant combien de temps encore flottera-t-il ?
Que diriez-vous de remettre les compteurs à zéro et repartir sur de
nouvelles bases. Avec une idée simple : faire du Québec un pays. (Si cela
est encore envisageable)
Donner le coup de hache !
Il faut un autre parti, un vrai, qui veut vraiment faire aboutir le projet
de la manière à la fois la plus simple et la plus courageuse qui soit.
Certains diront que l’imposture de 1995 serait peut-être une raison
insuffisante pour déclarer unilatéralement notre souveraineté. Mais alors,
combien de fourette nous faut-il ? Si nécessaire, ajoutons-y celle de 1867
! Les pères de cette peu glorieuse fédération n’ont jamais consulté la
population pour unir le Haut et le Bas-Canada. Alors pourquoi le Québec
serait-il forcé d’en faire plus ? Y a-t-il une règle de droit international
qui empêcherait ce peuple de décider de son avenir si le gouvernement
qu’il a élu démocratiquement en a le mandat après l’avoir proposé
ouvertement et sans cachette à l’électorat ?
Avoir moins de cinquante pour cent de l’électorat n’est pas une raison non
plus pour se refuser un pareil scénario. Notre système électoral est ainsi
fait. Nous devons l’accepter ou le changer. Et si la population ne veut pas
de l’indépendance, elle n’a qu’à se choisir un autre parti. C’est le peuple
qui dicte l’agenda et c’est lui qui doit avoir le dernier mot. Nous n’avons
pas de permission à demander ni à Ottawa et ni non plus à la communauté
internationale. On ne fait pas une révolution en quémandant des appuis. La
liberté, ça ne se demande pas. Ça se prend !
Avec de véritables gestes de rupture qui démontreraient une telle
détermination, d’aucuns sauraient que toute entrave à la marche de ce
peuple serait inutile. Nos adversaires réaliseraient très vite qu’il n’y a
rien à faire pour nous empêcher de prendre ce qui nous appartient.
Mais je doute qu’un jour, nous fassions cette prise de conscience et que
nous ayons le courage qui viendrait avec. Tant et aussi longtemps que nous
persisterons à demander la permission pour être libres, nous serons un
peuple paralysé par sa peur, vivant dans une loufoque incertitude alors que
ce pays est pourtant à nous. Grand-maman et ses bonbons sont tellement plus
sécurisants !


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