L’infatigable patriote

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« Un des phares qui aura dirigé le PQ s’est donc éteint aujourd’hui. »

Entre 1832 et 1838, la notion de patriotes s’est inscrite dans notre histoire collective. Depuis, Bernard Landry fut à mes yeux ce qui se rapproche le plus de la véritable définition du patriote québécois. Dédié à la cause du Québec, il aura traversé le temps et les époques, il a mené tous les combats pour faire entendre la voix du Québec dans le concert des nations.


Un vrai battant qui aura été militant toute sa vie. Bernard Landry a commencé à militer dans les associations étudiantes dans les années 60, il a été conseiller de René Lévesque pendant la Révolution tranquille, il aura été parmi les fondateurs du Parti québécois, candidat défait à deux reprises, il deviendra aussi député en 1976, puis ministre pour le Parti québécois avant d’en diriger les destinées. Pendant deux ans, il occupera le siège de premier ministre du Québec.


Loin de se fatiguer après avoir quitté l’Assemblée nationale, il a repris le bâton du pèlerin pour aller convaincre les Québécois et les Québécoises, et surtout les jeunes qu’il allait rencontrer directement dans les universités, lors de conférences très courues qu’il aura données jusque dans les dernières années de sa vie.


Vision économique


Monsieur Landry voyait grand pour le Québec sur le plan économique. Jeune et à l’affût des nouvelles tendances, il était capable de voir loin et il aura été l’un des premiers à plaider publiquement pour le libre-échange entre le Canada et les États-Unis. Il y voyait un levier d’une grande importance pour l’accession de sa nation à l’indépendance.


Plus largement, il croyait qu’une nation d’exportateurs, fière de son savoir-faire, pourrait renforcer sa position économique en ayant accès à un marché plus large. La prise de position ferme de Landry sur le libre-échange en 1988 ne relevait pas de l’opportunisme. Certains de ses alliés naturels s’offusquaient, même. C’est là qu’on reconnaît un visionnaire.


Un érudit


Polyglotte, enseignant à l’université, avocat, économiste, monsieur Landry avait une maîtrise impressionnante du savoir universel et une connaissance fine du Québec.


Amoureux de son territoire et de ceux qui y habitent, il aura été un mentor pour plusieurs jeunes et moins jeunes politiciens, comme le chef péquiste actuel Pascal Bérubé et l’ancien chef Pierre Karl Péladeau.


Il était une véritable encyclopédie et sa maîtrise de ses dossiers rendait nerveux celles et ceux qui devaient l’affronter dans les joutes oratoires. Toujours passionné et souvent spectaculaire grâce à sa grande éloquence, il aura donné aux murs du parlement des prestations savoureuses et classiques, lesquelles seront racontées encore pendant des années. Il était aidé par l’élégance avec laquelle il maniait la langue française, une langue dont il était amoureux.


Un des phares qui aura dirigé le PQ s’est donc éteint aujourd’hui. Un phare pour guider les choix politiques, et un phare pour nourrir la foi des troupes.


À ce patriote infatigable qui aura milité toute sa vie avec la même fougue, il n’y a qu’une chose à dire aujourd’hui : « Bon repos, monsieur Landry. »