L'entente entre le gouvernement Charest et l'APPQ.

Une police de plus en plus privilégiée, coupée du reste de la population.

Tribune libre

Pour les gouvernements, l’été est souvent un moment propice pour annoncer des ententes qui pourraient faire sourciller les contribuables. Le gouvernement Charest n’échappe pas à cette règle, d’autant plus qu’il a tendance à mettre en œuvre des politiques dont les objectifs restent souvent nébuleux (gaz de schiste, plan Nord, financement politique,etc). Je n’ai donc pas été surpris que l’Association des policières et des policiers provinciaux du Québec (APPQ) et le gouvernement Charest annoncent un beau 14 juillet une entente entre les deux parties. Le puissant syndicat des policiers (plus de 5,200 membres) dont le nouveau président, Pierre Veilleux, un bon Beauceron comme le ministre de la Sécurité publique du Québec, Robert Dutil, font donc cette annonce en évitant de commenter le contenu de l’entente. Très discret, monsieur Veilleux refuse même de collaborer avec les médias. Son seul devoir, c'est cette tournée du Québec qu'il doit entreprendre afin de faire ratifier par ses membres ce nouveau contrat.

Échu depuis 16 mois, cette entente de cinq ans permettrait aux policières et policiers de la Sûreté du Québec d’obtenir un certain rattrapage salarial, que les autres salariés de l’État n’ont pas réussi à obtenir en 2010. En effet, en plus de recevoir, comme les autres travailleurs de la fonction publique 6 % en 5 ans, les policiers obtiendraient par d’autres moyens, un salaire qui dépasse le cadre financier gouvernemental imposé au secteur public. Par une refonte des échelles salariales (un échelon de moins pour les jeunes policiers, des augmentations liées à l’ancienneté plus rapides et plus importantes, …) un policier après 5 ans de travail aurait un salaire annuel de 66 700 $. En comparaison, un éducateur spécialisé en centre d’accueil pour délinquants pourra, avec 12 ans d’ancienneté et un diplôme de technicien en éducation spécialisée comparable à celui de techniques policières, atteindre en 2011 un salaire annuel maximal de 59 000 $ ( 38,75 heures par semaine).
En outre, les gains se font aussi ailleurs. Sur le plan des avantages marginaux : une augmentation de la contribution de l’employeur dans le régime de retraite déjà très bien garni et alléchant, trois nouveaux congés fériés échelonnés entre 2012 à 2014, une retraite après 25 ans de travail sans pénalité. Le gouvernement Charest a soutenu pendant l’année 2010, que sa capacité de payer avait atteint ses limites. Il semble qu’il ait trouvé des ressources pour faire plaisir aux policiers, tout en prêchant la modération aux autres. Déjà, il annonce pour 2014, que les cotisants au Régime des Rentes du Québec verront leurs cotisations augmentées et de nouvelles pénalités (très dissuasives) pour ceux qui veulent prendre leur retraite avant 65 ans. Il faudra travailler plus longtemps et voir son salaire réel diminué. Mais les policiers, eux, passent à la caisse.
Encore plus important, le gouvernement Charest ne semble pas inquiet de l’augmentation, années après année, du nombre d’heures supplémentaires consenties aux policiers. En 2010-2011, la Sûreté du Québec chiffrait à 1 209 540 le nombre d’heures supplémentaires, soit une hausse de 10 % par rapport à l’année précédente. C’est un pactole de près de 60 000 000 $ que se redistribue l’ensemble des policiers. Pour le G20 à Toronto, le gouvernement Charest avait à payer près de 30 000 heures supplémentaires. Bravo pour l’austérité!!
Ces privilèges consentis aux policiers ne résulte sûrement pas de l’appui indéfectible de l’APPQ pour un enquête policière comme le veut le gouvernement Charest plutôt que d’exiger, comme la majorité de la population une commission indépendante sur la construction et ses relations avec les partis politiques !!
Le gouvernement Charest s’assure ainsi que les policiers seront avec lui, si un vent de révolte citoyenne souffle fort à l’automne.


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