Go Team Canada!

Ceux qui croient au Québec que les événements sportifs sont apolitiques sont naïfs.

Chronique de Patrice Boileau


CA-NA-DA! CA-NA-DA! Come on guys : it’s our contry! N’avez-vous pas hâte, comme moi, aux Olympiques d’hiver de 2010? Comble de bonheur; il sera possible d’encourager « nos (sic) athlètes canadians » qui performeront « à la maison (sic)», soit à Vancouver!
L’événement sportif planétaire qui se prépare constitue une formidable occasion pour le gouvernement fédéral de stimuler la fibre patriotique. Je le sais. Vous le savez. Il n’y a qu’à apercevoir les publicités au petit écran pour constater de visu que la propagande sera encore féroce. J’ai aperçu la bande annonce diffusée sur les ondes du Réseau des sports pour constater à quel point le discours canadian est particulièrement bien imaginé cette année. Ce sont en effet des enfants pratiquant un sport d’hiver qui s’imaginent dans la peau des athlètes professionnels. Impossible de dénoncer la réclame qui se veut une ode au nationalisme canadian. Qui osera effectivement dénoncer ce militantisme innocent qui s’exprime au travers de l’exercice physique! Cette publicité révulse néanmoins mes tripes. Je sais qu’elle travaille contre moi et qu’elle réussira à éroder un peu plus le goût d’un État québécois.
Et ce n’est pas cette nouvelle histoire d’injustice à l’égard d’un des nôtres que le réveil des Québécois se fera. Le fondeur Alex Harvey, fils du célèbre père ayant récolté moult honneurs, a failli être radié de « l’équipe nationale » parce qu’il a refusé de s’entraîner avec les canadians dans les Rocheuses. L’athlète québécois, le plus grand espoir « au pays », dans sa discipline, a préféré le faire ailleurs avec son entraîneur. L’homme qui lirait ces lignes ne serait probablement pas content de se voir « utilisé » pour démontrer qu’il fait partie d’une longue liste d’athlètes québécois ayant eu à se battre, pour concourir à des Jeux olympiques. Reste qu’il est un nouvel exemple de ces nombreuses luttes que les Québécois doivent livrer chaque fois qu’ils veulent faire respecter leur différence dans la fédération canadienne.
Ainsi ce fut le cas, il y a quelques années, des Duchesnay, athlètes novateurs dans le domaine de la danse sur glace. Ces Québécois ont dû rejoindre le pays de leurs parents pour être en mesure de concourir aux Olympiques, puisque Sport Canada leur en refusait l’accès. Et que dire de cette histoire concernant l’équipe toute québécoise de nage synchronisée! L’entraîneure torontoise a tenté de les forcer de s’entraîner en Ontario, pour ne pas s’éloigner de son lieu de résidence! D’autres exemples semblables d’iniquité existent, dont ces cas de concurrents québécois « oubliés » par l’organisme fédéral, qui a omis de les inscrire sur la liste officielle des participants…
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Marcel Aubut, récemment nommé à la présidence du Comité olympique canadian (COC), me répondra que tout cela appartient au passé et qu’il faut regarder en avant. La langue de bois a toujours été de mise lorsque le manque de courage apparaît. Car le cas de monsieur Harvey appartient bel et bien au présent, et non pas au passé. Il concerne même les Jeux d’hiver à venir : ceux de 2010! Monsieur Aubut n’en est pas à son premier paradoxe. Celui qu’il exprime maintenant est typique des gens qui proviennent de la Capitale nationale. Ce fédéraliste qui fut propriétaire des Nordiques de Québec, permettait pourtant que les buts et autres péripéties qui surviennent durant un match de hockey, ne soient pas traduit en anglais, dans son Colisée! Les chandails qu’endossaient les membres de son équipe arboraient de magnifiques fleurdelisés! L’actuel président du COC exacerbait, malgré lui, la lutte entre les indépendantistes et les fédéralistes au Québec. En souhaitant le retour d’une équipe professionnelle de hockey à Québec, Marcel Aubut veut ranimer des braises qu’il cherche pourtant à éteindre! Décidément, ceux qui résident dans la cité qui représente le berceau des francophones d’Amérique, manifestent un nationalisme éclaté!
Le Canadien de Montréal qui est présentement à vendre, n’établira jamais l’unilinguisme dans son amphithéâtre. Il n’autorisera pas non plus aux Québécois qui font partie de l’équipe, d’arborer quelques symboles que ce soit sur leur équipement. Pourtant, le gardien tchèque du club exhibe, sur la partie arrière de son casque, les couleurs de son drapeau national. Un cerbère québécois des « Penguins de Pittsburgh » dont le nom m’échappe, affiche quant à lui, au même endroit, une grande fleur de lys assortie aux couleurs de l’équipe. Vous imaginez le tollé si un des nôtres osaient la même frivolité « in Montreal! »
Jean Charest, alors qu’il était ministre fédéral d’État à la Condition physique et au Sport amateur, refusait totalement l’idée d’autoriser la création d’une équipe-Québec, ne serait-ce qu’aux jeux de la francophonie. À ses yeux, les événements sportifs comme les Jeux olympiques, sont de formidables outils de propagande canadian. Mettre sur pied une équipe québécoise qui affronterait éventuellement celle du Canada, serait une catastrophe pour l’unité de la fédération.
Ceux qui croient au Québec que les événements sportifs sont apolitiques sont naïfs. Ou ce sont des fédéralistes qui n’ont pas la bravoure d’exprimer leur choix politique. Doit-on leur rappeler en effet l’épisode de 2002 où cette plongeuse anglophone de Montréal, Jennifer Carroll, avait agité un minuscule drapeau du Québec, au moment de quérir sa médaille d’argent aux Jeux du Commonwealth? La Québécoise, coiffée d’un chapeau de cow boy, exprimait pourtant son choix d’être d’abord canadian! Elle a alors été la cible du courroux des membres de son équipe et de son entraîneur. Pourtant, cette autre athlète saskatchewanaise qui avait brandi son drapeau à une compétition semblable, n’avait offusqué personne…
Patrice Boileau


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1 commentaire

  • Jean-Charles Morin Répondre

    14 mai 2009

    Le dossier olympique établit de manière éclatante notre statut de nation colonisée. Si nous voulons participer aux Jeux, nous sommes obligés de le faire sous la bannière d'un pays étranger en se soumettant aux règles d'organisation d'entraînement et de sélection de son Comité olympique. Comme aliénation, c'est la totale, quoi! Même si les nôtres parviennent à s'illustrer, c'est en banalisant leur identité propre pour le profit politique du pays qui les occulte et les ignore. Vivement l'indépendance, qu'on sorte de ce merdier identitaire une fois pour toute!