Gentilly-2 et les limites du déni: le journaliste Beaudoin du Nouvelliste

«Plus le mensonge est gros, plus il passe ». J.Goebbels

Tribune libre

Le journaliste du Nouvelliste, Jean-Marc Beaudoin, dans son dernier article paru les 16-17 février courant et intitulé «On va respirer encore et fort!» présente une analyse défaitiste des «prévisions» de croissance économique pour la région métropolitaine de recensement (RMR) de Trois-Rivières.
Monsieur Beaudoin profite du prétexte d’une «prévision» de légère décroissance économique pour 2013 de 0,6% pour la RMR de Trois-Rivières pour jouer au prophète de malheur. Sur un PIB estimé de 1800 M$ pour 2013, nous faisons face à une décroissance de 11 M$ pour l’année 2013, soit 30 000$ par jour pour une population de plus de 130 000 personnes. Cela représente un montant de 0.23$ par personne, par jour.
Dans une économie ouverte avec la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux, ce 30 000$ de décroissance par jour n’est absolument pas significatif. Qui plus est, on parle de «prévisions» dont l’effet foudroyant ne se produira pas nécessairement. C’est l’opinion de Patrick Charlebois, président de la Chambre de commerce locale qui dit ailleurs de le même journal, je cite: «Ce n’est pas la première fois que les prévisionnistes vont se tromper».
Monsieur Beaudoin accrédite le lien de cause à effet entre cette légère décroissance de 0,6% et la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2 (G-2). Cette causalité se décline en deux chiffres:
fermeture = perte de 800 emplois, et: - fermeture = perte de 135 M$ en retombées économiques régionales.
Concernant la perte de 800 emplois, il affirme gros comme le disait Goebbels. En octobre 2012, Hydro-Québec parle de 736 emplois et près de 500 emplois seront requis durant les prochaines années pour préparer correctement le déclassement de G-2. À eux seuls, les agents de sécurité sont au nombre de 80. De plus, on ne ferme pas une centrale nucléaire comme on ferme le commerce du coin
Toujours au sujet de l’exode des emplois, il faut considérer les mises à la retraite par attrition qui demeureront en majorité dans leurs maisons actuelles, engendrant des retombées économiques en continuant à manger et à vivre dans la région. Nous estimons ces nouveaux retraités au nombre d’environ 150. Le résidu de 86 employés dont 76 sont des temporaires pourront facilement se relocaliser ailleurs chez Hydro-Québec. Les conventions collectives de travail et les syndicats, en collaboration avec l’employeur, pourvoiront à ces relocalisations.
Une deuxième fausseté concerne la perte de 135 M$ en retombées économiques régionales par année. À partir du moment où on procède aux travaux de déclassement, plusieurs dizaines de millions seront budgétés et dépensés chaque année. Un rapport interne d’H.-Q. daté d’octobre 2004 estime même que les RER sont supérieurs en situation de déclassement qu’en situation d’exploitation. La raison est simple: la main-d’oeuvre et les équipements requis pour le déclassement, contrairement aux exigences de réfection ou d’exploitation, sont plus disponibles localement. Déclasser demande moins d’expertise que refaire comme démolir est plus rapide, moins coûteux que construire. Tout le monde sait cela.
Cela est facile à visualiser dans le cas du déclassement de G-2 en prenant deux exemples de base pour les opérations d’une centrale nucléaire, savoir: a) le matériel de combustible nucléaire et, b) le matériel de l’eau lourde requise comme liquide modérateur dans le réacteur et comme liquide caloporteur qui circule du réacteur vers les quatre générateurs de vapeur.
L’approvisionnement de ces deux produits provient de l’Ontario. En situation de déclassement, ces deux produits ne sont plus approvisionnés. En priorité, ils sont retirés du réacteur et proprement entreposés et des quantités en stock peuvent être revendus à d’autres opérateurs de réacteurs Candu6 au Canada. D’une colonne de dépenses, on passe à une colonne de revenus. Toutes ces opérations de retrait, de manutention, nécessitent des budgets d’opération dit de déclassement à la hauteur de plusieurs millions.
Malheureusement, le journaliste Beaudoin se garde bien d’éclairer ses lecteurs sur ces réalités qui ébranleraient son château de cartes de malheurs. C’est un manque grave à son devoir d’information où l’objectivité élémentaire sait qu’une médaille a deux côtés.
L’article de Jean-Marc Beaudoin contient trois conclusions (C.1, C.2 et C.3), je cite: C.1: les pro-nucléaires ont raison de se battre en faveur de la
réfection de G-2 pour maintenir un «actif collectif dans lequel les Québécois avaient investi beaucoup d’argent et qui bonifiait sa région d’accueil».
C.2: la perte de 800 emplois est traité comme une perte instantannée. Cela est faux tel que nous l’avons démontré ci-dessus.
C.3: l’influence de la rémunération supérieure des emplois de G-2 sur le salaire moyen par ménage: est-ce un prix de consolation et pour qui ?
J’attire l’attention sur la première conclusion qui parle de «l’actif collectif dans lequel les Québécois avaient investi beaucoup d’argent et qui bonifiait sa région d’accueil»
Le mot «collectif» est très bien choisi par Monsieur Beaudoin et place la centrale G-2 dans le bien commun des Québécois. Cet investissement collectif peut être étudié sous trois angles: son passé, son présent et son avenir.
Pour ceux qui savent compter, sous ces trois angles, les résultats de rentabilité de G-2 sont tous négatifs. Les pro-nucléaires comme Monsieur Beaudoin se gardent bien de parler de rentabilité. Pas une fois, le mot rentabilité est utilisé dans l’article de Monsieur Beaudoin. Le nucléaire au Québec, en Ontario et partout dans le monde est déficitaire. Dit autrement, le nucléaire est affaire d’États qui le subventionnent largement avec les deniers publics.
Revenons à nos trois angles d’étude. Le passé de G-2 a commencé le 1er octobre 1983 et s’est terminé le 28 décembre 2012. Les Québécois ont payé des milliards et quelques centaines de millions sont restées dans les poches des employés à «rémunération supérieure» comme il l’écrit. Monsieur Beaudoin se plaît à parler des retombées économiques régionales engendrées par ces hauts salariés. Il serait cependant surprenant de faire inventaire des gadgets électroniques, des voyages et des objets de luxe achetés par ces hauts salariés, ceci étant presque des dépenses à 100% effectuées pour des produits importés. Une fois que les marchands ont retirés leurs profits, ces ventes ne se traduisent pas nécessairement en retombées économiques régionales mais plutôt en déficit commercial pour les comptes économiques du Québec.
Parlons du 2e angle, celui du présent que nous associons au projet de réfection heureusement avorté. Monsieur Beaudoin, tout comme Hydro-Québec, depuis août 2008, parlent de la réfection avec un 200 M$ en retombées économiques régionales découlant de la réfection. Jamais on se demande d’où vient ce 200 M$ et quelle est sa proportion dans un budget global.
Ce 200 M$ représente un faible 10,5% à l’intérieur d’un budget annoncé en août 2008 de 1,9 G$. Nous savons maintenant qu’il s’est écoulé 4,5 ans entre août 2008 et décembre 2012 alors que la réfection était en cours. Hydro-Québec a révélé qu’environ 1,0 milliard a été dépensé pour la réfection de G-2 au cours de ces 4,5 ans, soit 50% du budget d’août 2008.
En termes de retombées économiques régionales, combien de millions par année ont été dépensés par le projet de réfection de G-2 ? réponse: (200 M$ X 50%) divisé par 4,5 ans = 22 M$ par année. Ce 22 M$ se partage encore en 5 M$ pour la région immédiate de Bécancour, Rive-Sud, et 17 M$ pour le grand Trois-Rivières, soit la Rive-Nord.
Là ne se termine pas les considérations régionales de retombées économiques du projet-mirage de réfection de G-2. Qu’arrive-t-il au 90 % résiduel du 1,9G$ ? Hydro-Québec a publié à plusieurs reprises que seulement 600 M$ du 1,9G$ restait au Québec, incluant le 200M$ mentionné au paragraphe précédent. Cela représente environ 30 % de RER pour tout le Québec. Mais, qu’arrive-t-il au complément de 30%, soit 70% ? Non mais quand même, où s’en va ce bel argent de 1300 M$ ? réponse: ça s’en va «hors Québec». Trois-Rivières n’est pas «hors Québec».
Quant au 3e angle de notre coup d’oeil, l’après réfection de G-2: avec un budget révisé à 4,0 G$, on aurait produit le kWh de G-2 à environ 15,0 ¢/kWh ($2012) devant revendre ce kWh à perte. Mais les pro-nucléaires sont-ils conscients de leurs exigences de ponction de milliards $ pour leur bien-être, sans se soucier de la rentabilité. En absence de rentabilité, un commerce, une entreprise ferment. Les Chambres de commerce savent que la règle de la rentabilité est incontournable devant un banquier.
Avec des députés de l’opposition, des maires engoncés dans un parti-pris, journalistes inclus, tous indifférents envers une analyse objective de la situation, comment faire la lumière sans mettre de côté les intérêts personnels ?
Le journaliste Beaudoin, après avoir désinformé ses lecteurs, arrive avec une conclusion doucereuse, je cite: «Il reste quand même une base économique valable sur laquelle s’appuyer... de bonnes volontés.» En clair, la catastrophe annoncée ne se produira pas. Le journaliste a noirci du papier pour sa paye, triste sire !


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2 commentaires

  • Serge Jean Répondre

    19 février 2013

    1: Cette centrale n'aurait jamais due être construite
    2: Une centrale nucléaire au final, consomme beaucoup plus d' énergie et de richesses pour son seul entretien qu'elle en produit.
    3: Un être humain « NORMAL » doit se nourrir,(agriculture) se loger ( bois, forêt ) et se vêtir ( agriculture cotton, laine, lin, et cetera ). Une centrale nucléaire ne fournit rien de tout ça, même pas indirectement, ou si peu, puisqu'il est facilement démontrable que cette sorte d'industrie, ne produit au final qu'une très petite quantité d'énergie réellement disponible en comparaison de l'énergie externe sollicitée pour soutenir ce gros mélanome cancéreux industriel dans le paysage.
    4:La supposée richesse en retombée économique n'est pas autre chose que de la fission économique créant de l'inflation au carré des chambres de commerces impliquées.
    5: Une centrale nucléaire c'est l'affaire de tous, frontières ou pas, puisque tous, à l'orient comme à l'occident,au midi et au septentrion, tous sont menacés par cette cochonnerie issue de la science des débiles mentaux qui n'ont pas eu assez d'intelligence de faire passer les intérêts de la VIE sur terre avant les brevets et les prix nobel scandaleux.
    6: Dans tout le discours nucléaire à marde, jamais, jamais, jamais, les diciples malades de cette sorte d'économie débile je le réécris, jamais ils n'évoquent le côté santé publique de la chose, c'est toujours le côté santé économique, l'argent et l'argent qui passe avant tout autre forme de considération. Il y a là une énorme tare de jugement que franchement il faut bien en conclure que l'on a affaire à des fous! Je le crois sincèrement.
    Serge Jean

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    19 février 2013

    Merci pour ce décodage qui nous montre la duplicité de la médiacratie provincial.
    JCPomerleau