De la soi-disant division des indépendantistes

"le Parti Québécois a été au bout de sa logique _ attentiste et autonomiste"

Plusieurs militants, députés et stratèges péquistes, dont Jean-François Lisée, parlent de la création d’un nouveau mouvement indépendantiste comme représentant une énième division entre indépendantistes. Selon ce spin, relayé par plusieurs médias d’allégeance fédéraliste, hors du PQ, point de salut. Dans les faits, ce ne sont pas les indépendantistes qui se divisent, mais plutôt les nationalistes.
Cette analyse est celle du politologue Denis Monière, signataire du manifeste du Nouveau Mouvement pour le Québec, qui expliquait en début de semaine à Radio-Canada de quelle manière le Parti Québécois est devenu un parti autonomiste, s’accommodant du fédéralisme canadien et cherchant à obtenir des pouvoirs fédéraux plutôt que de bâtir un nouveau pays, notamment par l’écriture d’une constitution.
Je suis tout à fait d’accord avec cette analyse. Ce ne sont pas les indépendantistes qui se divisent, mais plutôt les nationalistes, entre d’un côté ceux qui s’accommodent du Canada et jouent la carte autonomiste et ceux qui ont décidé de faire face à l’échec de quarante ans d’étapisme péquiste n’ayant conduit qu’à la stagnation du mouvement et à la corruption des idéaux du parti par des carriéristes n’ayant comme objectif et finalité que de gérer une province.
Faire face à la réalité
De nombreux péquistes ont peur de faire face à cette réalité: la stratégie péquiste a échoué. Les vieux discours du genre « on a besoin du pouvoir pour préparer un référendum » ne convainquent plus personne. On a vu le PQ au pouvoir, et on a vu le PQ se mettre à genoux devant Péladeau pour une poignée de votes à Québec dans le dossier de l’amphithéâtre. On a aussi vu que le PQ, après plus de quarante ans d’existence, n’a toujours pas écrit de constitution d’un Québec indépendant. De la même manière, il nous faut avoir l’honnêteté de reconnaître que le dernier geste important en faveur de notre langue nationale, ce dernier geste d’État, a été accompli en 1977, alors que l’auteur de ces lignes n’était même pas né.
La première étape pour faire face à une situation difficile, c’est la reconnaissance de cette situation. On peut tout à fait comprendre la douleur, en particulier pour des baby-boomers ayant connu le Parti Québécois des années soixante-dix, de reconnaître que le Parti Québécois a été au bout de sa logique attentiste et autonomiste. On préfère s’attacher à ses vestiges et couler avec le bateau que de reconnaître qu’il n’y a plus rien à tirer de ce parti. Alors on s’en remet sur les vaines attaques des tentatives de division, du contrôle des médias, de l’acharnement contre Marois… On refuse de faire face à la réalité.
Peu importe la forme que prendra le nouveau mouvement, il ne pourra réussir que si les derniers indépendantistes au PQ le joigne et participent à la construction d’un nouvel État, ce qui implique de se départir de la pensée magique de molle de la construction graduelle d’un pays sans heurt et sans douleur. Créer un pays constitue un geste de rupture. C’est autant radical que nécessaire. Comme toute femme accouche dans la douleur, le pays ne peut naître sans confrontation et gestes d’affirmation.
On ne peut pas accepter, collectivement, de se laisser dicter les règles du jeu par le gouvernement canadien ou qui que ce soit. Un parti politique qui veut l’indépendance du Québec doit refuser de gouverner une province. Il doit déclarer qu’au jour UN de son élection il gouvernera un pays, qu’il rapatriera les impôts, qu’il fermera les bases militaires canadiennes, qu’il constituera sa propre monnaie, qu’il appliquera une nouvelle constitution d’un État indépendant.
C’est cela, se tenir debout. C’est radical ET nécessaire.
De plus en plus d’indépendantiste réalisent que le PQ les a entraînés dans un cul-de-sac. Certains se demandent même si le PQ n’aurait pas été infiltré tellement il a réussi à tuer le mouvement.
Il est plus que temps de tuer la bête puante de l’opportunisme politique et de l’autonomisme afin de bâtir un nouveau mouvement ayant comme seule et ultime finalité la création d’un État québécois pleinement indépendant et seul rempart contre l’assimilation des francophones sur ce continent.


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