L'histoire de Marc Magendie

Corruption systémique

Nous devons combattre le monstre avant qu’il nous dévore

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Chronique de Marc Huber


En apprenant l’élection de la Coalition avenir Québec (CAQ) le premier octobre dernier, j’ai eu l’impression de sortir d’un interminable tunnel de corruption systémique qui a multiplié les horreurs dans l’espace public. Presque 15 années a être encerclé par des macchabées canadian, des coupeurs de langue, des tortionnaires de nationalistes populistes, des dévoreurs de cerveaux et des suceurs d’argent. C’est fini. Nous pouvons maintenant ramasser les déchets de l’interminable Halloween du Parti libéral du Québec (PLQ) et attendre les prochains camions de vidange.


Si on se fie aux expériences que Marc Magendie a vécues dans le tunnel, la corvée sera exigeante. Marc Magendie est un lanceur d’alarme. Comme pour d’autres, cette activité ne se fait pas sans heurts. En juillet 2010, le cabinet d’Yves Bolduc, le ministre de la Santé du PLQ à l’époque, a «déposé une plainte à la Sûreté du Québec (SQ)» contre Marc Magendie, en prenant bien soin de l’associer, entre autres, à un «individu instable» qui «aime revendiquer». Ni plus ni moins une tentative d’intimidation qui suivit l’envoi d’un courriel à Bolduc dans lequel se retrouvait la  copie d’une lettre envoyée quelques jours auparavant au premier ministre du Québec de l’époque, «John James Charest». Rien d’inquiétant. Seulement quelques mots pour connaître son opinion sur le fait que «beaucoup d’organismes d’hébergements dilapident les fonds gouvernementaux et contreviennent aux lois du Conseil du trésor», pour l’équivalent de «73 M $», selon le Rapport du vérificateur général (2008-09)».  Autre temps, autre dossier. Le 13 octobre 2011, après  une rencontre avec un représentant du service de police de la ville de Montréal (SPVM), la maison de Magendie est perquisitionnée lors de son absence. On l’informe par téléphone que les policiers cherchent une arme à feu et menacent de défoncer les murs de sa résidence. Bref, le genre de situation qui amène Marc  Magendie à affirmer que le PLQ a utilisé la SQ et la SPVM pour l’intimider [1].


J’ai pris connaissance de ces informations en regardant La sûreté de sa personne du 9 octobre animée par Pete Daoust. Cette vidéo tentait d’éclaircir des propos de Magendie tenus dans Revenu Québec – Corruption hors de contrôle du 26 septembre où se retrouvaient André Pitre et Ken Pereira, ce célèbre lanceur d’alarme qui fut sous les phares de la Commission Charbonneau. Un histoire de fraude fiscale de «85 à 100 M $ par année» qui touche la construction, soutenue par environ 1500 pages que Magendie a pris plus d’un an à compiler. Une brique de papier en trois exemplaires.  Une pour Magendie, alors que les deux autres ont été données à Revenu Québec et Revenu Canada[2].


Corruption à Revenu Québec ?


Entre octobre 2012 et décembre 2014, Marc Magendie a rencontré à 25 reprises une vérificatrice de Revenu Canada. Du côté de Revenu Québec, il fut confronté à de la fermeture et de l’incompétence. Cela l’harasse au point d’enregistrer une plainte contre le chef de service de la Direction générale des entreprises de Revenu Québec, un fonctionnaire qu’il dit «blasé, arrogant et agressif». Ce même foutu employé qui a eu en sa possession le volumineux dossier, avant qu’il disparaisse des filières de Revenu Québec.


Malgré cela, Revenu Québec a ouvert une enquête. Pour conséquence, Revenu Canada ne peut agir dans ce dossier. La raison est un protocole signé par le Canada et le Québec sous le gouvernement de Stephen Harper, servant à éviter les dédoublements. Pour empêcher Revenu Québec d'étouffer le dossier,  en 2014 Marc Magendie s’est adressé au Département des fraudes de la Gendarmerie Royale du Canada (GRC). Trois enquêteurs de la GRC ont œuvré durant 4 mois sur le dossier, avant de se retirer. Protocole oblige, les agents ne peuvent aller plus loin sans avoir le feu vert de Revenu Canada, tributaire du travail de Revenu Québec. De même pour la SQ, elle ne peut enquêter sans l’autorisation de Revenu Québec.


Après six ans d’enquête, sans le moindre résultat, une intervention du gouvernement provincial pourrait-elle accélérer le processus?


Le 30 septembre 2018, Pascal Bergeron du journal Le Peuple a répondu à la question dans «Un citoyen essaie de dénoncer une fraude majeure». Son texte nous informe que Jacques Bouchard, le secrétaire de l'Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l'Aide aux Citoyens (ATTAC) a écrit au «ministre des Finances du Québec, Carlos Leitão, en juillet 2018» pour l’informer que «la dénonciation de M. Magendie pointe vers des «éléments de blanchiment d'argent» qui devraient être examinés par Revenu Québec. Entre autres, M. Magendie relate le cas d'un «gérant de chantier qui s'est procuré 11 maisons de luxe et chalets, 5 terrains, 2 bateaux, 4 véhicules de luxe et qui s'offre des vacances dans le Sud 3 à 4 fois par année. Mais voilà, son salaire brut déclaré est de... 87 195 $». Il ajoute que «compte tenu des informations révélées dans le cadre des travaux de la commission Charbonneau, il nous apparaît que l'Agence du Revenu du Québec aurait dû tenir une enquête rapide et sérieuse de cette dénonciation, ce qui ne semble pas être le cas», déplore M. Bouchard. «Nous souhaitons que vous nous assuriez d'un maximum de transparence dans ce dossier», implore-t-il. Samuel Murray, le conseillé politique du ministre Leitão, s’est contenté de répondre que «l'enquête suivait son cours et selon lequel rien ne pouvait être divulgué au nom de la confidentialité». Ainsi, Carlos Leitão devait attendre la conclusion du travail de Revenu Québec.


Vraiment! Avant le premier octobre, Cédric Lavoie, le conseiller politique de François Legault, affirmait que le ministre Leitão possède l’autorité pour intervenir auprès de Revenu Québec pour débloquer le dossier [3]. Ainsi, cette tendance à laisser le monstre de la corruption systémique dévorer le trésor public n’est pas une inévitable fatalité qui est imposée aux gouvernements québécois. Il s’agit seulement d’une façon de gérer les finances publiques propre au PLQ qui nous impose cette question: Pourquoi?


Il faut bouger


L’Halloween est derrière nous. Par contre, ce n’est pas parce que nous avons quitté le tunnel que les horreurs cessent comme par magie. Pour combattre la corruption systémique, nous devons bouger. Cela implique des réactions efficaces et organisées pour répondre aux groupes et associations qui frayent avec les monstres. Qui? Marc Magendie a informé de nombreux journalistes de cette fraude fiscale. Aucune réaction. Ce fut le calme plat en réponse à une tempête, si nous faisons exception de deux entrevues avec Vallier Roy diffusées à la CJDM 96,9 FM, la radio communautaire de Levis, des deux vidéos du Stu-Dio d’André Pitre, l’«extrémiste de droite» favori de la Société Radio Canada et du texte du journaliste Pascal Bergeron. Magendie a aussi communiqué avec les quatre principaux partis politiques avant que nous sortions du tunnel. La réaction de Québec solidaire (QS) fut décevante et celle du PLQ digne de sa réputation.


Il y a quelques jours, Marc Magendie a fait parvenir une lettre à Éric Girard, le ministre des Finances, Sonia Lebel, la ministre de la Justice et des Relations intergouvernementales, Pierre Fitzgibbon, le ministre de l’Économie, Geneviève Guilbault, la vice-première Ministre du Québec et ministre de la Sécurité Publique, Christian Dubé, le président du Conseil du Trésor et François Legault, le premier ministre du Québec, afin de débloquer le dossier. Vous aimeriez faire votre part? Regardez les vidéos. Lisez le texte de Pascal Bergeron et consultez ses annexes. Vous y retrouvez plusieurs noms que j’ai omis de citer. Écrivez... Cette activité simple et saine qui nous permet de  lutter contre la corruption systémique, afin que les monstres cessent de nous hanter, est inévitable si nous désirons accéder à une souveraineté nationale sans devoir plier devant des campagnes de peurs et des menaces. 




Références




  1. ^ La sûreté de sa personne – Marc Magendie. Les informations se regroupent à partir de 1 h 21 m 37 s.

  2. ^ Revenu Québec – Corruption hors de contrôle.

  3. ^ BERGERON, Pascal, Un citoyen essaie de dénoncer une fraude majeure.




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