Arabie: Ottawa inquiet de la possible utilisation de matériel canadien dans la répression

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Il aurait fallu y penser plus tôt





OTTAWA | Le Canada a exprimé sa «vive préoccupation» sur la possible utilisation par l’Arabie saoudite de véhicules blindés légers de fabrication canadienne dans des opérations de répression dans l’est du pays et indiqué avoir fait part de son «inquiétude» aux autorités saoudiennes.


«Nous prenons très au sérieux ces allégations (...) et nous allons faire un suivi immédiat», a déclaré samedi le Premier ministre Justin Trudeau, lors d’un déplacement dans le centre du pays.


Il était interrogé sur la publication par le quotidien The Globe and Mail d’informations selon lesquelles des véhicules blindés légers vendus par le Canada à l’Arabie saoudite auraient été utilisés contre des civils chiites dans une vaste opération, qui aurait fait des victimes, dans la région de la ville d’Awamiya, dans l’est du pays.


Le Globe and Mail indiquait avoir fait confirmer par des experts que des véhicules apparaissant sur des photos et des vidéos de l’opération menée par les forces de sécurité saoudiennes étaient bien des «Gurkha RPVs», fabriqués au Canada, par Terradyne Armored Vehicles.


La ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland avait exprimé un peu plus tôt sa «vive préoccupation». «S’il s’avère que des exportations canadiennes ont été utilisées pour commettre de graves violations des droits de l’Homme, la ministre prendra les mesures qui s’imposent» a déclaré un de ses porte-parole, M. John Babcock.


«Le gouvernement tente d’obtenir plus d’information sur les efforts déployés actuellement par l’Arabie saoudite pour faire face à ses questions de sécurité» ainsi que sur les informations «indiquant que des civils ont perdu la vie et que des véhicules faits au Canada ont été utilisés par l’Arabie saoudite dans ces opérations de sécurité. Le Canada étudiera toute l’information à sa disposition pour déterminer les mesures à prendre», a précisé le porte-parole dans un message électronique.


«Le gouvernement a exprimé son inquiétude au Royaume d’Arabie saoudite afin que ses opérations de sécurité interne soient menées d’une manière conforme au droit international entourant les droits de la personne», a-t-il indiqué.


Le contrat controversé de vente de ces véhicules d’un montant de quelque 13 milliards de dollars américains avait été conclu sous le précédent gouvernement conservateur.


Le gouvernement libéral de M. Trudeau a dû défendre à plusieurs reprises ce contrat face aux critiques des défenseurs des droits de l’Homme. Et le prédécesseur de Mme Freeland aux Affaires étrangères, Stéphane Dion, avait affirmé en avril 2016 que le gouvernement suspendrait ou révoquerait la licence d’exportation de ce matériel, si des «informations crédibles» faisaient état de son utilisation «à mauvais escient».


La réglementation canadienne sur les ventes de matériel à usage militaire prévoit des restrictions dans le cas de violations des droits de l’Homme des citoyens du pays destinataire de ces matériels et prohibe leur utilisation contre des civils.


«Nous avons des contrats dans lesquels les gens s’engagent à respecter les lois canadiennes, les termes du contrat et les valeurs canadiennes et on s’attend à ce que ces contrats soient respectés», a déclaré M. Trudeau lors d’un bref point de presse retransmis par Radio Canada.


Un peu plus tôt cette semaine, le Canada s’était dit «préoccupé par l’escalade de la violence dans l’est de l’Arabie saoudite, qui s’est soldée par des pertes civiles et au sein des forces de sécurité».




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